Décidément, Trigano (FR0005691656-TRI) n’a plus la cote ! Les gérants semblent sortir du spécialiste des camping-cars, qui a déjà vécu un exercice compliqué sur le plan boursier en 2018 et abandonne encore près de 9% depuis le début de l’année. L’action cote actuellement autour de 74€, très loin de son plus haut historique de 180€, atteint l’an passé.
Un décrochage d’autant plus déroutant que l’exercice 2017/2018 a été de qualité, avec un chiffre d’affaires en hausse de 9,5% en organique et un bond de 54,8% du bénéfice opérationnel courant à 229,9 M€, d’où une marge en progression de 120 points de base à 9,9%.
Quant à la situation financière, elle demeure pleinement maîtrisée avec par exemple une dette nette de 74 M€ qui représente moins de 10% des capitaux propres.
L’Assemblée générale doit entériner dans les prochaines heures le versement d’un dividende de 2€, procurant un rendement honorable de 2,8%, mais le nouvel exercice n’a pas commencé sous les meilleurs auspices.
L’exercice 2018/2019 a mal débuté
Dévoilé ce lundi avant séance, le chiffre d’affaires a ainsi reculé de 1,2% en données organiques au premier trimestre à 577,8M€, ce qui fait désordre par rapport aux chiffres annuels que j’évoquais plus haut. Et si ce repli reste modéré, son explication inquiète. La conjoncture est en effet plus que délicate au Royaume-Uni, pays où Trigano est très exposé, avec des incertitudes chroniques quant aux modalités du Brexit. Par ailleurs, un phénomène de déstockage a commencé à poindre chez les distributeurs du Vieux Continent.
Le groupe devra composer avec lui et a de toute façon annoncé la couleur dans son communiqué paru hier en prévenant que sa dynamique pourrait être perturbée par la détérioration du climat économique au Royaume Uni, mais aussi en France et en Italie.
Il faut bien comprendre que les camping-cars, au même titre que les bateaux ou encore les voitures de luxe, sont les premiers produits touchés en cas de retournement du cycle économique. Ce ne sont, il est vrai, pas des biens de première nécessité et il est possible de s’en passer sans pour autant complètement changer de niveau de vie.
Il me semble néanmoins que la punition est très sévère pour Trigano, dont la capitalisation boursière est revenue sur des niveaux de 1,42 Md€.
Ses ratios boursiers commencent en tous les cas à redevenir attractifs, la valeur se payant par exemple sur un PER de 7,5 ou encore sur une VE/ROC de 6…
Sauf à imaginer une spectaculaire récession en Europe à laquelle je ne crois absolument pas, il me semble qu’une fois la déception de l’activité trimestrielle intégrée – et digérée – le titre sera mûr pour un rebond.
D’une manière générale, il permet quoi qu’il en soit de jouer ce monde des seniors au même titre que les Orpea, Korian et autres LNA Santé, les fameux spécialistes des maisons de retraite.
