BNP Paribas (FR0000131104-BNP) publiera ses résultats 2018 demain et le moins que l’on puisse dire est que le marché se montre très frileux dans cette attente. Il faut dire que le secteur bancaire est à la peine depuis plusieurs semaines. Un peu avant Noël, Natixis (FR0000120685-KN) avait en effet averti sur ses revenus du quatrième trimestre 2018, avant que Société Générale (FR0000130809-GLE) ne fasse de même mi-janvier. Depuis, UBS a fait vaciller le secteur fin janvier et sa compatriote suisse, la banque privée Julius Baer, a déçu le marché pas plus tard qu’hier. Bref, difficile de faire pire en termes de newsflow !
Il faut dire que l’environnement n’est guère porteur, avec en particulier la concurrence accrue des fintechs et la montée en puissance de la banque en ligne, qui mettent sous pression le modèle traditionnel de la banque de détail (agences bancaires).
Pour ce qui de la banque d’investissement, les difficultés sur les marchés financiers liées à la forte volatilité enregistrée au dernier trimestre 2018 sont encore dans toutes les têtes. Et puis le contexte obligataire demeure très défavorable…
A l’aune de son compte-rendu de la semaine dernière, la FED semble bien partie pour lever le pied en matière de resserrement monétaire. Or, une remontée durable des taux longs constitue un important facteur de soutien pour le secteur.
Malheureusement pour lui, celle-ci ne semble pas à l’ordre du jour d’autant que, effet ciseau défavorable, les taux courts, eux, remontent. Nous assistons donc à une inversion de la courbe des taux qui plombe littéralement un secteur qui, d’un point de vue historique, « vit » précisément de l’écart entre taux longs et taux courts. Bref, les perspectives ne sont guère reluisantes et même l’attrait d’un copieux dividende ne semble désormais plus suffire pour redonner confiance.
Le dividende ne séduit plus les investisseurs
Reprenons le cas de Natixis. En dépit de son « warning » de la fin de l’année dernière, le groupe a confirmé la perspective du versement d’un dividende exceptionnel de 1,5 Md€ d’euros (une fois la cession des activités de banque de détail à BPCE). Couplé à un taux de distribution maintenu quant à lui à 60% du résultat net pour le dividende ordinaire (la publication des résultats 2018 étant attendue la semaine prochaine), nous arrivons à un rendement total qui devrait facilement dépasser les 10% sur les cours actuels.
Dans une moindre mesure, on retrouve également l’attrait du coupon chez Société Générale, qui doit verser un dividende de 2,20€ à ses actionnaires au printemps prochain, d’où un rendement instantané qui, avec la baisse récente du titre, avoisine désormais les 9%.
Pour autant, avec un titre qui retombe dans le bas de son canal ascendant de moyen terme (visible en bleu clair + flèches de couleur ci-dessous), le moins que l’on puisse dire c’est que les investisseurs ne se bousculent pas au portillon pour se placer.
Plus largement, une chose m’a surpris dans le rebond amorcé fin décembre : le fait que le CAC40 soit parvenu à renouer avec les 5 000 points sans le soutien du secteur bancaire.
A partir de là, deux options sont possibles : un rebond dudit secteur offrant un nouveau soutien à l’indice phare, lequel pourrait prolonger sa reprise en direction des 5 100 voire des 5 200 points ; ou une poursuite du décrochage, alors que les banques n’ont cessé d’être vendues depuis la fin décembre.
Quoi qu’il en soit, un actif qui sous-performe et « n’y va déjà pas » dans un marché en mode « risk-on », comme c’est le cas actuellement, a statistiquement peu de chances de rebondir en cas d’appétit moindre pour le risque. Auquel cas, voir l’ensemble du secteur bancaire retomber sur ses planchers de 2012 (le rectangle bleu clair + flèches vertes sur le graphique hebdomadaire ci-dessous) n’aurait selon moi rien de surprenant…
La Société Générale sort peu à peu des radars des investisseurs