En cette fin de semaine, dans un climat d’attentisme persistant, c’est la livre sterling qui a fait parler d’elle cette nuit.
En effet, la devise britannique a connu une sorte de flash krach, allant jusqu’à perdre 6% face au dollar (voir rectangle noir sur le graphique) avant de se reprendre un peu ce matin.
Dans un environnement où les craintes d’un hard Brexit ont ressurgi suite aux déclarations pour le moins tranchées de la Première ministre Theresa May, on évoque ce matin une « erreur de trading », de type fat finger d’un opérateur. Voici ce qu’en dit Philippe Béchade ce matin :
A quelques heures d’intervalle, nous avons assisté à la congélation façon azote liquide de Wall Street puis à un flash krach sur la Livre Sterling (vers minuit) qui s’est effondrée en quelques secondes de 1,262/$ vers 1,179/$, soit une désintégration de 6,5% qui représente l’évaporation de plusieurs centaines de milliards de PIB britannique et de valeur des actifs boursiers et obligataires.
En quelques secondes, la France est repassée devant le Royaume-Uni en termes de PIB… Et le pire, c’est que personne ne sait vraiment ce qui en est à l’origine ! S’agit-il d’un « gros doigt », d’un bug informatique, d’une manipulation délibérée, tout est possible… et tout est vertigineux de débilité !
Sinon, les minutes de la dernière réunion de la BCE, hier, n’ont rien apporté de nouveau.
Les membres restent déterminés à poursuivre les rachats d’actifs, pour 80 Mds€ par mois, jusqu’à mars prochain : « Il était d’une importance cruciale de maintenir le degré très élevé de soutien monétaire ».
Alors que le communiqué a mis en lumière la rareté de certains titres, je commence à me demander si les fuites relayées par Bloomberg mardi soir (comme quoi un début de « tapering » serait envisagé) n’ont pas été orchestré dans le but de permettre à la BCE de ramasser du papier à bon compte… A garder en tête par rapport au secteur bancaire…
Pour le reste, au niveau de la macroéconomie, nous avons pris connaissance ce matin d’une production industrielle allemande qui a augmenté plus que prévu en août (+2,5%, sa plus forte progression depuis janvier, après une baisse de 1,5% en juillet).
Enfin, aux Etats-Unis, comme chaque premier vendredi du mois, on suivra cet après-midi les chiffres de l’emploi US de septembre. Le consensus Bloomberg table sur 172 000 créations de postes et sur une stabilité du taux de chômage à 4,9%.
Au niveau corporate,
- Arcelor-Mittal (LU0323134006) était en hausse de plus de 3% ce matin au-delà des 5,70 € alors que l’Union Européenne a mis en place des mesures anti-dumping provisoires sur certains aciers chinois.
- Deutsche Bank (DE0005140008) était relativement stable, autour des 12 €, alors que, selon Bloomberg, la première banque allemande discuterait bel et bien d’une augmentation de capital.
- Total (FR0000120271) évoluait également autour de l’équilibre ce matin, autour des 43 €. Le géant pétrolier a annoncé la cession de sa filiale de chimie de spécialité Atotech au fonds d’investissement Carlyle pour un montant de 3,2 Mds$.
- L’équipementier aéronautique Latécoère (FR0000032278) chutait de près de 5% à l’ouverture vers les 3,45 €, pénalisé par l’annonce de charges de restructurations et par une baisse des cadences de production qui auront un impact négatif sur les comptes de cette année. De mon côté, je ne vois pas le verre à moitié vide. En effet, les provisions annoncées de plus de 30 M€ sont logiques dans le cadre du programme de recentrage « Transformation 2020 » annoncé au printemps dernier. Celles-ci se révèlent même être inférieures aux attentes du courtier Gilbert Dupont. Qui plus est, au niveau de « l’opérationnel », le résultat d’exploitation s’est nettement amélioré, en hausse de plus de 90% à 24,4 M€. Alors certes, le résultat net semestriel vire au rouge (en perte de 17,5 M€) mais cela n’a rien de récurrent. En ce qui me concerne, je partage donc l’avis favorable du broker Gilbert Dupont, qui maintenait ce matin sa recommandation à l’achat en visant 5,20 €.
Du côté des changements de recommandations de broker
- On notera surtout qu’Edenred (FR0010908533) chutait de près de 5% ce matin vers les 20 € alors qu’UBS a dégradé son conseil « d’achat » à « neutre » tout en abaissant à 21,60 € son objectif de cours.
- Idem pour CNP Assurances (FR0000120222) qui baissait de près de 2% dans les premiers échanges en direction des 15 € alors que Natixis a abaissé son avis de « neutre » à « alléger ».
Le CAC 40 est toujours bloqué
Le CAC a une nouvelle fois buté hier sous la résistance descendante qui le coiffe depuis un mois (bleu + flèches rouges).
Graphiquement, la rupture des 4 440 points (rectangle rosé) dégraderait la configuration et relancerait le risque baissier vers les 4 400 points.
A la hausse, un retour au-dessus des 4 500 points permettrait d’envisager, en franchissement des 4 520 points, une poursuite de la hausse.