Tous les jours, et dès 16h00 au 0899 88 20 36* Philippe Béchade analyse pour vous les marchés, les rumeurs qui animent les salles de trading, et vous propose SA stratégie pour profiter ou contrer les mouvements boursiers.
Les vieux réflexes ont la vie dure ! Une petite injection d’élixir de crise grecque et les vendeurs à découvert ont repris leurs attaques contre les valeurs financières, déclenchant une fuite éperdue des investisseurs frileux vers la sécurité prétendument offerte par les Bunds allemands.
Elections présidentielles : le président de la République vous dira-t-il la vérité sur l’état de faillite de la France et les conséquences pour votre vie quotidienne ?
Notre spécialiste s’est plongée dans les finances françaises… et ce n’est pas rassurant ! Découvrez notre analyse – ainsi que nos solutions – avant qu’il ne soit trop tard …
◊ Les marchés parient sur la fin de l’eurozone
L’emploi de l’adverbe « prétendument » découle d’une série de constats :
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le premier, c’est que le Bund ne protège pas de l’inflation. Avec un rendement de 1,5% (nouveau « anti-record » absolu pour un support obligataire libellé en euro), le 5 ans rapporte moins de 1% alors que la hausse des prix réelle est en fait trois fois plus élevée en Allemagne et dans la plupart des pays européens ;
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le second constat, c’est que pour ne pas subir de perte en capital sur les Bunds allemands, il faut faire le pari que les mauvaises nouvelles vont s’enchaîner à flux continu sur fond de stress au sujet du risque de dislocation de la zone euro. C’est précisément le genre de scénario que tous les dirigeants européens vont s’efforcer d’écarter, comme le démontre une série de rencontres et d’entretiens téléphoniques programmés en urgence avec le nouveau président de la République – avant même son investiture officielle le 15 mai prochain et la formation de son gouvernement.
En d’autres termes, continuer d’acheter du Bund, c’est parier sur l’échec des élites européennes. C’est aussi miser sur une apocalypse systémique orchestrée par une « finance sans visage » (nihiliste et suicidaire) qui obtiendrait ainsi l’effondrement du système capitaliste prédit par les détracteurs de l’ultralibéralisme ;
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troisième observation : l’Allemagne ne se situe pas en orbite à l’abri autour de la Terre, et elle n’est pas non plus l’îlot de prospérité dont beaucoup d’admirateurs un peu trop béats font l’apologie. Le taux de pauvreté a explosé en 8 ans ; la consommation des ménages est en chute libre et, sans les exportations vers ses partenaires de l’Eurozone, les excédents commerciaux vont fondre rapidement et la masse des mauvaises créances détenues sur les pays débiteurs vont exploser.
Comment l’Allemagne fera-t-elle face à un effet de ciseaux combinant chute de la demande extérieure et poursuite de la contraction de la demande intérieure ?
◊ Mais le Bund ne les protège de rien !
Le cas de Bunds est caricatural. C’est la parfaite illustration du principe selon lequel la peur n’éloigne pas le danger. Le même réflexe joue également en faveur des actions germaniques avec un phénomène de vases communicants qui s’exerce au détriment des actions cotées sur les places du sud de l’Europe.
Là encore, la contradiction comportementale des gérants est confondante : ils nagent en plein mirage. L’illusion du découplage de l’économie allemande par rapport à ses concurrentes qui sombrent dans la récession (et cela vaut également pour l’Angleterre), et de l’Allemagne qui applique à la lettre les préceptes martelés depuis l’an 2000 par la BCE ne résiste pas plus de quelques minutes à un examen critique.
Acheter systématiquement du Bund ou des actions allemandes, c’est comme se cacher derrière la portière de sa voiture pour se protéger d’une fusillade. C’est un réflexe instinctif mais il n’y a que dans les films que la frêle carrosserie d’un véhicule arrête les balles, même de petit calibre ! C’est juste un peu plus efficace qu’un journal économique plié en quatre – mais juste un peu moins qu’un bottin téléphonique.
Alors, quelle protection peut bien offrir un portefeuille d’actions allemandes qui gagne encore +10% depuis le 1er janvier ?
◊ La Bourse allemande largement en tête… mais de quoi ?
Pour rappel, l’équivalent espagnol perd plus de 20% en quatre mois. L’écart de croissance entre les deux pays ne dépasse pas (officiellement) les 3% : légère récession attendue en Espagne au 1er semestre 2012, et croissance de 1,5% (en étant optimiste) outre-Rhin. L’écart de profitabilité réelle des actions s’amenuise encore en tenant compte de la part des résultats réalisés hors des frontières par les entreprises des deux pays – hors valeurs bancaires.
Autrement dit, les marchés se veulent parfaitement rationnels (fuir le risque perçu). Sauf que… ils appliquent les mêmes stratégies de façon tellement systématique qu’ils en deviennent parfaitement inefficients. Les exportatrices espagnoles sont totalement bradées par rapport à leurs équivalentes germaniques. Et plus les unes deviennent chères, plus elles sont ramassées… plus les autres baissent, plus elles sont laminées par des programmes d’arbitrage qui se veulent pourtant parfaitement logiques.
C’est au nom de la même « logique » que la valeur des subprime progressa de façon disproportionnée de 2005 à 2007, au détriment des Bunds, lesquels prennent aujourd’hui une revanche qui devient par trop éclatante… Tout va mal (structurellement) en Europe depuis trois ans ; aucune solution n’émerge pour rétablir la compétitivité des pays du sud dans un contexte d’euro fort. Or justement, seule l’Allemagne s’accommode d’une devise surévaluée qui incite les spéculateurs à parier sur une scission de l’Eurozone entre « Euromark » et « Eurosud ».
L’achat systématique d’actifs pouvant un jour être libellé en « Euromark » explique pour une grande part l’irrésistible attraction exercée par la Bourse de Francfort, laquelle surperforme Paris de 10% sur les douze derniers mois et Madrid de… +45%.
◊ Jusqu’à quand ?
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Le DAX 30 sous-performe l’ensemble des places européennes depuis le début du mois de mai. L’indice s’est enfoncé sous sa moyenne mobile à 100 jours et à 100 semaines qui gravitent vers 6 580 points puis sous le support des 6 520 points du 23 avril dernier.
Gare à la cassure des 6 450 points (support oblique long terme) qui validerait techniquement une « tête-épaule » baissière de séquence 6 950/7 150/6 875 points. Francfort risquerait alors d’effacer dans la foulée la totalité de ses gains annuels en cas de glissade vers 5 898 points.
*1,35 euro par appel + 0,34 euro / minute.
Depuis la Belgique : composez le 09 02 33110, chaque appel vous sera facturé 0,75 euro / minute.
Depuis la Suisse : composez le 0901 801 889, chaque appel vous sera facturé 2 CHF / minute.
4 commentaires
[…] parution dans le Billet du Trader le 11/05/2012. AKPC_IDS += […]
Pourquoi acheter du Bund si cela ne couvre pas l’inflation?
c’est bien que ces investisseurs on fait un double choix:
Non seulement ils misent sur un éclatement à terme de la zone euro mais également sur la déflation!
La déflation est le maitre mot de ce choix.
hollandreou nous sauvera tous alors pas de panique !
Le nouveau président de la République Française, François Hollande, vient de lacher une bombe qui sonne comme un copié collé de Georges Papandreou en 2009. http://www.facebook.com/pages/Hollandreou-Le-Vrai-Fran%C3%A7ois-Hollande/456557897694813
[…] Nous évoquions la semaine passée le réflexe sécuritaire consistant à se réfugier sur le Bund et sur tout actif portant le label “Euro-Mark”. Nous rappelions également que, paradoxalement, l’Allemagne ne gravitait pas en orbite au-dessus de l’Europe totalement à l’écart des convulsions économiques qui agitent l’Eurozone. Non, l’Allemagne n’est pas plus à l’abri de la récession qu’Angela Merkel n’est à l’abri d’une lourde défaite électorale dans la région la plus peuplée et la plus industrialisée du pays. […]