Dans de nombreuses activités, il est utile, voire vital, de maîtriser son prix d’approvisionnement dans le futur. Les options sont des outils idéaux pour réaliser cet objectif. Hier, je vous ai donc montré comment un agriculteur pouvait utiliser les options pour se garantir le prix de la vente de sa production, et même un revenu. C’est le premier article d’une longue série que je vais dédier aux options car je veux vous montrer comment ces produits boursiers pourront faire une énorme différence dans votre portefeuille, et dans votre stratégie.
Car contrairement aux idées reçues, non, les options ne sont pas forcément risquées !! Tout dépend de comment vous les utilisez. Vous pouvez mettre en place de stratégies hyper compliquées, spéculatives et risquées, certes, mais vous pouvez aussi vous en servir comme d’une assurance, pour obtenir une sorte de « garantie de revenu », et là, c’est absolument simplissime !
Alors continuons aujourd’hui avec un deuxième exemple de la manière dont les options sont utilisées dans la vie réelle. Nous entrerons prochainement dans le vif du sujet des stratégies boursières.
Assurez votre prix d’achat de pétrole brut
Imaginez-vous donc désormais aux commandes d’une raffinerie de pétrole (hier, vous étiez agriculteur) produisant du gasoil à partir de pétrole brut WTI (US).
Pour faire tourner votre usine, payer vos employés, assurer la maintenance des machines, etc., vous avez besoin d’un minimum de visibilité sur vos marges. Vous avez donc besoin de sécuriser d’un côté votre prix de vente du gasoil (en achetant des puts à la manière de l’agriculteur précédemment), et d’un autre votre prix d’achat de pétrole brut WTI.
Regardons d’un peu plus près comment se passe cette dernière opération : acheter des calls sur le pétrole.
Nous sommes le 10 février 2015, le baril WTI cote 51,65 $.
Les prix sont en chute libre depuis quelques mois, mais semblent rebondir un peu. Vous voudriez profiter de la baisse (en fait, un krach) récent pour sécuriser vos achats futurs à un bon prix!
Vous savez qu’en 2016, vous aurez besoin d’environ 100 000 barils et voulez commencer à vous approvisionner tout au long de 2015 pour couvrir ces besoins, sans avoir à stocker les barils de pétrole dans vos entrepôts (les barils de 2015 les remplissent déjà!). Vous décidez de sécuriser 1/5 de vos besoins de 2016, soit 20 000 barils.
Pour le pétrole WTI, un contrat d’option porte sur une quantité de 1 000 barils. Vous regardez sur le marché et voyez que le call de strike 55 $, expiration 17 novembre 2015 a une prime de 10,50 $ par baril. (Je vous renvoie à mon article d’hier pour les termes strike, expiration et prime). Un seul contrat a donc une prime totale de 10 500 $ (il faut multiplier par 1 000).
Vous en achetez 20, pour couvrir vos 20 000 barils comme prévu.
Avec cette opération, vous avez le droit d’acheter 20 000 barils de pétrole jusqu’au 17 novembre au prix de 55 $ par baril, et cela quel que soit le prix du pétrole entre temps. En incluant la prime de l’option de 10,50 $, votre prix d’approvisionnement sera de 65,50 $ (55 + 10,50) au maximum sur ces 20 000 barils.
Bien-sûr si, le 17 novembre, les prix du pétrole sont inférieurs à 55 $, vous n’exercerez pas vos options d’achat et achèterez vos barils directement sur le marché, moins cher. Dans ce cas, votre « assurance » contre une grande remontée des prix vous aura coûté le prix des primes : 20 000 X 10,50 = 210 000 $, sans rien vous rapporter.
Les options, utiles mais… accessibles?
Les options ont un lien direct avec les besoins des différents acteurs économiques et ont donc étaient standardisées et régulées sur les différentes plateformes boursières. Beaucoup de types de sous-jacents sont « optionables » :
- les paires de devises : eur/usd, usd/jpy, etc
- les matières premières agricoles : blé, soja, coton, etc
- les matières premières énergétiques : pétrole, gaz, charbon, etc
- les métaux industriels : cuivre, fer, etc
- les métaux précieux : argent, or
- les actions : L’Oréal, Apple, etc
- les indices : CAC40, SP500, etc
Il existe un moyen simple, pour nous particuliers, d’avoir accès au marché des options, en payant des commissions tout à fait raisonnables.
Nous verrons dans mes prochains articles ce qu’il faut savoir sur les options (et uniquement ce qui est nécessaire, pas de complications inutiles avec des formules et calculs) pour pouvoir les utiliser à bon escient… et notamment pour du rendement (ma spécialité).
A bientôt,
Rendement vôtre,
Gaël Deballe
Plus d’articles sur les options :
- Les options et leur utilité dans la « vie réelle » (cours Options #1)
- L’utilisation des options dans le secteur de l’énergie (cours Options #2)
- Options : ce qu’il faut savoir avant de se lancer (cours Options #3)
- Options : dans, à ou hors la monnaie ? (cours Options #4)
- Qu’est-ce qui influence la prime d’une option? (cours Options #5)
- Stratégie sur option n°1 : vendre un put pour acheter une action moins chère (cours Options #6)
- Exemple de vente de put : acheter INFINERA moins cher (cours Options #6bis)
- Stratégie sur option n°2 : quand et pourquoi acheter un « call à nu » (cours Options #7)
- Stratégie sur options n°3 : quand et pourquoi vendre un « call à nu » (cours Options #8)
- Stratégie sur options n°4 : quand et pourquoi acheter un « put à nu » (cours Options #9)
- Stratégie sur options n°5 : quand et pourquoi vendre un « put à nu » (cours Options #10)