Dans une très bonne dynamique depuis le début de l’année, au point de s’être rapprochée des 12,75€ hier en clôture, l’action Air France-KLM (FR0000031122-AF) dévisse en ce mardi matin, cédant quelque 11,4% dans des volumes particulièrement étoffés (près de 5,3 millions de titres avaient déjà été échangés autour de 10h). Le transporteur accuse ce faisant la plus forte baisse du SBF120.
Sans doute également enclins à des prises de bénéfices, les investisseurs prennent fort mal l’annonce de l’entrée au capital de l’Etat néerlandais. Ce dernier détient à présent une participation de 12,68% dans Air France-KLM. Il a de surcroît fait part de son intention de la renforcer pour la porter au niveau de celle de son homologue français, laquelle est aujourd’hui légèrement supérieure à 14%.
Très inattendue, cette évolution du tour de table tient pour partie sa source dans les tensions entre Pieter Elbers, président du directoire de KLM, et Benjamin Smith, le nouveau « big boss » du groupe franco-néerlandais, qui à en croire les informations de nos confrères de Bloomberg a un temps envisagé de s’en séparer, avant de se raviser et de le confirmer à son poste.
Paris n’avait pas été informée
Cette entrée au capital de l’Etat néerlandais, qui selon le ministre des Finances Wopke Hoekstra a déboursé 680 M€ dans le cadre d’un processus déclenché le 20 février dernier, est par ailleurs intervenue sans information préalable ni au conseil d’administration, ni à l’Etat français, a rapporté – ou plutôt déploré – le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire.
Et d’ajouter, après avoir « pris acte », et « (réaffirmé son) soutien à la stratégie de l’entreprise et de son management », en ne faisant guère mystère de son courroux face à une attitude jugée cavalière et inconvenante : « Il est essentiel de respecter les principes de bonne gouvernance et qu’Air France-KLM soit géré dans l’esprit de son intérêt social sans interférence étatique nationale. »
Les spécialistes du dossier se souviennent que la direction de KLM avait mal vécu la succession de mouvements sociaux dont son partenaire avait pâti l’an passé, mouvements d’une ampleur telle que plusieurs voix s’étaient interrogées quant à la survie même d’Air France.
Une autre forme d’incertitude, peut-être plus pernicieuse, mais aussi plus profonde, a brusquement point en ce milieu de semaine. Ceux qui espéraient une remontée en flèche de l’action en sont sans doute pour leurs frais…