Avec une progression de près de 21% de l’action depuis le début de l’année, L’Oréal (FR0000120321-OR) va bien ! La valorisation du numéro un mondial des cosmétiques dépasse actuellement les 136 Mds€, ce qui fait de lui la deuxième « capi » française derrière LVMH, mais devant Total.
Il faut dire que les comptes du premier trimestre ont été de grande qualité, avec une progression de 11,4% du chiffre d’affaires en comparaison annuelle à 7,55 Mds€, au-dessus de l’estimation consensus. Ressortie à 7,7%, la croissance organique a elle aussi dépassé les attentes des analystes (ces derniers tablaient sur +6,6% en moyenne), tirée par le dynamisme des branches « Luxe » (+14,2%) et « Cosmétique Active » (+13%), lesquelles pèsent respectivement 35 et 8% des revenus globaux.
Des brokers divisés…
Autre bonne nouvelle : L’Oréal ne perçoit pas d’inflexion ou de fléchissement de tendance en Asie. Au contraire, les ventes sur le continent ont crû de 23,2% pour atteindre 27% du chiffre d’affaires total. Un bond qui tranche avec les hausses modestes de respectivement 1,2 et 1,1% enregistrées en Amérique du Nord et en Europe.
Malgré cette publication de très bonne facture, l’action est toutefois restée assez stable ces derniers jours, comme si les investisseurs ne voulaient pas prendre position.
Du côté des brokers, Bryan Garnier, toujours positif sur le dossier, a relevé son objectif de cours de 230 à 255 €. Oddo a en revanche réitéré son opinion « neutre », jugeant le titre largement valorisé, tandis que Citi, doutant de la capacité de L’Oréal à poursuivre sur une telle lancée, préconise de le vendre.
Dans ce contexte, l’action patine, ce qui ne me surprend guère. Je suis en effet moi aussi assez mal à l’aise avec la valorisation actuelle, que je trouve extrêmement tendue. Et ce même si les croissances organiques se sont révélées supérieures aux prévisions et qu’il convient d’appréhender L’Oréal comme un acteur du luxe, et non comme un simple distributeur de produits de beauté.
… et des ratios très élevés…
J’ai calculé tous les ratios jusqu’en 2020 en « pricant » de fortes croissances ainsi qu’une amélioration de la rentabilité, avec une marge d’Ebitda supérieure à 23% à l’entame de la prochaine décennie, contre 21,7% l’an passé. Je tombe sur un PER de 29 rédhibitoire. La VE/Ebitda dépasse quant à elle les 18, alors que la VE/CA est de l’ordre de 4.
Moyennant quoi, l’action me paraît mûre pour des prises de bénéfices, avec un repli de l’ordre de 5 à 7%. Ce serait quoi qu’il en soit beaucoup plus sain que de voir L’Oréal continuer sa course en avant avec des ratios stratosphériques, avec des risques croissants de réel décrochage a posteriori.
N’oublions pas non plus qu’il y a tout juste un an, le pacte d’actionnaires entre Nestlé et L’Oréal a pris fin, laissant la porte ouverte à toutes les spéculations. Pour l’instant, il ne s’est rien passé, mais le géant helvète de l’agroalimentaire détient toujours 23,2% du capital, contre plus de 33% à la famille Bettencourt. On peut douter que cette dernière soit disposée à racheter la participation du géant suisse, évaluée désormais à quelque 31 Mds€, par-delà la très bonne situation financière du leader mondial des cosmétiques, dont la trésorerie nette s’élevait à 2,8 Mds€ au dernier pointage.