Les marchés n’ont pas fait grand-chose hier. Ni en Europe, ni à Wall Street où les indices ont finalement clôturé à l’équilibre, un heureux épilogue étant donné le repli affiché à la mi-séance).
Seule ombre au tableau : la correction de 0,9% du Dow Transport, un précurseur de l’activité manufacturière.
A noter également l’intervention à Davos de Jamie Dimon, le CEO de JPMorgan, qui à l’occasion du célèbre forum a pointé l’accumulation d’éléments négatifs qui pèsent sur l’économie, ce que Wall Street n’a cependant mis qu’une demi-séance à digérer.
Et c’est alors que LA grosse actualité est tombée : un coup d’Etat au Venezuela ! Constitutionnel du point de vue du vice-président Juan Guaido, qui s’est autoproclamé « président en exercice », et inconstitutionnel selon la vision de Nicolas Maduro, lequel a dénoncé un complot fomenté par les Etats-Unis.
A sa décharge, il fut assez troublant de constater la reconnaissance immédiate par Washington de Juan Guaido comme « président par intérim ». Les principaux alliés des Etats-Unis dans la région n’ont pas non plus tardé à réagir, le Canada, l’Argentine, le Costa Rica, le Chili, la Colombie, l’Equateur (pays voisins), le Chili, le Paraguay et bien entendu le Brésil de Jair Bolsonaro, le plus pro-Trump des dirigeants d’Amérique du Sud, ayant emboîté le pas de l’Oncle Sam en un temps record.
Main basse sur le pétrole offshore ?
De son côté, Nicolas Maduro a donc fustigé une tentative de coup d’Etat destinée selon lui à mettre la main sur les gigantesques réserves de pétrole offshore du pays, considérant que sa production d’or noir s’est effondrée ces trois dernières années faute de crédits pour entretenir les installations pétrolières. Un manque de crédits imputé aux Etats-Unis, initiateurs d’un embargo bancaire dévastateur et qui ne s’applique pas qu’aux seuls investisseurs américains, mais aussi à tous les pays alliés.
Seules la Chine et la Russie ont continué de braver cet interdit, tandis que la Bolivie et Cuba ont poursuivi les échanges commerciaux avec le Venezuela.
La première riposte de Nicolas Maduro aura été de rompre les relations avec les États-Unis et d’exiger de ses compatriotes diplomates de quitter le pays dans un délai de 72 heures. Une décision que Juan Guaido s’est empressé d’invalider sur Twitter.
Le successeur d’Hugo Chavez appliquera-t-il les mêmes sanctions aux diplomates des pays d’Amérique du Sud qui ont eu l’outrecuidance de reconnaître quasi-simultanément Juan Guaido en tant que président du Venezuela par intérim ? Décrètera-t-il un embargo pétrolier à l’encontre des Etats-Unis ?
Maduro tient encore l’armée et la police
Pour l’heure, Nicolas Maduro conserve le contrôle de l’armée, tandis que Juan Guaido est largement majoritaire au Parlement et dans la rue. Dans ce contexte, le pire des scénarios est à redouter : une répression sanglante du coup d’Etat et l’invalidation du statut de vice-président (pour haute trahison) du premier d’entre eux, en l’occurrence Juan Guaido.
Alors que la police vénézuélienne semble toujours obéir au président élu et tente de disperser les manifestations géantes (plusieurs centaines de milliers de personnes à Caracas) anti-Maduro, deux constats interpellent : l’absence de mouvement sur les marchés pétroliers et l’absence de couverture des événements en cours par les principales chaînes généralistes et financières américaines, mais également britanniques, françaises… qui relayent à peine l’appel de Bruxelles à l’organisation d’élections démocratiques au Venezuela.
Une belle suggestion, mais qui les organisera ?
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