Nous avions mis en évidence, un mois auparavant, la caractéristique de précurseur de la tendance boursière du pétrole sur le NYMEX.
Les sommets et les planchers de l’or noir précèdent de deux à quatre jours ceux des actions à Wall Street… mais voilà que les indices américains, asiatiques et européens ont inscrit une nouvelle cascade de records mensuels ou annuels le mercredi 17 mars. C’est-à-dire cinq jours après le top du baril à 83$ le 10 mars dernier.
◊ De précurseur, le pétrole va-t-il se retrouver suiveur, ballotté au gré des soubresauts de la parité euro/dollar ?
Depuis 6 mois, le pétrole nous apparaissait mieux connecté au réel que les cours de Bourse, emportés par un mouvement perpétuel à la hausse savamment orchestré par les spécialistes de la programmation algorithmique. Laquelle aboutit, par exemple, à des séries — jamais observées en 130 ans — de 14 hausses sur 15 séances consécutives ou de 21 sur 25 en cinq semaines sur des indices américains.
Le billet vert ayant entamé une consolidation vers 1,3400 face à la monnaie unique, le baril pourrait alors déborder les 83,15$ — zénith de clôture du 6 janvier — puis s’envoler jusque vers 91$, plancher du 16 septembre 2008, voire 92,8$, gap baissier du 3 octobre 2008.
Les plus optimistes anticipent un triplement du cours depuis le double plancher des 33$ (le 19 décembre 2008 et 15 janvier 2009), soit un objectif rond et psychologique de 100$.
Mais ce n’est pas le scénario que nous privilégions.
◊ Le rebond pétrolier, une chimère d’ordre climatique
La récente progression du baril s’explique fondamentalement par les dernières statistiques de production industrielle en Europe et aux Etats-Unis. Les intempéries et un hiver exceptionnellement long et rigoureux dans l’hémisphère nord ont entraîné un surcroît de consommation de fioul.
Mais que l’on ne s’y trompe pas. En dépit de ce que suggèrent les chiffres bruts en première lecture, les usines ne se sont pas remises à tourner à plein régime en début d’année 2010. Les poids lourds n’ont pas été saisis d’une frénésie de transport de millions de tonnes de marchandises supplémentaires au mois de février. Si l’économie mondiale a consommé plus de pétrole en février, c’est pour des raisons purement climatiques.
L’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) qui analyse l’évolution de la demande en se basant sur la demande industrielle — et non sur les écarts de livraisons liés à des phénomènes saisonniers bien connus — n’anticipe pas de rebond de la croissance mondiale en 2010.
Les pays producteurs n’auront aucun mal à faire face à la demande mondiale cette année car elle sera loin d’égaler celle de 2007. Ces anticipations prudentes auraient de quoi faire réfléchir les spéculateurs sur les matières premières et les indices boursiers… mais ils se ruent de nouveau à l’achat. La Fed vient en effet de réitérer la célèbre locution qui tient lieu de formule magique: « la situation économique justifie le maintien de taux très bas pour une période de temps très étendue. »
Plus de 95% du communiqué de la Fed publié le mardi 16 mars reprenait des éléments déjà employés dans les trois ou quatre précédents communiqués. Le renforcement de l’activité économique est réaffirmé et la seule minuscule inflexion sémantique concerne le marché l’emploi qui se stabilise au lieu de demeurer faible.
Il est facile de créer de l’emploi en vidant les caisses de l’Etat… mais ce n’est pas cela qui va vider les cuves dans lesquelles est stocké le pétrole consommé aux Etats-Unis.
S’il est impossible d’exclure une envolée spéculative du baril vers les 100$, ce n’est pas le scénario à privilégier.
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[…] vous parlais déjà du pétrole le 18 mars. Aujourd'hui, le sujet central de ce Billet du Trader, c'est encore le pétrole… Mais […]