L’actualité est incontestablement japonaise ce matin, avec un saisissant télescopage entre l’euphorie boursière et un scandale touchant Kobe Steel qui prend une ampleur planétaire.
Avec une chute de -5,5% du sidérurgiste ce vendredi, vous n’auriez pas donné cher des chances de voir la Bourse de Tokyo briller de mille feux (de hauts fourneaux !) ce matin, mais le Nikkei ignore tout ce qui peut entraver le rally haussier entamé le 2 octobre dernier.
L’indice bondit +0,95% à 21 155, il engrange +2,25% depuis vendredi dernier, il aligne 9 séances de hausse consécutives : il engrange +850 points, ou +4%, depuis le 29 septembre sans jamais avoir consolidé ne serait-ce que de -0,1%.
Le Nikkei s’est même hissé jusque vers 21 200 ce matin durant quelques minutes, inscrivant sa meilleure marque depuis 21 ans pour se rapprocher à 6% de son zénith des 22 500 de juin 1996 (au rythme actuel, il sera retracé avant la mi-novembre !).
Et pourtant, le Japon est affligé par un nouveau scandale : après la condamnation de TEPCO (l’opérateur qui gère notamment la centrale de Fukushima) en milieu de semaine pour dissimulation d’information et mise en danger de la vie d’autrui, c’est au tour de Kobe Steel de faire la une des médias avec le scandale des contrôles qualité truqués.
Kobe Steel reconnaît avoir falsifié la qualité de métaux tels que l’aluminium ou le cuivre vendus par exemple aux groupes français Airbus, PSA, Renault, mais également Boeing et Rolls Royce (moteurs d’avions), Intel, ainsi qu’une trentaine de groupes dans le monde.
L’ampleur des irrégularités (caractéristiques physiques « enjolivées ») reste à déterminer, mais le coût de la fraude pourrait être colossal s’il était avéré que les milliers de tonnes d’aluminium livré à Airbus, Boeing, Rolls Royce ne répondait pas aux normes minimum de résistance ou que le cuivre affichait des niveaux de conductivité inférieurs aux attentes.
Kobe Steel se déclare « écrasé par la honte » mais pourrait surtout se voir écrasé par les pénalités et les pertes de commandes émanant de ses 200 clients industriels à travers le monde.