Jeudi noir pour Rubis (FR0013269123-RUI), groggy en Bourse (-7%) après la publication de comptes semestriels marqués par un recul de 7% du bénéfice net part du groupe à 129 M€.
Le spécialiste de l’aval pétrolier a rapporté avoir pâti de « facteurs externes non-récurrents » au premier rang desquels le rétablissement des sanctions américaines contre l’Iran, qui n’affecte donc pas « que » Total, Alstom ou PSA, et l’a amené à se désengager du pays… et à dénouer des partenariats régionaux, notamment en Inde.
Distributeur de produits pétroliers (pétrole, GPL, carburants et même bitume) et négociant, Rubis contrôle toute la chaîne de distribution, de l’approvisionnement à l’utilisateur final. Le groupe est donc par essence (sans jeu de mots) peu sensible aux variations du cours du baril. L’évolution de la conjoncture géopolitique lui est en revanche défavorable, avec également une structure de prix pétroliers qui affecte l’activité aussi bien en Turquie que dans l’Hexagone.
In fine, ce repli du résultat net part du groupe « neutralise » les progressions de respectivement 8 et 14% des bénéfices brut d’exploitation et opérationnel courant à 258 et 202 M€. De même, l’augmentation de 32% du chiffre d’affaires à environ 2,4 Mds€ à fin juin laisse manifestement les investisseurs de marbre.
▶ Des ratios toujours attractifs, mais…
En termes de prévisions, Rubis s’attend à ce que l’activité opérationnelle poursuive sa progression sur le second semestre, à l’exception de la Turquie. La direction a également fait savoir qu’elle continuait à étudier des projets de développements, tant organiques que par acquisitions. Un motif d’espoir peut-être (et certainement le principal catalyseur du titre aujourd’hui) au regard de la pertinence historique de la politique de croissance externe du groupe, passé maître dans l’art des rachats ciblés et calibrés (je pense par exemple ici aux actifs de distribution GPL du géant pétrolier espagnol Repsol dans les îles portugaises de Madère et des Açores).
Pour l’heure, l’action Rubis cède maintenant un peu plus de 19% depuis le 1er janvier, une baisse que je trouve sévère au vu de la qualité du dossier… mais que je redoutais. Evoquant des ratios attractifs, j’écrivais mi-juillet dans ces colonnes que ceux-ci pouvaient « donner à penser que Rubis (allait retrouver) quelques couleurs d’ici la publication des comptes semestriels », ce qui fut bel et bien le cas. Je tempérais ensuite mon propos : « une déception ce jour-là, sachant que la société continue de prévoir une augmentation de la croissance organique cette année, pourrait néanmoins se payer très cher ».
Au moment où j’écris ces lignes, le titre se paie sur un PER de 16 aux cours actuels et sur un VE/Ebit de 13, soit très exactement les ratios d’il y a deux mois. Faut-il pour autant revenir sur le dossier ? Sauf à être un spécialiste des trades intraday comme mon confrère Mathieu Lebrun, je recommanderais la prudence.
A mon sens, nous entrons en effet dans une phase de digestion et le groupe aura sans doute besoin d’un peu de temps pour changer de braquet, comprenez trouver le moyen de contrebalancer durablement les effets de son exposition malheureuse à l’Iran et à la Turquie.