Si nous en croyons les commentaires lus ces derniers jours, le Nasdaq déjoue tous les pronostics en écrasant la concurrence au troisième trimestre, malgré des PER astronomiques, malgré l’anticipation d’une grande rotation en faveur de l’Eurozone – qui ne s’est jamais enclenchée. Et pourtant, après la nette surperformance du Nasdaq au premier semestre (+5% par rapport aux autres indices américains et à l’Eurostoxx50), les opérateurs ne misaient pas cher sur les chances du Nasdaq de s’imposer comme leader pour un troisième trimestre consécutif.
Mais toutes ces considérations se brisent sur une réalité technique qui broie les arguments rationnels : « la tendance est votre amie », une autre façon de dire : buy high, sell higher.
La dernière séance de la semaine, du mois, du trimestre, fut l’occasion ou jamais de propulser le Nasdaq Composite au-delà des 6 460/6 470 points. Mission accomplie, et l’indice a tutoyé les 6 500 (à 6 498 au plus haut), soit +5,75% de gain trimestriel et quasiment +21% de gain annuel. Ce mois de septembre constituait le 13e mois positif sur une série de 15, le 15e sur une série de 19… Le ciel semble la seule limite !
Existe-il encore un objectif graphique qui fasse figure de grand rendez-vous et pouvant occasionner un coup d’arrêt au bull market ? Techniquement, le Nasdaq s’extrait par le haut d’un triangle et valide mécaniquement un objectif de 6 700 points.
La vague haussière qui se propage sans aucune consolidation depuis le début du mois de février 2016 trouve son origine vers les 4 300 points : le Nasdaq engrange donc +51% et le prochain objectif de Fibonacci (+61,8%) induit un potentiel de hausse jusqu’à 6 900 points.
Au cours des 20 derniers mois, la pire correction mensuelle ne dépasse pas 2,2% et remonte à juin 2016 – elle est consécutive au Brexit et fait figure d’accident de parcours : il n’a fallu que deux semaines pour effacer ce faux pas.
La vague de hausse actuelle rappelle fortement, par sa structure funiculaire et implacablement bullish, la série de gain de fin octobre 2012 à début février 2014 qui vit le Nasdaq surgir de 2 810 à 5 830 points (+110% en 15 mois..). Et l’exemple de bull market le plus échevelé remonte à la période d’octobre 1998 à mars 2000, avec 15 mois de hausse inégalés (+234,5%, entre 1 500 et 5 130 points), et 4 mois de consolidation (février, avril, juin 1999 puis janvier 2000).
Il y donc deux façons d’analyser la situation :
- soit nous considérons que la situation technique est explosive parce que les valorisations ne sont plus reliées aux fondamentaux passés, présents ou futurs ;
- soit nous estimons que puisque la hausse se propage sans avidité, que les petits porteurs ne sont pas massivement entrés (contrairement à 1999/2000 et 2005/2007), donc puisque rien ne caractérise le développement d’une bulle… il n’y a pas de bulle.
Les marchés bénéficient d’un environnement monétaire sans précédent connu, donc si 15 ou 19 mois de hausse pouvaient donner le vertige dans « le monde d’avant »… il n’y a rien à craindre dans ce nouveau monde où les banques centrales font les prix et annihilent toute volatilité. De toute façon, elles sont les seules à faire le marché.