Beaucoup d’épargnants ou de journalistes s’interrogent depuis le début de l’année : quel intérêt peut-il y avoir à investir son épargne dans des produits obligataires dont le rendement devient de plus en plus négatif au fil des semaines ?
En effet, d’abord ce furent les emprunts allemands indexés sur l’inflation, puis les maturités courtes (3 et 6 mois), et enfin le « 1 an », le « 3 ans » et le « 4 ans » qui sont repassés en territoire négatif.
Cette semaine, c’est au tour des OAT (emprunt français donc) à « 2 ans » de rogner sur le capital des investisseurs.
A ce rythme-là, dans 6 mois, la rémunération du « 5 ans » deviendra en France proche de zéro, comme en Suisse ou au Japon.
Vous qui cherchez désespérément du rendement pour votre épargne retraite, passez votre chemin ! Les OAT, les Bunds ou même les Bonos espagnols ne sont plus pour vous : les médias financiers vous le répètent, il n’y a plus que les actions.
Mais alors : qui achète des OAT de maturité 3 mois à 24 ou 36 mois ?
Tout simplement des opérateurs qui raisonnent en centaines de millions d’euros et qui font le calcul que les banques centrales n’ont pas fini de faire grimper artificiellement le prix de dettes souveraines.
Ce n’est pas que les emprunteurs soient solvables (ils ne le sont pas), ce n’est pas que les « junk bonds » soient un placement recommandable pour le long terme… mais, pour l’heure, puisque pour gagner de l’argent, il faut jouer les idiots, et bien les gérants de fonds qui brassent des milliards se laissent porter par la marée de liquidités déversée par les banques centrales.
Si elles veulent s’amuser à charger leurs bilans de créances illiquides ou toxiques, ça les regarde : tant qu’elles promettent des plus-values toutes faites, les investisseurs ne vont pas se priver d’acheter aujourd’hui ce qui vaudra à coup sûr plus cher demain. Et cela fonctionne à merveille !
Vous gagnez péniblement 3% sur le CAC 40 cette année (et encore, vous n’êtes repassés dans le vert que depuis une semaine) alors que sur des SICAV obligataires diversifiées (zone euro), vous engrangeriez +7% sur des emprunts euros longs ; sur du « high yield » (émetteurs privés, cotés en Bourse) vous gagneriez +10%… et sur les dettes périphériques (zone euro), vous arriveriez à en tirer un bon +15% (et certains fonds offensifs taquinent les +20%).
Conclusion : prêter à des Etats (ou institutions) que l’on sait insolvables rapporte davantage que de soutenir des entreprises aux prises avec les incertitudes (turpitudes) de l’économie réelle.
Prenez les actions espagnoles (l’IBEX est à surveiller de près, je vous le rappelle), avec leurs +9% depuis le début de l’année, elles font jeu égal avec le S&P 500 ou le Nasdaq, mais moitié moins bien que les Bonos de maturité 2024 (et il y a une semaine, c’était du 60% de moins).
Bon évidemment, il s’agit d’une hausse des valorisations qui se fait la courte échelle ; c’est de la bulle à 120%… Mais cela représente une masse de plus-values latentes considérable pour les banques qui détiennent des stocks considérables de dettes souveraines considérablement gonflées à l’hélium.
A part les banques centrales, il n’y a pas d’acheteurs… Mais ce n’est pas un problème si, côté banques, on n’a pas besoin de vendre !
Alors, en valorisation instantanée (et en plus-values virtuelles), les banques décrochent le jackpot cette année : si la BCE ne déçoit pas les marchés, elles vont pouvoir en faire état dans leurs résultats trimestriels, lesquels vont avoir fière allure cet automne.
Tout cela, ce n’est que du virtuel, mais les banques pourraient bénéficier d’une vague de hausse bien réelle si le CAC 40 confirme le débordement des 4 410 points… et les vedettes du CAC 40 (Société Générale, Crédit Agricole) ou du SBF 120 (Natixis) semblent les mieux placées pour en profiter.
Si la tendance sur les taux longs se retourne (les limites de l’absurde ont été largement débordées) pour une (bonne) raison ou une autre, le secteur sera par contre aux premières loges pour subir un « effet grand huit » à la baisse.
Donc si vous avez le tempérament d’un joueur de poker, les banques, c’est le grand frisson assuré : entre euphorie et panique, oubliez l’option père de famille. Pour vous aider à cadrer les niveaux d’intervention, je vous renvoie d’ailleurs à l’analyse que Gilles Leclerc a faite du secteur bancaire il y a quelques jours à peine.
Il ne vous connaît pas… Il n’a aucun accès à vos comptes… Il n’exigera aucun frais de garde ou de courtage… Et pourtant… Il pourrait vous rapporter jusqu’à 12 fois plus que votre conseiller bancaire !
Prêt pour une rencontre qui pourrait changer votre vie ?