Depuis le début de l’année deux des fleurons du secteur des medtechs sont en mauvaise passe : Mauna Kea et Stentys. En effet, sur 2014, ces deux valeurs connaissent des performances boursières assez catastrophiques.
Mauna Kea : -50% depuis le 1er janvier
Commençons par Mauna Kea (FR0010609263). L’action a tout récemment touché son plus bas niveau en Bourse depuis son introduction il y a un peu plus de 3 ans. Elle perd par ailleurs près de 50% depuis le début de l’année et 66% depuis sont plus-haut de 15,30 euros de la mi-mars. Sa capitalisation boursière est revenue à 73 millions d’euros…
En dépit de ses succès commerciaux et autres homologations dans de nombreux pays, la medtech souffre d’un net ralentissement de son activité. Son chiffre d’affaires, par exemple, a reculé de 5% sur le T2 à cause des rabais consentis dans ventes du Cellivzio aux Etats-Unis. Mais c’est une manière de pénétrer le marché et de se positionner lorsque l’on est si petit et que l’on n’a pas les moyens d’imposer ses prix. Quoi qu’il en soit, la croissance annuelle attendue pour cette année a été revue à la baisse à 20%, contre 40% initialement.
Pour ne rien arranger, les résultats semestriels ne sont pas bons avec une perte nette de 7,3 millions d’euros pour un chiffre d’affaires en progression de seulement 6% à 4,6 millions d’euros. Rares sont les investisseurs particuliers qui réagissent positivement à ce genre d’annonces… Ils préfèrent se dessaisirent du dossier alors que l’on sait que le Cellvizio est très prometteur et a fait ses preuves.
Mais que voulez-vous : dans ce genre de secteur, les sociétés sont tellement survalorisées et que le moindre accident de parcours se paye cash. Et puis la mode n’est pas du tout au hold and buy sur les marchés.
Stentys : -47% depuis le 1er janvier
Passons maintenant à Stentys (FR0010949404). Introduite en Bourse il y quasiment 4 ans, le spécialiste des stents connaît également une annus horribilis… L’action dévisse de 58% depuis sont petit rebond de début d’année sur les 12 euros : à moins de 5 euros, Stentys est au plus-bas depuis son introduction et sa capitalisation est revenue à 55 millions d’euros.
Remarquez, sur 4 ans, on peut dire que la performance de cette medtech pourtant très prometteuse sur le papier est catastrophique.
Là encore, les mauvaises nouvelles se sont enchaînées : fin juillet Stentys a dû suspendre sa dernière étude sur son stent nu pour se concentrer sur la nouvelle génération de stents à élution. Sans rentrer dans les détails techniques, des difficultés aux Etats-Unis – notamment en termes de recrutement – ont conduit la société à privilégier un produit plutôt qu’un autre… Dès cette annonce, Gilbert Dupont a abaissé son objectif de cours de 15,50 euros à 10,90 euros… Une énorme dégradation.
Il faut également ajouter à ce tableau le report de la publication des résultats, initialement fixée à fin août, à fin septembre. En général, c’est mauvais signe… et Stentys n’a pas échappé à la règle : elle affiche une perte nette de 13,2 millions d’euros due à une provision de 5,3 millions d’euros sur l’arrêt du stent nu. Là encore, les investisseurs ne sont pas dupes et ne veulent pas surpayer des dossiers sur lesquels les risques s’amoncellent…
Investir sur les biotechs et les medtechs est quelque chose de compliquée pour qui n’est pas spécialiste. En effet, savez-vous combien il y a de gérants français à même de juger de la pertinence médicale et scientifique d’une bio ou d’une medtech ? Franchement j’ai rencontré beaucoup de gérants : quasiment aucun n’en sont capable. Alors, ils spéculent comme vous, comme les autres, sur un succès futur, quitte après à s’en mordre les doigts et à vendre souvent sans discernement…