Tous les indices US terminent au plus haut de l’année ou de l’histoire… absolument tous
Le Dow Jones a franchi les 14 300 et s’attaque aux 14 500. Le S&P 500 est revenu à 1% de son propre zénith historique. Quant au Dow Transport, il affiche près de 16% de hausse depuis le 1er janvier.
Pour résumer, les marchés américains sont au sommet du sentiment d’invulnérabilité des 15 dernières années ; le consensus haussier flirte avec les 90%.
Le patron de Richard Bernstein Advisors (cabinet de gestion de fonds action) a même déclaré : « malgré le scepticisme général des épargnants, nous pensons que nous sommes juste au début du plus important marché haussier de nos carrières ». (N’oubliez pas de faire une copie d’écran de cette profession de foi et de la sauvegarder dans un fichier intitulé « Pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font »).
C’est la Fed qui doit triompher car elle est parvenue à ses fins. La semaine dernière, elle a signifié sans ambiguïté — par la voix de Janet Yellen — sa volonté de voir les actions établir de nouveaux records : Wall Street s’est empressé de les lui offrir sur un plateau… d’argent (fraîchement imprimé).
Mais bien plus que les scores — qui ont fait la Une de tous les médias jusqu’à l’écoeurement pour les 90% d’Américains qui ne possèdent pas d’actions ou un portefeuille de moins de 10 000 $ –, il convient de s’intéresser aux commentaires de clôture collectés « à chaud » émanant des gérants et stratèges de Wall Street.
Ils sont particulièrement éclairants !
Dans l’euphorie du moment, les langues se sont déliées : « oui, la Fed ‘mène le jeu’ (elle manipule ouvertement les marchés) depuis la mise en place du premier assouplissement quantitatif en 2009 et cela augmente les chances de voir l’économie rebondir ».
Aux plus-values de +306%, +165%, +300% ou encore +335% engrangées ces derniers mois, Mathieu Lebrun a ajouté de nouveaux gains de 29%, 64% ou 34%. N’attendez pas pour profiter de ses prochaines recommandations ! Tout est expliqué ici… |
« La Fed lamine le rendement des instruments obligataires afin de forcer les investisseurs à opter pour l’achat d’actifs manifestement surévalués si l’on s’en tient à la moyenne historique. Attention car la capacité bénéficiaire de la plupart des entreprises est au taquet : elles pourraient avoir du mal à maintenir leurs profits aux niveaux actuels ».
« L’aspect le plus positif sur l’économie, c’est l’immobilier qui se redresse et cela renforce le ‘sentiment de richesse’ des Américains ».
Mais tout cela dépend de la continuation des programmes de rachats de MBS auprès des banques (souvent des créances douteuses) qui représentent l’équivalent de 75% des crédits immobiliers alloués chaque mois.
Autrement dit, une fois encore, la Fed soutient la reprise immobilière à bout de bras et l’embellie du secteur est tout sauf spontanée : si elle relâche ses efforts, le risque de rechute est bien réel.
Un seul gérant osait casser l’ambiance en déclarant : « le soutien artificiel du secteur immobilier et de Wall Street s’exerce au détriment du small business (crédit en faveur des petites et moyennes entreprises) : les banques voient ce qu’elles gagnent immédiatement en spéculant sur les marchés et ne veulent pas prendre de risque en prêtant à long terme à des acteurs dont la survie est incertaine dans un contexte qui reste difficile sur le sol américain » (ce qui prouve que la conjoncture reste beaucoup plus délicate que Wall Street le prétend).
Pourtant, les faits sont là : grâce aux déclarations du tandem Bernanke/Yellen, les marchés ont effacé en à peine une semaine les scories de la crise politique en Italie. Il leur a fallu moins d’un week-end pour considérer que la mise en place de coupes budgétaires automatiques aux Etats-Unis était un non-événement.
Face à ceux qui, au sein même de la Fed, dénoncent le gonflement de bulles d’actifs (les « faucons »), les « colombes » brandissent le spectre de la déflation et d’une catastrophe boursière en cas d’arrêt prématuré de l’assouplissement quantitatif.
Qu’en est-il pour le Russell 2000 ?
Nous avons lu des dizaines d’analyses techniques concernant les grands indices américains. Le discours dominant — il ne vous surprendra pas — consiste à répéter qu’il existe une tendance haussière bien en place malgré l’absence de flux (mais les marchés sont en pleine mutation, ce n’est donc peut-être plus un critère déterminant).
Aucune remise en cause de la tendance haussière n’est décelable… donc rien ne s’oppose à l’anticipation d’une poursuite du rally jusque vers 16 000 sur le Dow Jones. Cela devrait également valider un objectif de 1 700 points sur le S&P 500 dont il faut espérer un débordement imminent des 1 565 points.
Mais l’indice qui nous intéresse aujourd’hui, c’est le Russell 2000, à la lumière de la déclaration que vous venez de lire dans un paragraphe précédent : « le soutien artificiel du secteur immobilier et de Wall Street s’exerce au détriment du small business (crédit en faveur des petites et moyennes entreprises) ».
Une étude émanant d’un cercle d’économistes indépendants nous semble d’un intérêt primordial : « en dépit d’un consensus situant la croissance américaine dans une fourchette de 1,6% à 2% en 2013, une sous-évaluation des problèmes budgétaires et du blocage politique au Congrès US pourrait remettre sérieusement en cause ces prévisions : le scénario d’une récession ne peut être écarté pour la fin de l’année » (autrement dit, l’argent de la Fed reste sans effet).
Dans ce cas, le Russell 2000, qui est de loin l’indice le plus exposé — sinon le plus vulnérable — à la conjoncture réelle sur le sol américain, mérite une attention toute particulière.
L’indice présente une petite singularité qui ne nous a pas sauté aux yeux au premier regard mais qui nous laissé perplexe dès que nous avons reposé notre calculette : il a enregistré trois grands cycles haussiers majeurs depuis octobre 1998.
Le premier (juillet 1994/février 2000) a vu l’indice grimper de 244 vers 578 points, soit +240%.
Le second (octobre 2002/juin 2007) a vu l’indice grimper de 355 environ vers 855 points, soit +240%.
Le troisième (février 2009/mars 2013) a vu l’indice grimper de 380 environ vers 920 points, soit +240%.
Etonnant, non ?
Du point de vue technique, le seuil de retournement se situe vers 895 points, avec un objectif majeur de 770 points qui correspond aux planchers de juillet, août et novembre 2012.
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