C’est un second semestre plus que délicat que traversent actuellement les industrielles françaises. Hier, jeudi 29 octobre, nous avons eu pas moins de trois avertissements.
Schneider (FR0000121972),d’abord, a jeté un froid sur les marchés en indiquant que la croissance organique de son chiffre d’affaires serait légèrement négative sur l’exercice tandis que sa marge d’EBITA serait en baisse modérée… Cette révision est essentiellement due à une activité sous pression en Chine et à une performance mitigée aux États-Unis, suite au ralentissement des investissements pétroliers et gaziers.
Pourtant, l’action a clôturé en légère progression… Faut-il y voir un paradoxe ? Pas vraiment : sur ce titre, la baisse a, depuis le début de l’année, atteint les 10%, les mauvaises nouvelles étaient donc déjà intégrées dans les cours.
Mais Schneider Electric n’était pas la seule entreprise a publié hier un avertissement… Nous avons eu Saint Gobain et Mersen… et la situation globale des industrielles françaises est pour le moins inquiétante quant à la conjoncture réelle en France.
Saint Gobain, moins résilient qu’auparavant
Saint Gobain (FR0000125007) s’est lui aussi fendu d’un communiqué pour le moins mitigé. Dans ce dernier, le groupe évoque un environnement économique très incertain et plus rude qu’escompté au troisième trimestre. De plus, il a subi des effets de change négatifs liés la forte dépréciation du real brésilien par rapport à l’euro. Saint Gobain anticipe donc, pour l’ensemble de l’exercice, au moins le maintien de son résultat d’exploitation alors qu’à la fin juillet, il pariait sur une nouvelle amélioration.
Dans le passé, cette société savait à merveille résister à tous les soubresauts conjoncturels, ce dernier avertissement nous montre que ce n’est désormais plus le cas.
Pour le coup, le titre a fortement décroché, baissant quasiment de 5%. Certains analystes commencent à trouver la valeur trop chère, comme la Société Générale, qui vise désormais les 39 €, soit légèrement au-dessus des cours actuels.
Mersen lui aussi pénalisé par la conjoncture
Et l’on continue : Mersen (FR0000039620), l’expert mondial des spécialités électriques et des matériaux en graphite, vient d’indiquer qu’il prévoyait une baisse organique de ses ventes entre 2% et 3% alors qu’il anticipait jusqu’alors une stabilisation. Il a aussi annoncé que marge opérationnelle courante serait autour des 7,5%, contre les 8,6% annoncé initialement.
Vous pouvez vous dire qu’une baisse de la rentabilité de seulement 1 point, n’est pas si grave… Sauf qu’elle change complètement les calculs faits par les analystes pour valoriser la société. De plus, il s’agit du deuxième profit warning en l’espace de quelques mois.
Pourquoi un tel avertissement ? Eh bien, Mersen évoque une situation économique décevante en Europe et aux États-Unis ainsi que des anticipations moroses pour la fin de l’année. Le groupe a par ailleurs été fortement pénalisé, en Chine, par l’arrêt des équipements en acier carbone. L’action a sérieusement dévissé, perdant ainsi plus de 9% en clôture.
Le secteur industriel désormais en panne ?
Ces multiples avertissements ne veulent pas dire qu’il faille absolument rester à l’écart des valeurs industrielles, mais plutôt qu’il faut rester très vigilant : la conjoncture mondiale connaît un ralentissement depuis quelques mois, et cela commence réellement à se voir dans les résultats des sociétés, malgré tout ce que nous disent les grands pontes du gouvernement et autres institutions. Encore une fois, la « vraie économie » parle bien plus et bien mieux que les discours lénifiants de nos dirigeants qui semblent croire à la méthode Coué.
Pour moi, sans des signaux clairs de reprise économique solide, il vaudra mieux faire le dos rond sur ces trois valeurs et être très sélectif dans le choix de vos titres.