Tous les jours, et dès 16h00 au 0899 88 20 36* Philippe Béchade analyse pour vous les marchés, les rumeurs qui animent les salles de trading, et vous propose SA stratégie pour profiter ou contrer les mouvements boursiers.
Wall Street teste ses meilleurs niveaux de l’année ou améliore ses records à la marge. En cette période d’habillage des bilans de fin d’année, rien que de très classique…
Mais il faut tout de même souligner que le franchissement des 2 600 points du Nasdaq Composite, le 7 décembre, résultait d’abord de l’annonce du prolongement des réductions fiscales accordées par l’administration Bush aux citoyens les plus riches détenant des portefeuilles de valeurs mobilières.
Ils vont donc continuer de ne payer que 15% sur les dividendes et les plus-values quand leurs revenus salariés sont taxés jusqu’à 35% et ceux des entreprises — que possèdent certains d’entre eux — jusqu’à 38%.
◊ Une folle mécanique totalement suicidaire…
Et comme par hasard, si le niveau moyen des salaires recule aux Etats-Unis depuis 2007, si le chômage de longue durée explose, les actions et les obligations enregistrent symétriquement une hausse verticale depuis deux ans. Ce n’est donc pas la conjoncture florissante — elle ne l’est pas, c’est une évidence — qui soutient les cours mais bel et bien l’abondance des liquidités ainsi que les largesses du Trésor alors que les déficits explosent.
Et il a fallu que le contribuable américain, qui vit dans une précarité sans équivalent depuis trois générations (et notamment celle des années 30), apporte sa garantie aux 2 000Mds$ émis par la Fed depuis l’été 2008, ainsi qu’aux 750Mds$ du TARP. Et ce n’est pas fini puisque Ben Bernanke déclarait ce week-end que le QE 2 pourrait être étendu tant en volume qu’en durée.
C’est le seul moyen d’éviter l’effondrement du marché obligataire. Les investisseurs doivent continuer d’espérer que la valeur nominale des T-Bonds progressera plus rapidement que le dollar ne chute, du fait de la multiplication sans limite des unités de devise en circulation.
Le rendement des T-Bonds ne peut continuer indéfiniment de tendre vers zéro tandis que les liquidités créées ex-nihilo tendraient vers l’infini. C’est une folle mécanique, totalement suicidaire et le seul exemple récent d’une telle fuite en avant, nous le trouvons au Zimbabwe (un désastre !).
Chaque jour qui passe nous rapproche du moment où l’équilibrage de l’équation taux/liquidités ne sera plus réalisable. Nul ne connaît précisément la limite physique du gonflement d’une bulle obligataire résultant du recours à la planche à billets mais le brusque regain de tension des taux du 7 décembre a constitué une première alerte — le « 10 ans » a pris 25 points de base à 3,17%.
◊ …et une belle politique de l’autruche
La réaction de Wall Street n’a pas été spectaculaire, les investisseurs ont continué de regarder ailleurs, de faire comme si de rien n’était… la force de l’habitude probablement. De nombreux stratèges haussiers continuent de prédire des taux de progression à deux chiffres pour les indices boursiers en 2011.
L’un des mieux-disants étant l’économiste en chef de Goldman Sachs, David Kostin qui anticipe une hausse de 22% du S&P 500 au cours des douze prochains mois (objectif 1 450 points). A aucun moment il ne mentionne l’influence positive d’une meilleure conjoncture aux Etats-Unis (emploi, consommation) d’ici à 2013 ou 2014, seul compte l’abondance des liquidités et des taux très bas… puis le rôle de locomotive des pays émergents.
Il faut donc continuer de miser sur les valeurs dites de croissance dont l’indice de référence demeure plus que jamais le Nasdaq 100 (de préférence au « Composite »).
Nous avons déjà évoqué l’ineptie du raisonnement selon lequel les actions américaines ont encore du potentiel à la hausse puisqu’elles se situent encore assez loin de leurs sommets d’octobre 2007.
C’est oublier un peu vite que les cours reflétaient à l’époque une période de hausse historique du PIB, de plein emploi, de santé insolente du secteur bancaire et d’excédents de recettes fiscales, sauf aux Etats-Unis — qui devaient financer à crédit deux guerres au Proche puis au Moyen-Orient.
Autant comparer les performances d’un athlète au sommet de sa forme et celles du même athlète en convalescence après une chute accidentelle d’une falaise de 30 mètres. Ses médailles d’or du passé ne garantissent pas qu’il remontera sur le podium dès qu’on lui aura ôté son dernier plâtre…
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Si ce n’est pas le genre d’argument qui arrête les acheteurs à Wall Street, comment justifient-ils cependant que le Nasdaq 100 soit revenu tester à 10 points près (le 7 décembre à l’ouverture) son zénith du 6 novembre 2007 — ayant par ailleurs débordé de 100 points ses niveaux de début décembre 2007 ?
◊ Le Nasdaq 100 en direction des 2 400 points ?
L’étude du graphique nous offre une vue saisissante d’un Nasdaq 100 qui a tout simplement repris plus de 100% depuis le plancher des 1 050 points du 9 mars 2009 et qui retrace, à 0,5% près, son zénith historique du milieu de l’automne 2007. Le potentiel de hausse libéré par le franchissement du palier des 2 050 points (zénith de mai 2008 et mai 2010) a été intégralement matérialisé.
Il n’y clairement plus aucun handicap à combler en terme de valeur algébrique, il ne reste plus qu’à prouver que les niveaux de valorisation actuels reflètent des perspectives de bénéfices au moins équivalentes à celles d’il y a trois ans à la même époque — ou les analystes anticipaient dix ans de croissance à raison de +15% par an au minimum.
Le Nasdaq 100 vient de reprendre 25% depuis le 25 août et en plafonnant en clôture sous les 2 200 points (zénith du 9 novembre, c’est à dire il y a un mois jour pour jour), il s’expose à un double top court terme (ou M baissier) ainsi qu’à la formation d’un double sommet long terme… sachant que le second rally de +1 100 points n’aura pris que dix-huit mois contre cinq ans pour une progression équivalente de début 2003 à fin 2007 !
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Le Nasdaq 100 peut-il s’envoler vers les 2 400 points, ce qui serait du jamais vu depuis fin janvier 2001 et la bulle des « dot.com » ?
Il risque plus certainement de corriger lourdement en cas d’enfoncement du support oblique moyen terme qui se confond avec la MM25 qui gravite vers 2 150 points. Un retracement de la MM100 qui rejoint la zone des 2 000 points permettrait un dégonflement au moins partiel et peut-être salutaire des valeurs gonflées à l’hélium par le QE 2 de la Fed.
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