Also sprach Mario Draghi. Ainsi parlait Mario Draghi, gouverneur de la BCE plébiscité par les marchés actions pour son aptitude rare à les caresser dans le sens du poil.
Expert dans l’art de manier la carotte et le bâton, le patron de la Banque centrale européenne, dont le mandat prendra fin dans neuf mois, a encore sorti la panoplie du pompier de service et répondu admirablement aux attentes des investisseurs jeudi. Non, le Quantitative Easing, lancé en mars 2015 et dont la plupart des spécialistes anticipaient qu’il prenne fin en septembre prochain, n’est pas encore mort ! Il ne s’achèvera qu’en décembre, soit un « rab » de trois mois, synonyme de rallonge de 45 Mds€ de liquidités (nous passerons de 30 à 15 Mds€ de rachats d’actifs mensuels en octobre). Quant à l’inévitable normalisation – les artifices, ça ne peut durer qu’un temps –, elle attendra au moins la mi-2019 ! De quoi « rebooster » des marchés actions quelque peu amorphes ces jours-ci et conforter les opérateurs dans ce sentiment que, décidément, il ne pourra rien se passer de grave tant que « Super Mario » sera aux manettes.
Le regain d’incertitudes économiques – les dernières statistiques témoignent d’un ralentissement – et politiques dans l’eurozone a motivé cette nouvelle grossière prescription de produits dopants dont on peut être sûr qu’elle rendra encore les investisseurs imperméables à toute mauvaise nouvelle pour de longues semaines.
Au diable les tensions américano-européennes sur le commerce et l’Iran, la poudrière du Moyen-Orient, la désynchronisation des politiques monétaires des banques centrales, le regain de protectionnisme que provoque Donald Trump, l’explosion de la dette mondiale et les déboires de certains pays émergents (Argentine, Brésil, Turquie…). Circulez, il n’y a rien à voir ! Chassez ces mauvaises idées de votre mémoire et adoptez la méthode Coué !
▶ Un timing parfait
C’est dans ce contexte d’euphorie boursière d’une totale incongruité que le gouvernement français s’est mis en tête de réconcilier les contribuables avec la Bourse. Finançons l’économie productive, que diable ! Les marchés montent, il faut foncer tête baissée !
Sorties du capital d’Engie et d’ADP, privatisation de l’emblématique Française des Jeux, héritière de la loterie nationale créée dans les années 1930 pour venir en aider aux « gueules cassées » de la Première guerre mondiale : l’Etat retire ses billes, engrangeant au passage de belles plus-values, pour faire place nette aux petits porteurs plus ou moins chevronnés.
Comme un fait exprès, le timing frise la perfection, avec des marchés plus « toppishs » que jamais et cette illusion qui se répand telle une traînée de poudre selon laquelle les arbres pourraient désormais commencer à monter jusqu’au ciel.
On nage en plein conte de fée… et en plein délire.
Je me contenterai de ce seul conseil : n’y allez surtout pas sans réfléchir. Lisez-nous, lanceur d’alerte, pour bien appréhender les risques et ne vous laissez pas gagner par le suroptimisme ambiant.
Bonne séance à tous,
Guillaume
Banques centrales : pas de traîtrise, que des bonnes surprises