C’était anticipé par 95% des opérateurs, donc pas de surprise : la Banque d’Angleterre relève son principal taux directeur d’un quart de point, à 0,75%, neuf mois après son premier tour de vis de novembre 2017, tout en maintenant son programme de rachats d’actifs (Quantitative Easing). Ces décisions ont été prises à l’unanimité par les neuf membres du comité de politique monétaire.
C’est donc un processus de « normalisation »… anormalement lent, et qui risque de le demeurer : le patron de la BoE, Mark Carney, se déclare « pas pressé de poursuivre le resserrement monétaire en raison des incertitudes entourant le Brexit ».
Londres reste accommodante (mais moins que la BCE)
Cela fait deux ans qu’il mentionne ces « incertitudes », quasiment à chaque réunion, donc ce qui intéresse le marché, ce sont les « variantes » sémantiques par rapport aux précédent communiqués.
La BoE note que les données économiques pour le Royaume-Uni ont été mitigées (notamment la consommation, jugée médiocre) mais que le taux de chômage demeure à des niveaux historiquement bas, de l’ordre de 4,2%, alors que l’inflation progresse de 2,4%.
La croissance devrait s’élever à 1,4% en 2018 et s’accélérer vers 1,8% en février 2019 : la politique monétaire demeure donc très accommodante (taux 100 points en deçà de la croissance potentielle à 12 mois et 150 points en deçà de l’inflation).
Un Brexit compliqué par la montée du protectionnisme
Mais que penser alors des taux zéro en zone euro avec une croissance bien plus soutenue (de l’ordre de +2,1%) et une inflation comparable ?
Le principal danger en 2018, sur lequel Mark Carney a bien insisté ce jeudi, c’est l’impact négatif de politiques protectionnistes (cela vise sans aucun doute Donald Trump), une façon de dédouaner un peu Theresa May qui tente de piloter un « Brexit soft »… dont la mise en œuvre débouche sur un océan d’incertitudes politiques et économiques.
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