Après la journée des PMI (mardi) qui avait enflammé les imaginations (enfin, surtout celles de ceux dont le rôle est d’inventer chaque jour une excuse bidon pour justifier une hausse), hier était la journée du… rien du tout.
Ou de la torpeur estivale. Ou du « y’a mieux à faire que de perdre son temps devant les écrans ». Ou du « c’est la grosse canicule… mais y’a de la clim et de la bière fraiche à la brasserie d’en face ». Bref. Vous voyez l’ambiance.
Après une entame de séance illustrant le principe du lance-pierre (tirer artificiellement les cours en arrière de -0,9% vers 4 380 pour mieux les propulser au contact des résistances moyen terme, vers 4 450 pour le CAC et 3020 pour l’Euro Stoxx 50), les volumes d’échanges se sont effondrés.
Chacun se demandait ce qui avait pu occasionner une telle volatilité au cours des 90 premières minutes de cotations (- 40 points puis +70 points à Paris)… mais personne ne trouva de réponse.
La réaction logique face à ce genre de scénario abscons, c’est de solder les positions et de supprimer tous les stops en place : au moins, on est sûr ensuite de ne pas se faire détrousser par les algos comme au coin du bois.
Ne croyez pas que j’exagère. Après la séquence portes de saloon du début de la matinée de mercredi, les volumes d’échanges se sont littéralement effondrés et n’est même pas repartie avec l’ouverture des marchés US. Comme me le disait Gilles Leclerc, hier, quand nous avons discuté des marchés : « Mon feeling, c’est que depuis quelques semaines, il n’y a plus QUE des algos sur le marché. Avant, on avait quelques gestionnaires qui faisaient de la résistance (et qui étaient débordés par les algos), mais là ce n’est que du pur comportement algo. Le tout avec aucun volume et pas de liquidité. Entre nous, c’est complètement dément ».
Pas d’acheteur (il n’y en avait déjà quasiment pas la veille, malgré +0,7%) et plus un seul vendeur à partir de 11h00. Au final, 1,5 Mds€ échangés à 17h29, et à peine 2 Mds€ au fixing.
Vous concluez déjà qu’il n’y pas grand’chose à tirer d’un marché qui se transforme en boite à baffes dès que la volatilité dépasse 0,5%… Mais ce serait négliger la confirmation quotidienne d’une mainmise absolue des banques centrales par le biais de leurs chevilles ouvrières, les banques systémiques qui utilisent exactement les mêmes algos, exactement au même moment, pour obtenir exactement le même résultat.
Quel peut bien être leur intérêt lorsque les indices US alignent, comme ce mercredi, une 33ème séance caractérisée par une volatilité intraday et une clôture inférieure à 1% ? Car il s’agit bien de la plus longue série de séance sans volatilité du 21e siècle jamais observée à Wall Street. Si les programmes algorithmiques n’étaient pas de la partie, ce tunnel serait qualifié de surnaturel. Mais heureusement, la camisole algorithmique est bien serrée.
Mais la récompense des banques qui jouent le jeu des banques centrales, c’est l’écrasement de la volatilité justement. Elle était tombée à 11,5 lundi et vous pouvez parier qu’elle avait été vendue par les institutionnels au-delà de 25 au lendemain du Brexit. La valeur temps, c’est une véritable rente de situation. La vendre, c’est en théorie très risqué si le marché est aléatoire… Mais quel aléa peut-il bien y avoir, le Brexit passé, lorsqu’une banque centrale détient, comme la BoJ, pas moins de 60% des ETF actions et 25% de la capitalisation boursière ?
La volatilité est désormais si basse que la complaisance est proche de ses records absolus. L’appétit pour le risque est poussé si haut dans les tours que les opérateurs et leurs programmes de gestion du risque se voient délivrer le feu vert pour acheter la dernière catégorie d’actifs à laquelle ils ont pourtant envie de s’exposer : les banques.
Il nous semble fort probable que cette rotation sectorielle marque l’ultime étape du cycle haussier estival enclenché le 24 ou le 27 juin dernier, au lendemain du Brexit.
Wall Street nous semble également en bout de course…
Mais la peur devrait nous figer les marchés au moins jusqu’à ce vendredi et l’intervention de Janet Yellen. Tout Wall Street, tous les intervenants semblent prier depuis 6 semaines afin qu’elle parle… pour ne rien dire !