Les marchés ne réagissent plus à rien… et même pas à l’épée de Damoclès que représente le taux de défaut sur les prêts automobiles.
Les retards ou cessation de remboursement atteignent ou dépassent les pires niveaux post-crise observés au milieu de l’année 2009 (à plus de 3% de défaut) quand les licenciements explosaient et que le taux de chômage galopait. Étrange situation pour un pays prétendument revenu au « plein emploi » et où les jobs se multiplient comme des petits pains.
Et pour nous montrer encore plus concrets, le constructeur Ford a annoncé jeudi que son encours de prêts accordés aux acheteurs de ses véhicules avait dépassé 250 Mds$ en mars 2017. Dit comme ça, le chiffre semble astronomique mais cela ne vous permet pas de bien saisir le côté dramatique du tableau. Alors sachez que le chiffre d’affaire du groupe Ford (et de toutes ses marques, tous ses modèles, y compris les utilitaires) est de 151 Mds$ !
L’encours des prêts avoisine plus de 1,6 fois le chiffre d’affaires, et 3% de taux de défaut sur 255 Mds$, cela représente une perte potentielle de 7,5 Mds$ qui se compare à un bénéfice de 4,6 Mds$ en 2016, après +7,4 Mds$ en 2015.
L’anesthésie des marchés par la morphine monétaire se confirme : absence de réaction au projet fiscal inapplicable de D. Trump, absence de réaction à l’enterrement du plan de relance par les dépenses d’infrastructure, absence de réaction au risque de shutdown (coupure des financements) de l’administration US piteusement repoussé d’une semaine (au 5 mai)… mais il ne s’agit que de « potentialités » qui ne verront pas le jour.
Alors que le taux de défaut sur les prêts automobiles, c’est du concret. Mais cela n’éveille pas non plus la moindre étincelle d’inquiétude chez les investisseurs.