Facétie du calendrier, OL Groupe (FR0010428771-OLG) a dévoilé ses comptes semestriels quelques heures seulement avant la probante victoire du PSG contre Manchester United, défait 2-0 dans son antre d’Old Trafford en huitièmes de finale aller de la Ligue des Champions. Un succès « XXL » pour le club de la capitale, pourtant privé de deux de ses trois gâchettes habituelles, le Brésilien Neymar et l’Uruguayen Edinson Cavani, mais qui malgré les éléments contraires et le pessimisme ambiant a rendu une copie proche de la perfection.
Très « sport », Jean-Michel Aulas, qui a pourtant quelque raison de tancer le Paris Saint-Germain et ses moyens colossaux qui faussent quelque peu cette Ligue 1 si longtemps dominée par le club rhodanien dont il a la charge, a tenu à le saluer. En espérant aussi, on l’imagine, une performance analogue des Nabil Fekir et consorts la semaine prochaine face au Barça, ce qui serait, disons-le tout net, un véritable exploit au regard de la qualité de l’opposition…
En attendant ce rendez-vous majeur de la saison 2018-2019 de l’Olympique Lyonnais, assez inconstant depuis son coup d’envoi, mais tout de même capable de battre le PSG dans la capitale des Gaules et de l’emporter face à Manchester City en Angleterre, « JMA » avait ce mercredi matin une bonne raison de se réjouir : la première moitié de l’exercice d’OL Groupe a été une réussite et la qualité du modèle économique ne semble plus faire débat.
Flanqué de son directeur général Thierry Sauvage et de sa directrice financière Emmanuelle Sarrabay, le boss a évoqué « une grande performance » et les chiffres lui donnent raison.
L’activité et la rentabilité en nette hausse
Le produit des activités (ou chiffre d’affaires pour les profanes) a en effet crû de 14% à 168,4 M€, tandis que l’Ebitda s’est établi à 53,9 M€, contre 41,2 M€ au terme des six premiers mois de l’exercice précédent, et que le bénéfice opérationnel est passé de 15,8 à 26,3 M€.
Priorité avait été donnée aux investissements dans les infrastructures – ce qui fit un temps grincer quelques dents -, lesquels s’élèvent à près de 400 M€ à ce stade pour l’ensemble des actifs immobiliers.
Une somme conséquente, mais motivée par un dessein louable : faire d’OL Groupe une structure de « full entertainment » au sein d’une métropole rhodanienne qui, malgré son envergure économique, en manquait cruellement. Il fallait remédier à cette étrange carence, ouvrir un complexe à la hauteur des ambitions de Lyon. C’est désormais presque chose faite…
En regardant de plus près les comptes de résultats, il apparaît au surplus que les recettes provenant de la billetterie pour les matches de Ligue 1 ont augmenté de 2,4 M€ au premier semestre en glissement annuel, avec une affluence désormais de l’ordre de 50 000 spectateurs et un taux de remplissage de 86% (le deuxième du championnat).
Une preuve de l’attrait grandissant que suscite l’OL, qui a en outre tiré profit de « l’effet Ligue des Champions », lui qui avait dû se contenter de l’Europa League la saison dernière, avec une augmentation de 1,8 M€ des recettes provenant des joutes continentales par rapport au premier semestre précédent.
Pensionnaire habituel de la « grande » Coupe d’Europe, OL Groupe pourrait toutefois, de l’aveu unanime des membres de la direction, se permettre de manquer régulièrement la qualification pour la C1 sans préjudice financier irréversible étant donné la forte augmentation de la valorisation des joueurs, qui a presque doublé en l’espace d’un an pour s’établir à 476,1 M€ à fin décembre 2018 (NDLR : à la valeur au bilan, soit 107,2 M€, s’ajoutent les plus-values potentielles, estimées à 368,9 M€).
Plus largement, OL Groupe peut à présent se targuer de « réserves de croissance un peu partout », synthétise Jean-Michel Aulas, qui à titre d’exemple a fait état de « 216 séminaires dans la structure du Groupama Stadium » à mi-exercice.
Bref, OL Groupe « tire » tous azimuts, mais sans négliger ni la formation, ni le football féminin, deux de ses grands succès historiques.
Le football féminin et la formation demeurent des axes majeurs de développement
Cas sans précédent : les demi-finales et la finale de la prochaine Coupe du Monde féminine se tiendront toutes dans la même ville, à Lyon bien sûr. De quoi, là aussi, participer au rayonnement de la ville et accroître la visibilité d’OL Groupe, par ailleurs propriétaire d’une des sinon de l’équipe de football féminine la plus compétitive du Vieux Continent.
Plusieurs partenariats la concernant sont aujourd’hui en cours de revalorisation, et à propos de partenariats, OL Groupe a officiellement rempilé pour cinq ans avec Adidas, qui demeurera son équipementier jusqu’en 2025 au moins (hommes et femmes confondus).
S’agissant de la formation, la société, dans le Top 4 européen en la matière depuis sept ans et qui a sorti jadis des joueurs du calibre de Karim Benzema ou d’Anthony Martial, reste une référence.
A titre d’exemple, pas moins de six Lyonnais, dont quatre formés au club et deux joueurs recrutés auprès de clubs de Ligue 2, appartiennent à l’équipe de France masculine des moins de 19 ans. Pas question pour « JMA » de laisser de côté ce qui fait partie intégrante de l’ADN d’OL Groupe et nécessite un investissement annuel global de l’ordre de 10 M€, un moindre mal au regard des dividendes sportifs et financiers potentiels.
Quant aux académies, elles fleurissent !
Cinq de ces structures ont ainsi été créées en à peine deux ans en Chine, à Chengdu, Chongqing, Pékin, Shenzhen et Shanghai. D’autres ont vu le jour en Corée du Sud, au Liban, au Sénégal et au Vietnam, et des discussions sont en cours pour une nouvelle ouverture, cette fois en Amérique du Sud.
Pour OL Groupe aussi, l’Empire du Milieu s’est éveillé, comme en témoigne la co-entreprise avec son actionnaire chinois OL Beijing FC (au sein de laquelle la participation d’OL Groupe s’élève à 45%), une joint venture qui a entre autres permis la signature de plusieurs partenariats locaux avec de grandes entreprises du pays.
Gageons que de tels accords se multiplieront au fil des années, à mesure qu’OL Groupe gagnera en exposition. Au niveau domestique, la société caresse l’espoir de construire – c’est l’un des grands axes de son plan stratégique à horizon cinq ans – une salle événementielle, afin de compléter l’offre « entertainment » susmentionnée, et ambitionne de surcroît suivant la même logique, de créer un festival annuel de musique ainsi qu’un tournoi international annuel féminin de référence rassemblant les meilleures équipes mondiales.
Des projets séduisants, mais réalistes et qui devraient grandement faciliter l’objectif de dégager un chiffre d’affaires de 400 M€ d’ici 2024.
Coté sur Euronext Paris depuis douze ans, OL Groupe est à peu près stable sur un an en Bourse, ce qui n’est pas déshonorant, loin de là, étant donné les fortes turbulences endurées par les midcaps ces derniers mois.
Pour autant, le décollage se fait attendre, alors qu’en Italie la Juventus de Turin a vu son titre bondir de 71% par rapport à son cours du 13 février 2018 et a surtout intégré en décembre le Footsie MIB, pendant transalpin du CAC40.
Faut-il voir dans cette stagnation la marque du légendaire scepticisme des investisseurs français à l’égard du secteur du sport ? Une chose est sûre : si la valorisation actuelle du titre, de l’ordre de 169 M€, ne correspond pas aux attentes de Jean-Michel Aulas, OL Groupe n’en est pas moins devenu, à force d’investissements inspirés et sous la conduite d’un grand capitaine d’industrie, businessman aussi chevronné qu’accessible, une société qui n’a pas l’intention de sortir de la cote et par-dessus tout une société qui compte.
A Lyon, autour de Lyon, dans le football bien sûr, mais également, pierre par pierre, dans l’événementiel largo sensu et dans des pays où elle n’était pas forcément attendue.