Alors, que les choses soient claires : Je vais vous dire pourquoi je n’aime pas Neopost et pourquoi je n’en conseille pas l’achat. Je sais parfaitement mon collègue Mathieu Lebrun, envisage de son côté l’achat, mais notre optique est différente : il veut jouer un rebond du titre à court terme. Pour moi, adepte de l’analyse fondamentale, les comptes de résultats, la stratégie ne sont pas convaincants. Dès lors, la déception peut parfois être grande, voire colossale.
C’est un tel revers que viennent d’essuyer les actionnaires de Neopost (FR0000120560 NEO), le spécialiste des solutions de traitement du courrier, des systèmes d’affranchissement et des logiciels de gestion d’envois de courrier.
Une nécessaire réduction du dividende
Le groupe a récemment subi un net ralentissement de son marché, marqué par un recul de 1,1% de son chiffre d’affaires semestriel et par une baisse de 22,4% à 19,1% de sa marge opérationnelle. Confronté à de tels résultats, la société n’a pas eu d’autres solutions que d’annoncer une nette baisse de son dividende pour les prochaines années. Comme je le dis souvent, il ne faut de toute façon jamais acheter un titre pour son dividende uniquement.
J’espère que vous m’aviez écouté, car la sanction est sévère aujourd’hui :
Au lieu de distribuer un dividende de 3,90 €, comme lors des quatre derniers exercices, l’entreprise ne versera cette année que 1,70 €. Et l’on peut raisonnablement s’attendre à une stagnation du coupon ces deux à trois prochaines années… Une sévère réduction qui s’explique aussi par la volonté du groupe d’accélérer ses investissements.
Reste que, aussi sensée que pourrait se révéler cette nouvelle politique d’accroissement des investissements, les actionnaires ont très mal pris la nouvelle et sont sortis massivement du titre… qui a essuyé un recul de plus de 20% depuis cette dernière annonce (le titre perd plus de 50% depuis mars….)
Alors, les actionnaires ont-ils perdu la confiance qu’ils avaient dans la direction du groupe ? Pensent-ils que des résultats aussi mauvais que ceux de cette année sont voués à se répéter ?
Il faut comprendre que réduire un dividende quand les résultats sont de plus en plus mauvais envoie toujours un signal très négatif aux marchés. De plus, l’action connaît une véritable descente aux enfers, marquée par une baisse de plus de 50% depuis le début de l’année et flirtant ainsi avec des niveaux jamais vu depuis mars 2003.
Avec la disparition progressive de la rente postale, le groupe doit se réinventer, trouver un nouveau modèle. Confronté à la chute de l’envoi de courriers et à l’envol du e-commerce, la société a dû opérer un recentrage sur la logistique et le traitement des colis. Elle a donc beaucoup à investir. Et entre plaire aux actionnaires et dynamiser l’entreprise, le management a choisi, ce qui fait d’ores et déjà grincer des dents.
Une valeur spéculative mais pas morte
Reste que cette faible valorisation – autour des 750 M€, peut sans doute donner des idées à quelques prédateurs, désireux de mettre la main sur la société alors que le capital reste très atomisé, étant possédé une myriade de fonds et d’actionnaires. Parmi les plus participations les plus importantes on peut citer First Eagle et ses 10,1% du capital ou MFS Investment Management et ses 9,7% ou encore BlackRock (6,5% du capital). Pourquoi de tels mastodontes de l’investissement restent-il positionnés sur cette valeur ?
Car, malgré tout, la société reste rentable et nettement… Certes, aucune performance exceptionnelle sur l’ensemble de l’exercice, cependant la société prévoit une croissance organique comprise entre 1% et +1% avec une marge opérationnelle courante de 19,5% à 20,5%. Ses ratios boursiers commencent à devenir vraiment attractifs alors même que de nombreux gérants ont sans doute rayé la valeur de leurs convictions d’achat…
Pour ma part, je me dis qu’avec un PER de 7 ou un rendement de 7,8% (même avec un coupon de 1,70 euros), il y a au moins de la place pour un rebond technique… Reste que, comme je vous le disais en début d’article, il faut avoir le cœur bien accroché sur ce genre de valeurs : investisseurs de long terme fuyez, spéculateurs aguerris… pourquoi pas : je laisse Mathieu Lebrun juge de ce genre d’opportunités !