Un article au titre délibérément provocateur publié en « une » sur Market Watch fait le buzz aujourd’hui à Wall Street : l’auteur – Brett Arends – tente de convaincre la communauté financière qu’Apple (NASDAQ: AAPL) est loin de mériter son statut d’invulnérable coffre-fort aux 203 Mds$ de cash, auquel les optimistes rajoutent 36 Mds$ d’actifs quasi-liquides.
L’auteur, qui a décortiqué les comptes de la première à la dernière page, souligne qu’Apple support également une dette de 147,5 Mds$ plus 31 Mds$ de passif hors-bilan.
Et les fameux 203 Mds$ de cash (parqués dans une myriade de paradis fiscaux) se verraient amputés de 59,2 Mds$ (soit 29%) d’impôts et taxes si jamais il prenait aux dirigeants d’Apple la fantaisie de redistribuer cette manne aux actionnaires américains (et surtout aux grands fonds qui gèrent les retraites).
Mais il y a plusieurs failles dans le raisonnement: tout d’abord, il n’est pas pertinent de retrancher mécaniquement l’endettement du montant des liquidités disponibles comme si l’argent était dû à la fin de la semaine prochaine (ou d’ici les résultats qui seront publiés le 27 octobre prochain).
D’autre part, s’il fallait verser de l’argent au Fisc, ce serait seulement sur la fraction à distribuer et non sur la totalité de l’argent stocké de façon parfaitement cynique hors des pays où Apple gagne le plus d’argent (des gains gommés par le système des holdings immatriculées en off-shore).
Enfin, Apple aurait en quelque sorte les moyens de payer l’addition puisque ses réserves de « cash » ont explosé de 50Mds$ sur les 12 derniers mois écoulés grâce essentiellement au succès de l’i-Phone 6.
Mais cet article nous interpelle tout de même sur le montant des réserves d’Apple, qui sont désormais nettement supérieures au PIB de la Grèce (de 20% environ), et en second lieu sur la pratique d’une évasion fiscale, massive et systématisée qui participe grandement aux déséquilibres budgétaires des pays où les contribuables succombent au logo à la pomme.
Oui, de ce point de vue, les acheteurs sont bien « des poires » puisque l’énorme marge qu’Apple se fait sur leur dos file tout droit vers des paradis fiscaux.