Alors que l’action de sa filiale Worldline s’adjuge 3,42% vers 15h15, signant ainsi la plus forte progression du SBF120 à la faveur d’une progression de 12,6% du bénéfice net à 57 M€, Atos accuse le coup en ce début de semaine. Le titre de la SSII lâche en effet 6,5% et est lanterne rouge de l’indice.
Il accuse désormais une baisse d’un peu plus de 5% depuis le début de l’année.
Le groupe de Thierry Breton suscite l’ire des investisseurs après ses comptes semestriels, publiés avec deux jours d’avance sur l’agenda, jugés décevants et qui éclipsent le rachat de Syntel pour 3,4 Mds$, soit 41$ par action, une somme intégralement payable en numéraire. Je reviendrai sur cette opération annoncée hier.
Atos a fait état avant séance d’une croissance de 1,5% de ses revenus en données organiques au premier semestre à 3,06 Mds€, contre une hausse de 2% anticipée par le marché. C’est le principal grief des investisseurs, étant également entendu que la croissance organique ne cesse de diminuer depuis le troisième trimestre de l’exercice clos.
La contre-performance de ce semestre est en grande partie imputable à la faiblesse de l’activité en Amérique du Nord, où le chiffre d’affaires s’est replié de 3,9% à périmètre et changes constants. Elle n’a toutefois pas empêché Atos de délivrer une marge opérationnelle de 9,1% au premier semestre (+0,2 point comparativement aux six premiers mois de 2017), ni de confirmer ses objectifs annuels. Partant, la SSII continue d’ambitionner une croissance organique comprise entre 2 et 3% ainsi qu’une marge opérationnelle située entre 10,5% et 11% du chiffre d’affaires.
Une belle opération de croissance externe, mais des ratios élevés
Quant au rachat de Syntel, s’il est occulté par cette publication, il n’en demeure pas moins l’une des plus importantes opérations de croissance externe d’Atos. Ce spécialiste des solutions digitales est présent dans les domaines du Cloud, de l’Internet des objets (IoT), des réseaux sociaux, du mobile, de l’analyse de données et de l’automatisation.
Il renforcera considérablement la branche Business & Platform Solutions d’Atos, qui sera aussi en mesure de proposer dorénavant une offre globale de services aux clients nord-américains.
« Atos et Syntel sont très complémentaires en termes de portefeuille d’offre, de base de clientèle et d’implantation géographique », a résumé Thierry Breton.
Dans une note diffusée ce matin et que je me suis procurée, Invest Securities juge pour sa part le prix payé par la SSII française raisonnable, mais rappelle que « la dynamique de croissance de la cible a été chahutée (stabilité en 2016, -4% en 2017) du fait de son exposition aux secteurs de la santé et de quelques grands clients dans le secteur financier qui ont choisi de réduire leurs investissements ».
Syntel, qui a généré 790 M€ de revenus l’an passé, pour une marge opérationnelle de l’ordre de 24%, est valorisé sur la base d’une valeur d’entreprise représentant 3,57 fois le chiffre d’affaires l’an passé, 3,49 fois celui de 2018 et 3,30 fois celui de 2019, indique également l’analyste, pour qui l’impact relutif de cette acquisition s’élève à 7,5% en première estimation avant synergies (23% après synergies de coûts).
Sur le plan boursier, j’ai refait mes calculs et Atos se paie désormais sur un PER de 18 ainsi que sur un VE/Ebit de 10. Des ratios plutôt élevés pour le secteur informatique, c’est pourquoi je plaide pour la prudence…