C’est « officiel » : Donald Trump a trouvé un nouveau punching-ball en la personne de Jerome Powell, l’actuel président de la FED… qu’il a pourtant lui-même nommé en novembre dernier !
Ayant une nouvelle fois fait fi de la tradition selon laquelle la Maison-Blanche ne commente pas publiquement la politique monétaire de la Réserve fédérale, censée être indépendante, son actuel locataire a fait part de sa déception quant à la prochaine remontée de ses taux d’intérêts lors d’un dîner de levée de fonds vendredi dernier. C’est en tout cas ce qu’ont rapporté des participants audit dîner aux très informés Wall Street Journal et Bloomberg.
Cette « tendance » à vouloir mettre son grain de sel dans les décisions de la FED n’est certes pas complètement neuve. Directeur du Conseil économique national de Donald Trump, connu pour ses prédictions économiques erronées, Larry Kudlow avait en effet déclaré fin juin souhaiter qu’elle prenne conscience que « plus de gens travaillent et plus la croissance économique se renforce, moins on décèle d’inflation ».
Le mois dernier, le chef de l’exécutif américain himself y était à son tour allé de sa mercuriale, imputant la hausse du dollar à la politique monétaire plus restrictive de l’institution. Un grand mensonge au regard du comportement du yuan, en forte baisse contre l’ensemble des devises de la planète, avec l’assentiment non exprès, mais bien réel, de la Banque centrale chinoise (PBOC). Qu’à cela ne tienne : Donald Trump en a remis une couche la semaine dernière, alors que comme le rappelait Jérôme Revillier hier dans ces colonnes, « une nouvelle hausse de taux est anticipée à plus de 95% lors de la prochaine réunion du comité de politique monétaire le 26 septembre ».
▶ Des intérêts divergents
Une perspective qui déplaît au président des Etats-Unis, lequel a indiqué ne pas être « emballé » par Jerome Powell. Regrette-t-il son choix ? Toujours est-il que le relèvement des taux directeurs de la FED, qui participe d’un processus de normalisation monétaire inévitable, favorise la hausse du billet vert, ce qui fait décrocher l’or (Jérôme vous en parle dans son article du jour), tend à pénaliser les grands exportateurs et, surtout, compromet l’objectif de Donald Trump de réduire le colossal déficit commercial américain.
On peut donc comprendre le ressentiment du successeur de Barack Obama, mais il faut aussi convenir que les banquiers centraux marchent sur des œufs et n’ont en réalité guère le choix. Car la croissance est toujours au rendez-vous outre-Atlantique (+4,2% au deuxième trimestre grâce notamment à la réforme fiscale), les fondamentaux sont solides et les taux ne peuvent rester éternellement bas dans pareil contexte, même si l’économie américaine pourrait bien, paradoxalement, être en fin de cycle.
J’attends maintenant de voir si l’objurgation présidentielle aura une quelconque incidence sur le discours de Jerome Powell à Jackson Hole en fin de semaine. Dans le cas contraire, ce dernier risque fort d’essuyer à nouveau les foudres de Donald Trump…