C’est un cas de figure suffisamment rare pour qu’on s’y attarde… et mon collègue Mathieu Lebrun a lui aussi « tiqué ».
Lanterne rouge du SBF120, le titre Faurecia (FR0000121147-EO) creuse ses pertes et se délestait de 7,33% ce vendredi à 58,64€ un peu après 15h, soit une baisse de l’ordre de 14% sur six mois.
La situation financière de l’équipementier automobile (au sein duquel le groupe PSA dispose d’une participation de l’ordre de 46%) est pourtant plus que satisfaisante et Faurecia a même relevé ce matin ses prévisions pour l’exercice en cours ! Il vise en effet un bénéfice par action de plus de 5€, contre 5€ visé auparavant, une marge opérationnelle d’au moins 7,2%, contre plus de 7% estimé initialement, ainsi qu’une progression de 8% de ses revenus, à comparer à un précédent objectif de 7%.
A priori, rien ne semble donc disposer Faurecia (qui a annoncé il y a deux semaines avoir signé un accord pour la prise de contrôle anticipée de 100% de Parrot Automotive, une autre société cotée) à terminer la semaine sur une note aussi négative. Le groupe a toutefois déploré un ralentissement de la croissance de son chiffre d’affaires entre le premier et le deuxième trimestre.
Donald Trump fait peur au secteur
Dans une note diffusée ce matin, Oddo, bien inspiré, a aussi invoqué l’ampleur de cette révision haussière, susceptible d’être jugée « trop prudente » par les investisseurs.
Mais il y a selon moi une troisième raison, qui relève de la spéculation pure et pèse sur le secteur dans sa globalité : les menaces répétées de Donald Trump d’instaurer des droits de douane sur les constructeurs automobiles européens à l’entrée du territoire américain. Des menaces diffuses, qui reviennent à intervalles réguliers depuis fin mai, mais dont on ignore toujours si elles seront suivies d’effets et, par voie de conséquence, quelles seraient leurs répercussions réelles.
Les investisseurs les ont-ils prises pour « prétexte » pour sabrer Faurecia ? Je crois pour ma part que cette surréaction est surtout liée à des niveaux de valorisation élevés…
Philippe Béchade évoquait le cas du groupe le 9 octobre dernier. A l’époque, il s’étonnait – non sans raison – du fait que le titre avait terminé 26 séances en territoire positif sur 29, dont 22 records absolus. Les temps ont bien changé pour l’équipementier automobile, d’abord parce que les arbres ne montent toujours pas jusqu’au ciel, ensuite parce que l’environnement de marché est moins favorable, avec plus de nervosité et d’incertitudes quant à la croissance mondiale et au degré d’aversion réel de Donald Trump pour l’UE.
Pour autant, je pense qu’il y a une vraie carte à jouer sur Faurecia, qui se paie actuellement sur un PER de 12 et sur un VE/Ebit de 7.
Des ratios dont nul ne pourra contester qu’ils sont très attractifs…
Trump pense que Wall Street lui doit tout, et donc peut financer sa guerre commerciale !