Le CAC40 a mal débuté la semaine avec un repli de l’ordre de 1%. Il ne s’agit certes pas d’un mini-krach et cette baisse pourrait sembler logique au sortir de cinq semaines de hausse consécutives depuis la fin août, mais elle pourrait selon moi préfigurer une phase de correction.
C’est d’ailleurs ce que je joue sur SMS Cash Alert, service dans lequel j’ai recommandé à mes abonnés d’acquérir des Put hier matin. A bon escient donc.
Dans ce genre de séance négative, il est toujours intéressant de jeter un œil sur les titres qui parviennent à tirer leur épingle du jeu. Si, en l’occurrence, ce sont essentiellement les valeurs défensives qui ont surnagé, une autre valeur a retenu mon attention : TUI.
Numéro un mondial des voyagistes (qui, chez nous, regroupent des enseignes comme Nouvelles Frontières, Marmara ou encore Look Voyage), le groupe allemand a en effet gagné plus de 6% hier, renouant ainsi avec ses sommets de mai dernier.
Il a évidemment profité de la faillite de son concurrent britannique Thomas Cook, une véritable institution du secteur. Les craintes autour du Brexit, un actionnaire de référence, le chinois Fosun (célèbre dans l’hexagone pour son rachat de Club Med) qui n’a pas voulu remettre au pot, et plus encore une concurrence exacerbée dans le secteur auront eu raison de lui…
Une aubaine à court terme…
Comme toujours dans ce type de défaut, vous avez deux analyses possibles. On peut tout d’abord penser que le défaut de l’un laisse augurer de sombres perspectives pour les survivants. Sur ce premier aspect, un graphique vaut mieux qu’un long discours. Regardez ainsi l’évolution du secteur Travel & Leisure ces dernières années :
DJ STOXX 600 Voyages & Loisirs – TradingView
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On distingue ici une tendance baissière « de fond », avec d’importantes zones de résistance (visibles en rectangles de couleur) qui ne sont jamais contestées et toujours de plus en plus basses. Cela met d’ailleurs en lumière une notion importante en Bourse : celle de zones d’overlaps ou de polarités.
Un niveau d’overlap est une ancienne résistance qui, une fois franchie, voit son rôle se renverser en devenant un support. Et inversement donc ici dans le cas d’une tendance baissière : un ancien support cassé se mue ensuite en résistance. Un simple coup d’œil suffit pour illustrer ce principe sur le secteur Travel & Leisure ces derniers mois. Avec, depuis sa cassure, de nombreux échecs sous un ancien support horizontal devenu résistance donc depuis sa rupture (cf cercle noir).
Le principe ici est que le marché a toujours une mémoire et se « souvient » des niveaux clefs. En d’autres termes, après un flux vendeur initial qui a permis la cassure d’un support clef, quand le marché consolide en remontant vers ce fameux seuil, les opérateurs qui n’avaient pas vu venir l’accélération antérieure vont s’y reprendre à deux fois avant de rester exposés (et risquent donc d’être eux aussi tentés d’alléger au moins leurs achats dans ladite zone). D’où l’émergence d’un nouveau flux vendeur.
Un secteur fragilisé
Autre interprétation possible : l’idée qu’avec moins de concurrents, les « restants » auront davantage de place pour se développer. A l’image de la hausse de TUI hier, ou même de celle d’easyJet (le titre de la compagnie aérienne low cost a progressé de près de 5% hier), le marché a clairement acheté cette seconde option.
Certes, sur le court terme, moins on est nombreux et plus le gâteau à se partager est proportionnellement élevé. Pour autant, au niveau sectoriel, outre les voyagistes et tour-opérateurs, force est d’admettre que les compagnies aériennes ne sont pas non plus à la fête, à l’image d’Aigle Azur et de XL Airways.
Plus largement, j’ai bien peur que les tendances structurelles pour ces acteurs soient quelque peu en perte de vitesse ces dernières années. Gageons au moins que l’apaisement autour des tensions pétrolières va se poursuivre. Car si le secteur doit aussi faire face à une nouvelle flambée du baril, les perspectives bénéficiaires de ce segment s’en trouveraient encore plus amoindries.