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Tous les jours, et dès 16h00 au 0899 88 20 36* Philippe Béchade analyse pour vous les marchés, les rumeurs qui animent les salles de trading, et vous propose SA stratégie pour profiter ou contrer les mouvements boursiers
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Ce Billet du Trader ne sera pas comme les autres. D’abord parce que l’actualité financière s’emballe et qu’il importe d’aller à l’essentiel… et parce que l’essentiel se dévoile sous de nouvelles facettes d’heure en heure.
Le P-DG de la BNP monte au créneau
C’est ainsi qu’a surgi « de l’exceptionnel au beau milieu de l’exceptionnel » à la mi-séance d’hier : Baudoin Prot – d’ordinaire discret et peu friand de micros et de caméras – s’est rendu en urgence porte de Versailles pour une demi-heure de direct sur BFM-Business (la chaîne qui devient incontournable dans les salles de marché).
Immédiatement questionné sur de nouvelles rumeurs alarmantes propagées par le Financial Times, Baudoin Prot démentait avec fermeté dès 12H35 que BNP-Paribas soit en négociation pour lever des fonds au Qatar. Il martelait dans la foulée que les fonds propres de sa banque, l’une des cinq premières au monde et parmi les mieux notées par les agences, sont suffisants pour absorber une éventuelle hausse des provisions en cas de faillite de la Grèce (au moins reconnaît-il que la question se pose).
Mais comme dans ce genre d’exercice de communication, chaque mot a son importance (une concentration extrême se lisait sur son visage, preuve que chaque phrase prononcée avait été étudiée à l’avance), il était frappant de noter qu’il appelait à plusieurs reprises les politiques à mettre en oeuvre le plan d’aide du 21 juillet en faveur de la Grèce.
Mais en vain. Le marché n’a visiblement pas réagi au démenti formel concernant les rumeurs de problèmes de fonds propres. Le cours de BNP-Paribas n’a pas réagi à l’intervention de Baudoin Prot ; ni pendant, ni après !
Lorsqu’il prit la parole, le CAC 40 perdait 4% ; une heure après l’émission, l’indice chutait de plus de 5% et s’enfonçait sous les 2 800 points, en direction du récent plancher des 2 770 points.
Nous en avons déduit que le fait qu’une banque soit réellement « solide » importait peu et que le coeur du problème se situait ailleurs.
Les banques, un levier pour faire trembler l’Europe ?
L’effondrement (orchestré ?) des banques françaises ne serait donc pas la conséquence de difficultés immédiates ou hautement prévisibles. Pour preuve, certaines banques en Europe ont raté les stress tests et ne sont curieusement pas attaquées. A notre avis, cette attaque est le moyen, le levier le plus puissant pour déclencher un phénomène de « catastrophe naturelle » sur les places boursières de la zone euro.
Observez par ailleurs comment les banques US ont longtemps résisté aux articles tendancieux ou malveillants concernant leurs principales contreparties d’origine européenne (la quinzaine de banques systémiques figurant dans l’Eurofirst 300). Si la banque américaine « Goldman Stanley » faisait l’objet de telles rumeurs (réitérées), c’est tout le compartiment bancaire mondial qui s’effondrerait instantanément. Il y a bien là un paradoxe qui justifie pas mal d’interrogations.
Une voix invisible guide les marchés
Mais mercredi soir, un autre élément m’interpelait : qu’est-ce qui explique le trou d’air dont ont été victimes les indices US une heure après la publication du communiqué final de la Fed ?
Ben Bernanke a confirmé en tous points ce que les marchés anticipaient (le twist de maturités), ni plus, ni moins… Mais vers 21H15, tout s’est passé comme si toutes les salles de marché avaient entendu simultanément retentir une sorte de voix surnaturelle leur hurlant « vendez ! ».
Comment et pourquoi le marché (et notamment les initiés qui connaissaient par avance le contenu du communiqué de la Fed, à tel point que la presse économique en avait déjà dévoilé l’essentiel la veille) aurait-il changé d’avis une heure après sa diffusion ?
Après une chute de -2,5% en moins d’une heure mercredi soir, Wall Street rajoutait -3% (en moins d’un quart d’heure) à la reprise des cotations jeudi. Autrement dit, les indices US chutent de -5,5% en à peine une heure de cotations, sans catalyseur identifiable : pas de mauvaise nouvelle en provenance de la Grèce, pas de faillite bancaire retentissante, pas d’annonce spectaculaire de la Fed. Ce scénario est sans précédent depuis le flash krach du 6 mai 2010 !
Et c’est justement sur cette notion de « sans précédent » que nous voulons attirer votre attention.
Première anomalie : pas de rebond
Première observation : le CAC 40 (mais cela vaut également pour le DAX ou l’EuroStoxx50) n’a jamais chuté de 30% lors de précédents krachs sans rebondir de 12 ou 15% au terme d’un épisode correctif majeur. Or là, rien. Aucun rebond digne de ce nom.
Au pire de la crise de l’automne 2008, le CAC 40 a rebondi deux fois de 14 à 15% à quinze jours d’intervalle, puis deux fois de +20% : une fois en octobre sur une semaine et demie, et la seconde fois de fin novembre à début janvier. Même scénario au cours du terrible été 2002 : nous avions eu un rebond de +20% en juillet/août suivi d’un autre sursaut de +25% à partir de la mi-octobre (entre 2 660 et 3 360 points)
Durant l’épouvantable mois de janvier 2009, le CAC 40 parvient à effacer 50% de ses pertes de la première quinzaine (entre 3 230 et 2 750 points) avant de replonger vers 2 500 points. Mais aujourd’hui, encore une fois, RIEN !
Le scénario qui ressemble à celui qui se dessine depuis début juillet, c’est l’été 2001… Et la cause qui empêcha le CAC 40 de rebondir après un peu moins de 25% de repli en trois mois (entre 5 700 et 4 400), fut l’attentat du 11 septembre !
Depuis fin juin, le CAC 40 ne retrace rien, ne rebondit jamais de plus de 10% à partir d’un creux majeur et surtout, ne comble pas les gaps.
Deuxième anomalie : les gaps ne sont pas comblés !
Vous voulez de l’inédit sur les marchés, en voilà : le CAC 40 a enchaîné quatre avalements baissiers les 1er puis 4, 8 et 10 août. L’avalement baissier est une figure particulièrement rare où l’indice ouvre en hausse – confirmant la tendance positive sous jacente – puis efface la totalité des gains de la veille dans la séance.
Autre originalité : la plupart des gaps de la première décennie du XXIe siècle étaient des gaps de continuation de tendance. Cette fois-ci les gaps surgissent au lendemain de la première séance de consolidation d’une phase de rebond technique (que vous connaissez sous le nom de pullback).
Mais surtout, surtout… ce qui est absolument extraordinaire en ce moment, c’est que le marché ne comble pas les gaps.
De quoi rendre fou le moindre analyste technique car la règle veut « qu’un gap soit TOUJOURS comblé ! ». Les quatre gaps (celui du 2 août sous 3 522 points, celui du 2 septembre sous 3 133, celui du 16 septembre sous 3 015 et enfin celui du 21 septembre sous 2 930 points) restent béants à ce jour ! C’est absolument sans précédent.
Durant les précédentes crises, un seul gap est resté non-comblé durant plus d’un mois en 2008 (celui du 3 octobre sous 3 935) et même cas de figure en 2002 (avec le gap ouvert sous 4 225 points le 2 juin). Il y a une règle qui dit, qu’en théorie, 75% des gaps sont comblés dans le mois qui suit (et 90% sous un délai de 3 mois). Cette règle n’a souffert d’aucune exception aussi loin que l’on remonte dans le passé du CAC40… jusqu’à 2011.
Les marchés sont-ils en train de s’autodétruire ?
Alors, soit la règle se vérifie et le CAC 40 nous fait une remontée spectaculaire vers 3 133 et peut-être 3 522 points ; soit plus rien ne fonctionne et l’analyse technique voit son pouvoir de prédiction s’évanouir. Comme si le marché avait perdu la « mémoire des formes » et des seuils dits « psychologiques ».
Mais lorsque des robots génèrent 80% des volumes échangés dans le genre de séances que nous connaissons depuis deux mois, de quelle psychologie peut-il encore être question ?
Comme le rappelait un trader invité sur le plateau de BFM-TV peu avant que ne s’y présente Baudoin Prot : « pour un ‘robot’, la valeur potentielle de BNP-Paribas en cas de spirale baissière, c’est zéro !«
La véritable question est donc celle-ci : les marchés sont-ils capables de s’autodétruire si les gouvernements européens sont incapables de s’entendre pour recourir au FESF ? Osons répondre « NON » !
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1 commentaire
en effet, c’est une guerre et le but de guerre c’est l’euro et l’eurozonne ?! enfin, c’est mon sentiment. Les USA sont en phase de déclin stratégique (voir Bill Bonner) et ils vont sacrifier l’eurozonne afin de garder la main encore un moment. Le dollar est leur seule puissance avec leur armée et c’est même leur activité principale 🙂