Selon les chiffres communiqués par la BRI (Banque des règlements internationaux) il y a 9 mois, les volumes moyens quotidiens des échanges sur devises atteignaient 5 300 milliards de dollars (contre 4 000 Mds$ en 2010).
Compte-tenu des 150 Mds$ d’injections mensuelles de la Fed, de la Banque d’Angleterre et de la BoJ, une estimation de 6 000 Mds$ à l’entame de l’année 2014 me paraît être une estimation basse. L’encours se répartit presque à 50/50 sous forme de swaps et de transactions au comptant.
Pour résumer, nous avons une augmentation de de près de 40% des volumes quotidiens sur le Forex en 2013. C’est plus de double de l’augmentation de +19% enregistrée entre 2007 et 2010 !
Et il s’agit purement de hot money spéculative comme le démontre la ventilation des encours. Les volumes attribués aux « banques moyennes + investisseurs institutionnels + fonds d’investissement + sociétés de trading pour compte propre » ont explosé de 50% en 4 ans, contre +34% pour les courtiers, +9% pour les sociétés non financières, et moins de 1% pour les banques centrales et fonds souverains.
source : BRI
Le poids des transactions spéculatives impliquant le dollar dans les échanges mondiaux s’est encore accru et concerne 87% des paires de devises traitées !
Le volume d’activité sur le Yen a également explosé et concerne 25% des échanges (contre 19% en 2010). Cela s’explique par la montée en puissance des stratégies de carry-trade : emprunts de Yen aussitôt vendus à découvert au profit de monnaies plus rémunératrices vu la déferlante de liquidités imprimées par la BoJ.
Ce château de carte spéculatif ne tient que sur la conviction que le coût de l’emprunt des sommes engagées sur le Forex et sur des stratégies en levier sur les dettes à haut rendement va rester nul sur les 12 ou 18 prochains mois. Et puisque les banques centrales sont infaillibles, alors les dettes souveraines ne représentent plus le moindre risque quel que soit le degré d’insolvabilité des Etats qui les émettent (Grèce, Portugal, Irlande qui a fait son grand retour la semaine dernière). Le risk on reprend les commandes. Il devient donc tout à fait rationnel d’accumuler autant d’emprunts périphériques que le permettent les achats à crédit. Les banques se lancent dans la course éperdue au rendement, avec le plein soutien de la BCE qui rappelle en permanence qu’elle peut à tout moment injecter de l’argent pour garantir la poursuite du processus de réduction de la fragmentation (écarts de taux entre le Bund et les emprunts périphériques).