C’est incontestablement le gadin de la semaine en Bourse. Zodiac Aerospace (FR0000125684) a subi une séance cauchemardesque mercredi, perdant 18,8% pour un volume représentant 3% de son capital.
Un résultat opérationnel plombé…
Il faut dire que l’équipementier aéronautique a jeté un froid en annonçant lors de sa publication de son chiffre d’affaires annuel 2014-15 que son résultat opérationnel courant allait plonger de 40% sur le même exercice. Une annonce due aux surcoûts liés aux retards dans la production de sièges d’avions et aux pénalités versées aux clients en dédommagement. En réalité, ce profit warning était déjà attendu de longue date : le 12 juin dernier, le groupe avait indiqué que l’objectif de résultat opérationnel proche de celui de l’exercice 2013-14 ne serait probablement pas atteint.
Néanmoins, la baisse de 40% n’était absolument pas anticipée par les investisseurs qui ont été pris à contre-pied. Ils attendaient plutôt un recul de « seulement » 20%. Lorsque vous avez une telle différence, vous changez du tout au tout votre modèle de valorisation, ce qui explique la chute violente de mercredi. Des gérants ont dû liquider leurs positions à tout prix.
…à cause d’un enthousiasmant développement du carnet de commandes
Le problème des sièges vient du fait que Zodiac a pris trop de commandes auprès de Boeing (US0970231058-BA) et Airbus (NL0000235190-AIR) et n’arrive finalement pas à les satisfaire. À vrai dire, ces retards récurrents révèlent un véritable problème industriel de fond pour l’entreprise : l’incapacité pour l’entreprise florissante à gérer sa croissance et le développement de son carnet de commandes… Or, travailler avec Boeing et Airbus implique d’être irréprochable sous peine de se voir infliger des pénalités conséquentes. À la fin du 1er semestre, il restait encore à Zodiac quelque 1 700 sièges en retard à livrer. Pour le groupe français, il s’agit tout de même du 5ème avertissement sur résultat en un an et même si Olivier Zarrouati, le président du groupe, se dit relativement confiant avec des surcoûts restants évalués à moins de 20 M€ sur 2015-16, le divorce avec la Bourse semble bel et bien consommé. Jugez vous-mêmes : en six mois, l’action a perdu 1/3 de sa valeur retrouvant une capitalisation boursière de 6,6 Mds€.
L’exercice actuel est donc absolument crucial pour l’entreprise. Il lui faut retrouver la confiance des investisseurs et ne pas non plus perdre celle de ses principaux clients. Un vrai challenge pour Zodiac qui pourrait bien subir à nouveau le coût des retards sur l’exercice actuel… avant un nouveau départ en 2016-17 ?