D’abord le nom. Tranchant, direct. Qui témoigne d’une volonté d’impulser. D’accélérer.
« Booster la chaleur », vaste programme. Positionné sur un marché transnational de la rénovation énergétique évalué à 3,3 Mds€ par an, Boostheat (FR0011814938-BOOST), société nîmoise créée en 2011, se rêve en étendard des chaudières de nouvelle génération.
Des chaudières « green » et 2.0 promises à un bel avenir alors que le monde occidental est engagé dans un vaste et complexe processus de transition énergétique. Tout doit moins polluer et le chauffage, dont la contribution aux rejets mondiaux de gaz à effet de serre est considérable, ne saurait faire exception à la nouvelle antienne.
Boostheat a donc une belle carte à jouer et s’en est donné les moyens. Le groupe a en effet investi il y a deux ans un ancien site de Bosch, à Vénissieux, dans la banlieue lyonnaise (Rhône). Une gigantesque halle de quelque 7 000 mètres carrés dans laquelle il a déployé une ligne de production automatisée en novembre dernier.
A terme, 50 000 chaudières à gaz de nouvelle génération pourraient en sortir chaque année, sous réserve d’investissements limités. Pour l’heure, Boostheat comptabilise 131 commandes et en vise 200 d’ici fin décembre. A horizon trois ans, si tout se passe comme espéré, la société en commercialisera 4 500, seuil visé pour atteindre l’équilibre du résultat opérationnel courant.
Boostheat l’insatiable aspire donc à progresser à grands pas et s’est fixé des objectifs élevés. Elevés, mais pas insurmontables quand on sait que près de la moitié des chaudières utilisées sur le Vieux Continent ont déjà dépassé leur durée de vie technique et que 230 000 chaudières doivent être changées chaque année dans l’Hexagone, en Allemagne et en Suisse.
Il y a donc une place à prendre avec ses chaudières à gaz nouvelle génération qui peuvent réduire de moitié les émissions de dioxyde de carbone et diviser jusqu’à deux fois la consommation énergétique, une aubaine à la fois pour les pouvoirs publics et pour les particuliers.
Devenir un acteur incontournable de la transition énergétique
« Notre roadmap est ambitieuse et prévoit un déploiement commercial international croissant pour faire de Boostheat un acteur européen incontournable de la transition énergétique », résume Luc Jacquet, directeur général et co-fondateur de Boostheat, pour qui l’entrée en Bourse « répond à ce besoin d’augmenter significativement notre visibilité et la notoriété de la marque, attendue par les consommateurs. »
L’univers coté pour se faire connaître, par-delà les contraintes réglementaires et la pression inhérente à l’obligation de résultats auprès des investisseurs : tel est le défi que veut relever le groupe, qui espère prendre plus de 5% de parts de marché à 5 ans après son arrivée sur chacun de ses trois pays cibles, la France, l’Allemagne et la Suisse, et a donné rendez-vous à la communauté financière le 25 septembre pour lever le voile sur les modalités de son introduction en Bourse.
Rares sont les smallcaps à s’être lancées dans une telle aventure cette année. Peu de gérants, peu de volumes, une sous-performance devenue chronique par rapport au CAC40… Pour autant, Boostheat a des arguments à faire valoir et un projet séduisant pour s’illustrer sur le marché réglementé.
Un projet qui a suscité un enthousiasme certain, par-delà le fait que la société ne délivre pas encore de revenus, comme en témoigne la levée de fonds de 38,7 M€ annoncée ce mercredi – un montant qui pourrait de surcroît être porté à environ 44,6 M€, en cas d’exercice intégral de la clause d’extension, voire à plus de 51,2 M€ en cas d’exercice intégral de l’option de surallocation. Un projet qui a débuté par l’émission de 2,5 millions d’actions nouvelles et qui bénéficie du soutien financier, technique et commercial de plusieurs industriels de référence dans le secteur du gaz parmi lesquels Butagaz, Dalkia (filiale à 100% d’EDF), GRDF et plus encore Holdigaz.
Actionnaire de référence de Boostheat, dont elle est aussi un partenaire commercial de premier plan, cette société suisse basée à Vevey et que Luc Jacquet qualifie de « véritable grand frère » avait déjà souscrit à une émission d’obligations à bons de souscription d’actions (OBSA) en juin dernier. Ce mois-ci, elle a en outre émis pour 10 M€ d’obligations et dans le cadre de l’IPO… avant de renforcer encore son engagement par le biais d’un réinvestissement de l’ensemble de son engagement soit au total 18,2 M€ par compensation de créances.
Le prix d’introduction de l’action s’établira entre 14 et 17 € et la période de souscription s’étend jusqu’au 7 octobre prochain inclus pour l’Offre à Prix Ouvert (OPO), et jusqu’au 8 octobre pour le Placement Global.
En attendant, la direction, qui paraît manifestement savoir exactement où elle va, a expliqué comment les fonds récoltés seront réutilisés. Dans le détail, 60% seront dédiés au déploiement commercial à l’export, avec notamment l’ouverture prochaine de deux filiales en Belgique (Wallonie), 30% à la R&D (NDLR : sachant que Boostheat, conscient de la nécessité d’innover pour mener ses ambitions à bien, comptait déjà sept familles de brevets et marquages « CE » l’an passé) ; avec pour dessein l’enrichissement de la gamme de produits et services ; et le solde à l’extension de la capacité de production sur le site actuel de Vénissieux.
Une stratégie mûrement réfléchie, avec un panachage équilibré pour se donner les moyens de ses ambitions. C’est ce qu’on appelle un démarrage sous de bons auspices.