Mieux vaut un mauvais compromis qu’un bon accord : c’est exactement l’inverse de ce que préconisait Emmanuel Macron lors d’une courte intervention télévisée tard dans la nuit de dimanche à lundi (après s’être « accroché » verbalement avec le Chancelier autrichien Sebastian Kurz et le Premier ministre néerlandais Mark Rutte au cours des heures précédentes).
Maintenant, tout le monde chante victoire et célèbre un sommet qui restera « historique »… mis qui se résume surtout à un marchandage de plus de 90 heures à l’issue duquel les pays dits « frugaux » ont obtenu un rabais de 110Mds€ du montant des « subventions » (des dons en faveur des pays les plus impactés par le chômage, paramètre qui déterminera la clé de répartition).
L’Elysée se vante d’avoir obtenu 40Mds€ de ce montant de 390Mds€ (soit environ 10%) mais oublie de préciser que la contribution nette de la France au plan de soutien paneuropéen pluriannuel sera supérieur à ce montant (un chiffre supérieur à 100Mds€ circule et n’est certainement pas très éloigné de la vérité).
Les gouvernements européens évitent également de se vanter de s’être mis d’accord sur la suppression de l’enveloppe de 9,2Mds€ qui devait être consacré à la recherche médicale, un domaine qui semblait prioritaire à la lumière de la pandémie de coronavirus (et l’absence totale de coordination des 27 face à au Covid-19). C’est tellement « énorme » que personne n’en parle !
Les « communicants » et « faiseurs d’opinion » n’en finissent pas de s’émerveiller de l’étape majeure franchie avec la « mutualisation des dettes » et du « grand saut dans l’euro-fédéralisme »… en oubliant de préciser que les pays contributeurs perdent la maîtrise de l’affectation des lignes de crédit.
Et les emprunteurs devront démontrer qu’ils ont « les moyens de rembourser », c’est à dire qu’ils s’engagent à recourir à l’outil fiscal (la levée d’impôts) pour y parvenir.
Donc l’affirmation que la France pourra puiser dans le fonds de relance sans nouveaux impôts ne vaut en réalité que pour la partie « subvention ».
Si la France emprunte (les mois qui se profilent s’annoncent difficiles et les besoins en fonds structurels bien supérieurs à 40Mds€), elle devra trouver l’argent « quelque part » : dans nos poches pour être clair !