Encore une déception pour les actionnaires de la Société Générale (FR0000130809-GLE). Emboîtant le pas de Natixis, la banque rouge et noir a en effet émis un sales warning jeudi dernier, avec l’anticipation assez inattendue d’un décrochage de 20% de ses revenus provenant des activités de marchés et des services aux investisseurs au titre du quatrième trimestre. Cette baisse tient sa source dans les difficultés rencontrées par les marchés actions en fin d’année dernière, avec de (très) fortes secousses baissières, mais aussi un effondrement des cours du pétrole.
Ce contexte n’a pas fait les affaires de « SG », qui a également dû enregistrer une charge exceptionnelle de l’ordre de 240 M€ liée à des cessions en cours de finalisation dans les comptes de ce même dernier trimestre 2018.
Et si le groupe a également fait état de performances solides dans la banque de détail ou encore le financement et le conseil, il en faut visiblement plus pour rétablir la confiance des investisseurs. En recul de 5,7% jeudi, l’action n’a du reste pas enregistré de rebond technique depuis, clôturant encore en baisse de 1,2% et cédant quelque 3% ce mardi matin. La voilà qui accuse désormais un repli de près de 40% sur un an, et tout indique qu’il faudra un bel alignement des planètes pour qu’elle puisse repartir de l’avant.
Pour l’heure, la faiblesse des taux d’intérêt, même si la BCE a mis un terme à son « quantitative easing » le mois dernier, revêt un caractère dissuasif et de l’avis de tous les spécialistes, la hausse des taux courts dans la zone euro n’aura certainement pas lieu avant 2020, c’est-à-dire bien après le départ de Mario Draghi de la présidence de l’institution.
Le maintien du dividende a laissé les investisseurs de marbre
Par ailleurs, le comportement actuel de l’action démontre que les investisseurs sont restés totalement insensibles à l’annonce de la stabilité du dividende à 2,20€ par action au titre de 2018, d’où un rendement appréciable de 7,7%. Mais comme je l’explique dans mon livre Ce qu’on ne vous dit pas sur les marchés financiers , le coupon fait de moins en moins recette et on n’achète plus une valeur au seul motif qu’elle procure de gros dividendes.
« Il y a des prétendantes qui, faute de mieux, ont tendance à mettre en avant leurs atours – c’est-à-dire leurs coupons – dans les conjonctures difficiles. C’est d’autant plus vrai si elles ont pu jouir, par le passé, d’un certain prestige auprès des investisseurs. Je crois que c’est ce qui se passe aujourd’hui pour plusieurs grands noms de la banque ou de l’assurance », ai-je écrit dans mon ouvrage, en vous invitant plus largement « à vous méfier de toute entreprise qui s’obstine à promettre des rendements exceptionnels alors que, manifestement, sa santé financière se dégrade ».
Société Générale semble désormais de ces sociétés, même si les mauvaises nouvelles sont sans doute intégrées dans les cours, du règlement des litiges liés aux dossiers du Libor et de la Libye en passant par les développements judiciaires des violations des embargos américains…
Pour autant, les gérants commencent à se demander si le plan stratégique Transform to grow demeure d’actualité. A horizon 2020, celui-ci place le curseur sur la digitalisation de l’offre de la banque. Il consiste donc notamment en des fermetures d’agences afin de dégager 1,1 Md€ d’économies et a pour finalité une croissance de 3% par an.
Cet objectif paraît maintenant intenable étant donné l’avertissement de la semaine dernière, sans parler du fait que les revenus globaux ont reculé de 0,9% à fin septembre.
Nous en saurons sans doute davantage à l’occasion de la publication des comptes annuels le 7 février prochain. D’ici là, il faudra prendre son mal en patience, même si l’action évolue sur des ratios plus qu’attractifs avec par exemple un PER de 6 sur 2019. Sauf qu’on pouvait aussi tenir ce raisonnement quand l’action valait 35 puis 30€…
Le titre cote actuellement autour de 27/28€, mais il est difficile au regard du newsflow de vous conseiller de vous positionner sur le dossier. Avec une capitalisation de l’ordre de 22,3 Mds€, Société Générale ne figure plus aujourd’hui qu’à la 22ème place du CAC40. Tout un symbole…
Et l’on reparle du rapprochement entre Société Générale et Unicredit