Le mois d’avril se termine ce jeudi et tous les médias financiers ne cessent de le claironner : ce sera -si les scores boursiers se figent autour de leurs niveaux de vendredi- le mois le plus haussier depuis octobre 2011 pour le S&P500, le plus haussier de l’histoire pour le Russell2000 et le Nasdaq100.
Grâce en soit rendue au banques centrales qui tendent un filet de sécurité sur lequel les indices boursiers ont puissamment rebondi : de +31% pour le S&P500 et le Nasdaq100, de +40% pour le Russell2000.
L’argent factice et le Monde Virtuel ont remporté haut la main la manche du mois d’avril, mais au mois de mai, le Monde Réel pourrait à son tour l’emporter.
Ce qui jouerait en faveur de la hausse des marchés
1 -La BCE peut désormais tout acheter : des dettes « corporate » comme des dettes souveraines notées « high yield » ;
2 -La FED va peut-être expérimenter les taux négatifs (effet d’annonce à double tranchant mais la 1ère réaction sera positive puisque tous les « sherpas » de Wall Street auront pour instruction de « payer la nouvelle ») ;
3 -Le nombre de nouveaux cas et de victimes du Covid-19 plafonne aux Etats-Unis et en Europe, un pic épidémique pourrait avoir été atteint, les marchés respirent ;
4 -Steven Mnuchin continue d’évoquer un scénario de reprise vigoureuse de l’économie américaine cet été ;
5 -Les membres de l’UE feront état « d’avancées » sur un package de relance, un assouplissement des critères de recours au MES ainsi que sur une recherche de compromis sur les « coronabonds » ;
6 -Un plan de soutien au secteur pétrolier américain promis par Trump devrait être dévoilé ;
7 -De bonnes surprises sont possibles avec les trimestriels d’Amazon, Tesla et Boeing (soit moins pires que prévu… ou au contraire impliquant un renflouement dans le cadre d’un vote du Congrès).
Les vents contraires soufflant sur les marchés
1 -La lenteur des européens à s’accorder sur un plan de soutien (ce sujet est ambivalent, entre espoirs et déceptions à 24H d’intervalle)
2 -Anarchie dans le processus de déconfinement aux Etats-Unis, des « ratés » se multiplient et en Europe, l’indiscipline sanitaire engendre de nouveau « lockdowns« .
3 -Le pétrole replonge sous 10$ malgré un plan de soutien américain : on peut imprimer de l’argent, pas des cuves et des tankers vides ;
4 -Les entreprises publient des trimestriels pas trop « horribles », mais les perspectives le sont : les dividendes sont taillées à la hache, la visibilité est nulle pour les 9 à 12 prochains mois, la reprise incertaine ;
5 -Trump, aux abois, multiplie les déclarations lunaires faisant douter de sa lucidité et de sa capacité à gérer le pays : un nouveau foyer d’incertitude, politique cette fois, apparaît. Qui pour suppléer un Donald Trump perdant la confiance de son parti ? Mike Pence aurait-il la moindre chance face à Joe Biden ?
6 -Les dettes des pays émergents producteurs de matières premières commencent à dégringoler, un nouveau risque systémique apparaît ;
7 -Les gérants ont beau faire une confiance presque aveugle aux banques centrales, ce n’est pas le cas des clients finaux qui n’ont pas envie de payer un S&P500 et un Nasdaq à respectivement 19 fois et 38 fois les bénéfices.
Mon sentiment : passé un coup de chapeau au projet d’instauration de taux négatifs par la FED, cette initiative sera interprétée comme un mauvais signal, une initiative « à la désespéré », dicté par une vision court-termiste et sans visibilité sur ses effets potentiellement néfastes à long terme.
Les fondements de Wall Street se déroberont définitivement si le déficit est rémunéré et la saine gestion pénalisée.
Un marché intégralement entre les mains d’un acteur unique et omnipotent… mais pas infaillible -les crises de 1998, 2001/2002, puis 2008/2009 en apportent la démonstration- ce n’est plus un « marché », c’est l’avènement d’une « parodie de capitalisme » (Wall Street fait mine d’apprécier le genre, jusqu’à un certain point).
Et le monde occidental basculerait dans une économie administrée… à la chinoise !