La répression financière n’était qu’un début ! Oui, il va désormais falloir payer pour prêter à des Etats insolvables.
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Vous ne connaissiez probablement pas Mr Cruz Villalón… et moi non plus jusqu’à ce mercredi 14 janvier où il est devenu « l’homme du jour ». C’est l’avocat général de la Cour de Justice européenne qui mit fin à un suspens insoutenable en confirmant la légalité des opérations de type OMT si la BCE décidait de les mettre en oeuvre. Verdict : il est parfaitement légal de recourir à la planche à billet… sous « certaines conditions ».
Une potentielle réserve que le marché a déjà traduit par : « à condition que cela empêche la sphère financière de se désintégrer séance tenante, à condition que cela prolonge l’existence d’un système dévoyé et moribond ».
14 JANVIER : JOURNÉE DES GAINS !
Avec sa stratégie de trading sur les biotechs, Paul Mampilly vient de réaliser un gain de 50% hier…
et ce n’est qu’un tout petit exemple du potentiel des biotechs !
Les anticipations sont donc devenues hier une certitude : la BCE va procéder à la mise en place d’un « full blown QE » (injection plein gaz de monnaie surgie du néant) dès le 22 janvier prochain. Résultat immédiat : les Bunds ont vu leur rendement se détendre à 0,43% (nouveau plancher historique), nos OAT suivaient gaillardement le mouvement avec une rémunération se contractant de 0,72 à 0,69% (nouveau plancher historique). Les « bonos » espagnols et les BTP italiens pulvérisaient également des records absolus à 1,55% et 1,72% respectivement… et ces emprunts d’état viennent potentiellement de mettre le cap sur les 1%.
Après tout, cela n’a rien d’impossible dans un mode financier désormais régi par les mêmes lois surréalistes que celui d’Alice au Pays des Merveilles.
S’improvisant comme les Lewis Carroll du 21ème siècle, certains « experts » nous expliquent doctement que certains emprunts à 10 ans vont devenir négatifs courant 2015 en Europe.
C’est déjà le cas sur le 5 ans allemand et les OAT (françaises) pourraient basculer à leur tour sous les 0% d’ici la fin du 1er trimestre 2015. Et oui… impossible n’est pas français ! Après tout, les emprunts japonais de maturité 2025 n’affichaient-ils pas à peine plus de 0,25% mercredi matin contre 0,5% il y a un mois ? Aux Etats-Unis, le 30 ans vient de tomber à 2,5%…
Il va falloir vous habituer, amis lecteurs, au concept de devoir payer pour avoir le droit de vous constituer une retraite et avoir l’insigne privilège de prêter à qui prétend ne rien vous devoir. Regardez ce qu’a fait la BNS suisse ce matin : le taux de dépôt passe négatif, à -0,75% : il faut désormais payer (cher) pour détenir de la devise suisse !
Revenons à l’exemple du Japon (vous pouvez y substituer les noms de la Grèce, du Portugal, de l’Espagne… et des USA) où le principal débiteur (l’Etat) est insolvable. Pourquoi l’emprunteur, qui sait qu’il ne remboursera rien au final, se donnerait-il encore la peine de vous verser une rémunération ? Pourquoi devrait-il se soucier d’un boycott des épargnants puisque la Loi lui permet d’obliger les organismes de retraite à souscrire aux émissions du Trésor ?
Quelle stratégie appliquer ?
En ne distribuant aucun coupon, en vous confisquant de l’argent sur des placements assimilables à du monétaire, l’emprunteur va pouvoir prolonger la mascarade (son système de Ponzi) quelques trimestres de plus, le temps pour les initiés de sauver l’essentiel de leur fortune pendant que les banques centrales confisquent votre épargne.
Et bien oui, je le concède, il y a une probabilité très élevée de voir ce processus dément aller au bout de sa logique avec le début du QE de la BCE et de la « normalisation » de la politique monétaire US éternellement repoussée aux calendes grecques.
Alors, comme chaque année, les experts nous rappellent « qu’il n’y a pas d’alternative aux actions », nous prédisent la grande rotation au profit des actions, que le grand soir du CAC40 et de l’EuroStoxx600 est bientôt avéré. Mais bien entendu, les actionnaires les plus sensés ne vont pas payer le S&P500 25 fois les bénéfices, ni se laisser prendre à l’argument des titres européens qui rapportent miraculeusement plus de 3%.
Ce n’est qu’une moyenne car prenons, par exemple, l’année 2014 : la vedette incontestée du CAC40 ce fut le titre Orange (FR0000133308), qui a gagne 80% depuis le 2 janvier 2014.
Pourtant, le chiffre d’affaires se contracte, les profits sont encore largement inférieurs à ce qu’ils étaient au moment de la crise de 2008/2009/2010… mais les gérants de portefeuille ont acheté le rendement (anticipé autour de 4,3% en 2015 et 2016 contre 7% en 2013).
Dans la même veine, nous assistons au décollage des utilities… sur des valeurs à gros coupons : si la stratégie n’a pas fonctionné sur EDF, Suez Environnement, Véolia, GDF-Suez semble positionnés au bout de la piste d’envol avec des coupons offrant respectivement 4,5%, 4,75% et 5,5% d’après les dernières projections pour 2015 et 2016.
Et je n’oublierai pas Renault ou Saint Gobain avec 4,25% anticipés d’ici 2016, ni la foncière Unibail avec ses 4,55% et 4,85% affichés pour 2015 et 2016.
Si la chasse au rendement devient le maître mot (comme pour Orange l’an passé), vous pouvez passer outre la chute des exportations de Renault vers la Russie, le ralentissement mondial de la construction qui menace St-Gobain, des prix administrés pour GDF-Suez et jouer les signaux techniques de débordement de résistance apparus sur Véolia et Suez Environnement.
Ignorez les fondamentaux, oubliez que la plupart de ces titres ont été méprisés, accusés de tous les maux depuis 2010 : ils offrent du rendement et c’est désormais tout ce qui compte. C’est ainsi que raisonne le troupeau… ou plutôt, c’est ainsi que sont programmés les robots !