C’est depuis Washington que le P-DG de Total (FR0000120271), Patrick Pouyanné, a déclaré qu’il ne serait pas surpris « de voir un baril de pétrole à 100 $ dans les prochains mois ». Une déclaration choc pour cet homme peu habitué à soutenir des propos aussi tranchés. Mais, c’est un fait, le Brent est actuellement sur une dynamique haussière.
Et cela fait jaser plus d’un spécialiste. Plus encore depuis qu’il tutoie sérieusement les 80 $… Il a même franchi ce seuil le 17 mai dernier, rejoignant ainsi son plus haut niveau depuis novembre 2014.
Pourtant, à y regarder de plus près rien ne justifie vraiment de tels niveaux. Mis à part l’éventualité d’un embrasement de type Iran/Israël au Moyen-Orient. C’est un scénario envisageable mais auquel je ne crois pas. Il y a bien trop d’intérêts en jeu… Donc, autant vous le dire, je ne suis absolument pas d’accord avec Patrick Pouyanné.
Vous doutez ? C’est normal. L’homme a valeur d’autorité dans le secteur. Mais, les chiffres et autres faits peuvent être tout aussi convaincants… Et ils ne disent pas du tout la même chose.
Brent : rien d’anormal du côté de l’offre et de la demande
Regardez du côté de l’offre de pétrole. A-t-elle diminué significativement ? Non. Elle reste relativement abondante. Certes, les stocks américains ont reculé mais, à 80 $ le baril, la production peut tout à fait se reprendre. À ce prix-là, le pétrole de schiste est de nouveau exploitable.
Ce qui pourrait tout à fait compenser l’effondrement de la production vénézuélienne lié à la sérieuse crise politico-économique qui tourmente actuellement le pays. Pour rappel, le Venezuela doit composer à la fois avec la faillite de son économie et les sanctions américaines auxquelles il s’est exposé après la réélection controversée de son président, Nicolas Maduro. Et, même sans le schiste américain, l’Opep veille au grain, prête à augmenter le volume, extensible, de sa propre production si besoin.
Rien d’alarmant non plus du côté de la demande. Pas d’emballement de prévu puisque la hausse des prix ne viendra pas stimuler la consommation, au contraire. L’Agence internationale de l’énergie (IEA) estime même que celle-ci sera plus modérée qu’attendu sur le second semestre, avec une hausse de 1,4%.
Vers une temporisation des prix de l’or noir
Vous le voyez, aussi bien du côté de la demande que du côté de l’offre, rien ne milite pour une flambée des cours de l’or noir à moyen terme. Je pense même que les prix vont temporiser et revenir dans la zone des 60-70 $.
Voilà sans doute pourquoi les opérateurs ne paniquent absolument pas en ce moment. Au contraire, ils mettent à profit les niveaux actuels et jouent à fond la thématique, et ils s’en donnent à cœur joie pour ramasser valeurs pétrolières et autres parapétrolières. [Vous souhaitez vivre du trading ? De VOTRE trading ? C’est possible, même si vous êtes débutant. Je vous en dis plus par ici…]