Très éprouvant pour les marchés d’actions, le mois d’octobre 2018 n’aura rien eu à envier à celui d’octobre 2008. Pour autant, rien à voir avec l’atmosphère de fin du monde de l’époque !
C’est en quelque sorte une « respiration », certes un peu profonde, après une hausse à perdre haleine de onze trimestres sans aucun retracement de plus de 5% (depuis février 2016).
N’oublions pas en effet que certains indices américains ont pris plus de 50% depuis début novembre 2016, aussi convient-il de relativiser l’épisode correctif d’octobre, au terme duquel le Dow Jones a reculé de 5,1%, le S&P500 de 7% (son repli le plus marqué depuis septembre 2011 tout de même) et le Nasdaq de 9,2% (sa plus mauvaise performance depuis novembre 2008).
Mention spéciale enfin pour le Russell2000, qui en cédant 10,9% a subi sa pire correction depuis 7 ans.
Bref, pour reprendre une expression en vogue : « ça pique » un peu… et ça tombe plutôt mal, à quelques jours des élections de mi-mandat, puisque Donald Trump a fait de l’euphorie de Wall Street le baromètre de la popularité de sa politique économique.
L’effacement des gains annuels sur le « Dow » et le « S&P » pourrait en conséquence semer le doute chez ses électeurs et agacer les riches et ultra-riches qui composent l’essentiel des effectifs du parti Républicain.
Ce n’est donc pas un hasard si le président américain a publié un tweet vers 15h15 hier dans lequel il s’est targué d’avoir décroché son téléphone et d’avoir mené une « longue et constructive discussion » avec le leader chinois Xi Jinping au sujet des échanges commerciaux entre les deux pays… Donald Trump n’a pas non plus manqué de se réjouir « d’avancées » dans le dossier nord-coréen (dont il précisera la nature ultérieurement, cela va de soi).
J’aurais vraiment aimé être une petite souris dans le Bureau ovale pour pouvoir vérifier si la « longue discussion » a duré plus de 3 minutes avant que Xi Jinping ne lui raccroche au nez ; et en ce qui concerne les avancées avec la Corée du Nord, le seul aspect réjouissant est que la presse occidentale se préoccupe d’avantage de « MBS » et du changement d’approche occidentale sur la guerre au Yémen que de la poursuite du programme nucléaire de Pyongyang ! Wall Street n’a cependant pas l’esprit aussi mal tourné que le mien et a pris le tweet du locataire de la Maison-Blanche pour argent comptant.
▶ … mais les marchés actions n’ont plus envie de baisser
Mais peu importe le ou les prétextes, car cela fait 48 heures que les marchés actions n’ont plus envie de baisser, le test d’importants supports graphiques ayant coïncidé avec une forme d’épuisement de la pression vendeuse.
Le « technique » ne plaide plus pour la baisse, le « psychologique » plaide pour la hausse et les séances de reprise s’enchaînent, notamment sur le Nasdaq, qui a aligné une quatrième séance de hausse consécutive (avec un gain de 1,75%) pour saluer l’entame du mois de novembre.
Une entrée en matière encourageante quand on sait que, statistiquement, tous les mois de novembre depuis la crise ont été positifs (sauf en 2012) avec même, à en croire CNBC, un gain moyen de 1,5% depuis 1952. Ce score pourrait de surcroît être largement dépassé si les entreprises américaines procèdent à des rachats de titres comparables à la moyenne des trois trimestres précédents, soit 250 Mds$.
Et pour achever de vous convaincre que novembre pourrait « venger » les victimes du mois d’octobre, sachez aussi que Donald Trump s’apprête à signer un décret permettant aux banques de réduire leurs ratios de couverture afin d’augmenter leurs capacités de prêts et d’accroître leur levier sur les marchés financiers.
A se demander si Xi Jinping – lors de l’entretien téléphonique avec Trump ce jeudi – n’a pas vanté les mérites du mécanisme de baisse des réserves obligatoire des banques, activé par la PBOC, la Banque centrale chinoise, à trois reprises cette année afin de stimuler artificiellement le cycle économique. Et comme ça ne fonctionne plus en Chine, le dirigeant chinois n’a sans doute pas pu résister à la tentation de proposer cette fausse bonne idée à son homologue américain, lequel a complètement oublié comment la crise de 2008 s’est enclenchée…
Entre les déclarations de Trump et de Yellen, le marché choisit… les trimestriels