Personne ne saurait le contredire, LVMH (FR0000121014 – MC) est un véritable colosse, première société du CAC40 de par son poids (10%), devançant assez nettement l’Oréal et Total sur le podium, et dont la capitalisation boursière dépasse les 163 Mds€ ( ! ).
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Mais un colosse aux pieds d’argile. En fait un poids plume capable de se faire « balader » comme un fétu de paille face à la tornade que peuvent déclencher les banques d’investissement ou autres hedge funds.
C’est ce qui s’est passé lundi dernier. À l’ouverture de la Bourse de Paris, LVMH a perdu presque 9% de 163 Mds€, soit 14 Mds€ partis en fumée.
Le groupe s’est empressé de rassurer ses actionnaires : tout cela n’est qu’une erreur fortuite nous dit-on. En l’occurrence celle d’un « fat finger », c’est-à-dire un trader, sans doute pas très bien réveillé à cette heure matinale; qui aurait raté quelques touches sur son clavier en passant un ordre de vente un peu trop conséquent. Et envoyé notre fleuron national au fond du trou.
On est en droit de se demander qui a les doigts assez gros pour dessouder quasi instantanément une valeur qui pèse 163 Mds€. Des explications, voire même des excuses, seraient les bienvenues, ainsi qu’une petite tape sur la main de la part de notre gendarme de la Bourse (l’AMF) pour cette bourde fortuite qu’un élève de CP un tant soit peu attentif ne commettrait pas.
Autopsie d’un flash crash : 3 secondes suffisent
Suite à ce constat, je souhaite vous exposer quelques faits semant le doute sur ce « gros doigt » dont je me demande si on n’essayerait pas plutôt de nous le mettre dans l’œil afin de camoufler des vérités déplaisantes à entendre.
Voilà l’histoire. Attention, ça va vite : l’unité de temps est ici la seconde (chaque bougie dure une seconde) et tout cela se passe en 3 temps.
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La première bougie d’une seconde montre que la valeur passe de 310 € à 305 €. Soit 1,6% de baisse. Jusque-là , RAS – Nous restons dans une configuration « standard » et où un « fat finger » est effectivement possible.
La deuxième bougie, quant à elle, indique que LVMH est strictement stable, sans aucune trace de transaction particulière. S’il y a eu un « fat finger », les transactions ont été absorbées par le carnet d’ordre.
C’est à la troisième bougie que l’attaque baissière démarre réellement – faisant passer LVMH de 306 € à 286 €.
Rappelons qu’un « fat finger » est UN ordre de vente (ou d’achat) massif et démesuré venant percuter le carnet d’ordre en faisant tout sauter sur son passage.
L’impact se fait en une fois et dans ce cas nous devrions avoir une bougie baissière à l’image de celle qui est schématisée à droite par le rectangle vertical nommé « fat finger ».
Sauf que là – non.
Après l’accalmie de la deuxième seconde, il s’agit soit d’une récidive du « fat finger » (l’humain incriminé) qui décidément commence mal sa journée. Soit d’un algo qui prend le relai, venant mettre la pression à la baisse et déclencher toute une série d’ordres stop, jusqu’à épuisement, et fait remonter les cours aussi sec quelques instants après. Ni vu ni connu. Ou presque.
Donc, sauf à avoir accès au détail des transactions et donc remonter jusqu’à son ou ses émetteur(s), personne ne pourra en avoir le cœur net.
Des actionnaires en attente de réponses…
Mais face à ce genre « d’incident », on peut se poser quelques questions car si la thèse du seul « fat finger » est retenue, alors la question est de savoir pourquoi une entité financière de cette puissance n’est pas régulée ou tout du moins soumise à des systèmes de contrôle de passage d’ordre permettant d’éviter ce genre de « bourde ».
Et si le plongeon est dû entièrement ou en partie à un algo, comment et pourquoi de tels comportements ou de tels outils sont ils simplement autorisés sur nos marchés.
À noter que tous les acheteurs « humains » qui avaient des stops entre 310 et 285 € se sont fait « laver ». Ils ont donc subi une perte sans doute substantielle – avant de voir les cours repartir à la hausse, effacer l’erreur et clôturer la journée dans le vert.
Pour eux au moins, le minimum serait, suite à une enquête, de leur fournir une explication un peu plus précise de ce qui s’est réellement passé en lieu et place de quelques excuses plates et peu convaincantes.
Gilles
https://agorapub-labourseauquotidien.pf6001.wpserveur.net/une-erreur-matinale-sur-lvmh/
2 commentaires
Bonjour, voila une belle manupulation de marche, ou les petits porteurs se font lamines, comme d habitude, ou est l AMF? Une petite enquete a l arrache un coupable tout trouve seul devant sont ecran provocant ce flash crash, voila on tourne la page jusqu au prochain coup. Sinon comment se proteger contre c est flash crash parceque la les stops serve a rien. Excellent article, merci Gilles
Je n’y ai jamais cru non plus: je crois juste qu’un vendeur était pressé de se débarrasser de ses titres dans un marché vide. Il s’est d’ailleurs passé la même chose – toute proportion gardée – sur Kering au même moment ce qui invalide encore un peu plus la thèse du « fat finger » tant répétée sur la radiodubusiness ce jour là (dormez braves gens!). Ce qui pour moi reste stupéfiant est que:
La plus grosse capi du CAC 40 est baladée comme une small cap. On est en droit de se poser des questions sur la liquidité réelle quand ce genre de mastodonte est ainsi promenée…SURTOUT avec un volume peu important (765 877 titres échangés sur la journée!).
Par extension, on est donc suspicieux sur la solidité du dernier rally champignon du CAC, qui, finalement, semble évoluer entre les mains de quelques acteurs plutôt facétieux. Et une conclusion s’impose: on monte sur du vide, rapidement et sans rencontrer de contrepartie réelle (« solidité » de la hausse?)…les risques de retournement sont d’autant plus probables en cas de « contrariété ». La vérité demain avec les résultats…