L’actualité microéconomique est relativement calme ces jours-ci, mais j’avais envie de vous parler ce matin de Thales (FR0000121329-HO). Le groupe d’électronique organise ce mercredi sa journée investisseurs. L’occasion pour lui de lever le voile sur ses objectifs et de faire le point sur Ambition 10, le plan stratégique initié en 2014 par son ex-PDG Jean-Bernard Lévy et dont la première phase s’est achevée avec succès.
Parlons chiffres à présent. Thales a indiqué viser une marge d’Ebit comprise entre 11 et 11,5% d’ici 2021, contre 9,8% l’an passé. Une hausse notable qui tiendrait sa source dans l’amélioration de la compétitivité du groupe, lequel table par ailleurs sur une croissance organique entre +3 et +5% sur la période 2018-2021, avec une « surperformance attendue de tous les secteurs opérationnels de Thales par rapport à leurs marchés », a précisé la société dans un communiqué dévoilé avant séance.
Et son PDG Patrice Caine d’ajouter : « Nous continuerons à développer notre culture client, à intensifier nos initiatives de performance opérationnelle et à renforcer nos investissements en R&D, en particulier pour nous positionner plus encore comme le partenaire stratégique de la transformation digitale de nos clients. »
Telles seront les principales caractéristiques de la seconde phase du plan Ambition 10.
▶ Grâce à Gemalto, Thales se positionne sur deux secteurs porteurs
L’autre « grande affaire » de Thales, c’est bien sûr l’acquisition de Gemalto (NL0000400653-GTO), une opération que le groupe n’a pas délibérément intégrée dans ses objectifs financiers. Il vient de prolonger la période d’acceptation de son offre sur le spécialiste de la sécurité numérique jusqu’au 15 août (à 17h40) et espère toujours la finaliser dans le courant du second semestre.
Pour rappel, l’OPA a été officiellement lancée début mars. Elle porte sur l’intégralité des actions Gemalto au prix de 51,00€ par action (coupon attaché) et est pleinement soutenue par les conseils d’administration des deux groupes.
Je suis ce dossier d’assez près depuis de longues semaines et cette opération présente à mes yeux de nombreux avantages. En fin d’année dernière, Thales avait surenchéri pour littéralement « souffler » Gemalto à Atos, qui avait manifesté son intérêt la première – en tout cas officiellement. Etant donné les déboires financiers du spécialiste de la cybersécurité, qui multipliait les avertissements sur résultats (et par extension les gadins en Bourse), la cible présentait l’avantage de ne pas être trop chère.
En outre, son rachat par Thales a une logique industrielle certaine. Gemalto présente l’avantage d’être présent dans la biométrie et dans l’Internet des objets (IoT), deux secteurs porteurs.
Alors que tout indique que le deal sera conclu d’ici peu, Thales dit anticiper des synergies de revenus et de coûts significatives à la suite de cette transaction. Celle-ci doit aussi contribuer à accroître, je cite, « l’efficacité de la structure du capital, permettant au groupe d’accroitre sensiblement son dividende tout en maintenant une flexibilité financière pour réaliser des acquisitions ciblées ».
Vous l’aurez compris, Thales n’exclut donc pas de nouvelles opérations de croissance externe, avec sans doute pour finalité de devenir l’un des pontes européens de la high-tech au sens large, et non plus « seulement » un grand nom de la Défense. Une belle ambition dont je suis enclin à penser qu’il a les moyens de la concrétiser.
Bonne séance à tous,
Guillaume