Mardi 15 avril, l’or a connu l’une de ses plus fortes séances de baisse depuis le début de l’année. En intraday pur, la chute et les volumes d’échanges ont été si importants (une quarantaine de dollars en quelques heures) que les cours ont même dû être suspendus pendant quelques secondes dans l’après-midi. C’est pour dire.
La cause ? Difficile à dire. Pour tenter d’expliquer ce mouvement, creusons un petit peu…
Le sell-off de mardi dernier : quels motifs ?
– Pour ce qui est du traditionnel statut refuge, nous n’avions alors pas vraiment d’apaisement sur les tensions géopolitiques. Au contraire, on a même eu droit à des rumeurs de parachutage de troupes russes en Ukraine.
– Pour ce qui est de l’aspect inflation, mardi 15 avril, nous avions pris connaissance des chiffres de la consommation en mars aux Etats-Unis (ressortis légèrement supérieurs aux attentes à +0,2% contre +0,1% de consensus). Les analystes de Commerzbank expliquaient le lendemain qu’avec un tel indice d’inflation cela laissait le champ libre à la Fed pour continuer de réduire ses rachats d’actifs. Et comme toujours, toute baisse du QE n’étant pas favorable à l’or, cela peut expliquer en partie les choses. Pas totalement à mon sens. Car quand on regarde l’intraday de la séance du mardi 15 avril, le gros de la baisse avait en effet eu lieu bien avant la statistique…
Commerzbank complétait ses propos en indiquant que cela pourrait surtout venir du débouclement de produits dérivés et autres contrats à terme sur le métal précieux. La banque rappelle ainsi qu’en Chine, jusqu’à 1 000 tonnes d’or auraient été utilisées comme collatéral. Et alors que Pékin commence à faire le ménage ces dernières semaines sur les opérations de shadow banking, cela pourrait expliquer le débouclement forcé de positions spéculatives.
Quoi qu’il en soit, peu importe les causes, les faits sont là. Les cours ont rechuté vers les 1 300 $. Je vous propose donc de nous pencher sur la situation technique du métal précieux à ce stade. Pour ce faire, je vais utiliser trois horizons de temps différents.
Le rebond est-il derrière nous ?
A long terme, la vue mensuelle tout d’abord :
Comme on le voit sur le graphique ci-dessus, nous avons deux supports clés.
Tout d’abord les 1 200 $ qui tiennent depuis décembre, niveau correspondant au retracement de 61,8% de Fibonacci. En cas de rupture de ce niveau, le prochain soutien d’importance sera situé juste sous les 1 000 $. Cette zone correspond en effet à la fois au dernier retracement de Fibonacci (76,4%) mais également à un net support horizontal en overlap (cf. flèches rouges entre 2008 et 2009).
C’est à avoir en tête car, en descendant d’un cran dans la temporalité de l’analyse (ci-dessous la vue hebdomadaire), les choses se gâtent.
Sur du moyen terme, voilà donc ce que l’on constate : la présence d’une figure en triangle descendant. Cette configuration ayant en général un rôle de continuation de tendance, la prudence est de mise. Les seuils à surveiller sont clairs. Tant que l’on reste sous les 1 400 $, le risque est à la baisse avec les 1 200$ à surveiller. En rupture de ce niveau (la base de notre triangle étant alors un beau point d’accélération), la baisse risque de se poursuivre en ligne droite. L’objectif théorique de sortie d’une telle figure est situé juste sous les 1 000 $ (projection de Fibonacci de 100% de la « bouche » du triangle reporté depuis le point de cassure).
Alternativement, seul un retour au-dessus des 1 400 $ invaliderait ce scénario. Toutefois, comme nous allons le voir désormais en descendant de nouveau d’un cran dans notre « lecture globale » (point de vue journalier désormais) les choses à court terme ne sont pas bien engagées.
La baisse de mardi dernier a en effet conduit les cours à sortir par le bas d’une figure de continuation baissière en drapeau ascendant (visible en pointillés sur la droite du graphique). Bref sur cet horizon de temps non plus, rien de très engageant tant que les plus-hauts de la semaine dernière ne sont pas revus.
Les prédictions baissières de Goldman Sachs et de Morgan Stanley se vérifieront-elles ? Car comme le rapportait Les Echos mercredi dernier, pour les banques d’affaires américaines l’or ne peut que baisser – coincé entre la montée en puissance de la « croissance » US qui va pousser les taux d’intérêt américains à la hausse et l’absence d’inflation. Faut-il se ranger à cet avis ? Techniquement parlant : oui…
1 commentaire
[…] Mardi 15 avril, l'or a connu l'une de ses plus fortes séances de baisse depuis le début de l'année. Faisons le point… […]