Cher lecteur,
Voici un papier un peu différent d’ordinaire. Son auteur est une ancienne haut-placée chez Bear Stearns et Goldman Sachs.
Nomi Prins connait les rouages du « système » et vous livre un regard critique sur la situation économique actuelle. Investir dans des actions aurifères est, selon elle, un moyen efficace de protéger son portefeuille, tout en profitant de l’envolée de l’or…
Nous vous invitons à découvrir la stratégie rigoureusement efficace que cette mathématicienne de formation a développé, et qui permet de réaliser des gains très rapides sur les marchés.
Bonne lecture,
La Rédaction
Dire que nous vivons une période complètement folle est un faible mot. Le mot « surréaliste » la caractériserait bien mieux.
Les contaminations et les décès provoqués par l’épidémie de coronavirus balayent la planète, et les Etats-Unis sont à leur tour dans l’œil du cyclone Covid-19.
Partout dans le monde, les ordres de confinement se sont accumulés. Ils concernent près d’un tiers de la planète. Les individus – comme les petites, moyennes et grandes entreprises – sont saisis d’inquiétudes et pénalisés à différents degrés sur le plan économique.
Je me souviens de New York, où je me trouvais au moment du 11 septembre 2001 : la panique et l’inquiétude régnaient dans toute la ville, à l’idée que d’autres attentats puissent se produire. L’air était saturé de fumée et de débris, et du souvenir de ces vies perdues à jamais. Les hôpitaux étaient assaillis.
Toutefois, nous pouvions également nous réunir pour nous entraider. Les petites entreprises voulaient reprendre rapidement leurs activités. Actuellement, c’est tout le contraire : le concept de distanciation sociale est omniprésent.
En attendant, la volatilité de marché due aux incertitudes relatives à la trajectoire du virus et aux répercussions économiques crève le plafond. Des fluctuations journalières jouant sur des milliers de points sont devenues la nouvelle norme.
La fermeture des frontières du pays et de toutes les entreprises non essentielles ont provoqué des pertes d’emplois colossales et tari les revenus de millions de personnes. Cela signifie qu’il y a une violente contraction de liquidité, pour les gens, à tous les niveaux de la société, et dans le monde entier.
Les suppressions d’emplois dépassent de loin les chiffres enregistrés au lendemain de la crise financière de 2008, et nous rapprochent davantage des niveaux de chômage de la Grande Dépression, dans les années 1930. Globalement, le taux de chômage pourrait atteindre les 30% au deuxième trimestre, selon James Bullard, président de la Réserve fédérale de Saint Louis.
Les travailleurs licenciés par de petites entreprises et au sein de « l’économie des petits boulots » commencent à en ressentir les effets. Pour commencer, la moitié des petites entreprises, environ, disposent de moins d’un mois de trésorerie pour pouvoir tenir.
Cet argent qui cesse brutalement de rentrer pénalise tout le monde.
Aux Etats-Unis, les petites entreprises emploient près de la moitié de la main-d’œuvre du secteur privé. Elles ont contribué aux deux tiers de l’augmentation des emplois, depuis 2011. Les entreprises familiales sont le moteur de l’économie. Le secteur de la restauration, à lui seul, va perdre 7,8 millions d’emplois.
Au 23 mars, les Etats ont eu l’autorisation d’accorder des prêts dans le cadre de la catastrophe du coronavirus.
Les entreprises peuvent également demander des prêts à taux bas auprès de la SBA (« Small Business Administration » : agence américaine indépendante chargée des PME).
Mais il y a un hic : il faut trois semaines pour traiter les demandes, et une semaine supplémentaire pour obtenir le prêt, s’il est approuvé. C’est ENORMEMENT de paperasse. Ces prêts se transformeront en subventions, si les entreprises conservent l’essentiel de leur personnel.
La SBA, qui a beaucoup de retard, peut offrir des prêts à 3,75 % allant jusqu’à 2 M$ par demandeur. Certains fonds d’urgence constitués par les Etats pourraient fournir davantage de financements « relais » en attendant qu’une entreprise obtienne son prêt SBA.
Toutefois, ce mélange d’argent des Etats fédérés et d’argent fédéral est bien loin d’être à la hauteur des besoins.
Certains maires de villes américaines et gouverneurs d’Etat ont adopté des mesures de soutien financier immédiat aux personnes. Il s’agit notamment de moratoires concernant les expulsions et les remboursements des prêts immobiliers.
En conséquence, une crise des obligations municipales pourrait être imminente, dans ces Etats, dans la mesure où les recettes fiscales vont diminuer pendant un moment.
Cela signifie que le gouvernement fédéral devra intervenir.
La Fed triple ses efforts
Dans le même temps, la Fed travaille sur différents plans d’aide.
Au total, les aides américaines pourraient dépasser les 6 000 Mds$, dont 4 000 Mds$ de capacités de prêts et de mesures sans précédent prises par la Fed, et environ 2 000 Mds$ d’aides budgétaires sous différentes formes débloquées par l’Etat.
Outre l’abaissement des taux à zéro – dont une baisse d’urgence de 100 points de base – la Fed a annoncé une kyrielle d’autres initiatives, le lundi 23 mars dernier.
La bulle du crédit et de la dette massive, alimentée par les mesures des Banques centrales depuis la crise financière de 2008 est là pour nous rappeler que ce qui « enfle » peut « désenfler » encore plus vite lorsque la crise frappe.
Et pourtant la Fed a augmenté ses mesures de QE dans de vastes proportions.
Le 15 mars, outre une baisse des taux directeurs (Fed Funds) pour la deuxième fois au mois de mars, la Fed a initié de nouveaux achats de bons du Trésor à hauteur de 500 Mds$, et de titres adossés à des créances hypothécaires (prêts immobiliers) à hauteur de 200 Mds$. Au 19 mars, le bilan de la Fed dépassait les 4 500 Mds$ atteints pendant la crise financière.
Une semaine plus tard, le 23 mars, la Fed a déclaré qu’elle continuerait d’acheter des bons du trésor et des titres adossés à des créances hypothécaires « dans les quantités nécessaires pour assurer le bon fonctionnement du marché ». Cela signifie un QE illimité. Autrement dit, la Fed émet – ou crée de façon électronique – de l’argent comme si sa vie en dépendait.
Entre autres choses, la Fed va créer des mécanismes destinés aux entreprises – à hauteur de 300 Mds$ – et garantis par le Trésor américain : le PMCCF (« Primary Market Corporate Credit Facility ») pour l’émission d’obligations et les prêts aux grands employeurs, sur le marché primaire, et le SMCCF (« Secondary Market Corporate Credit Facility ») pour l’achat, sur le second marché, d’obligations d’entreprises existantes.
Pour la première fois, la Fed va acheter des obligations d’entreprises, tout comme l’a fait la Banque centrale européenne (BCE) pendant la crise financière.
De plus, la Fed dépoussière son mécanisme de prêt TALF (« Term Asset-Backed Securities Loan Facility »), ce qui va lui permettre d’acheter des « titrisations de prêts étudiants, crédit-auto, prêts sur cartes de crédit et prêts garantis par la SBA », selon un communiqué de presse de la Fed. La Fed a déclaré qu’elle pensait démarrer un Plan d’aide aux PME (« Main Street Business Lending Program »). Mais il ne s’est pas encore matérialisé.
L’intervention de la Fed arrive dans un contexte où la directrice générale du Fonds Monétaire International, Kristalina Georgieva, a déclaré que l’impact économique de la pandémie de coronavirus serait pire que celui constaté au cours de la crise financière de 2008.
Généralement, les réactions des Banques centrales, dans le monde, notamment les baisses de taux, l’augmentation du QE et la création de plusieurs mécanismes de liquidité, s’apparentent à poser une seule rustine sur une chambre à air qui se perce de toutes parts.
En outre, tout cela bénéficie une fois de plus aux banques et aux entreprises, et non directement aux gens ou aux travailleurs, ou à leurs emprunts. On ne sécurise pas l’économie sur ses principales fondations : on distille une somme colossale au sommet en espérant qu’elle s’écoulera jusqu’en bas.
Comme lors de la dernière crise de 2008, lorsque la Fed injecte de la liquidité dans le système en achetant des MBS (« mortgage-backed securities » : titres adossés à des créances hypothécaire), ce n’est pas la même chose que si elle finançait les remboursements de ces prêts immobiliers sous-jacents souscrits par des particuliers. Si elle le faisait, cela aiderait vraiment ces personnes, les banques et le marché des MBS.
C’est ce que j’ai suggéré dans mon livre intitulé It takes a Pillage et cela reste vrai.
Nomi Prins devant la Réserve fédérale à Washington (DC). La Fed travaille sur différents programmes permettant d’aider les entreprises et citoyens américains pendant la crise du coronavirus.
Nous sommes assis sur des dettes publiques et d’entreprises colossales, à cause des politiques monétaires menées depuis la dernière crise. Cela a toujours signifié que nous tomberions d’encore plus haut, quel que soit le catalyseur extérieur (dans ce cas, le coronavirus).
Cette fois, en n’adoptant aucune solution permettant d’aider les particuliers et les petites entreprises de manière bien plus considérable, nous ne faisons que préparer le terrain pour la prochaine crise. Et comme la dernière fois, lorsque la crise du coronavirus s’apaisera, ces manœuvres fabriqueront des bulles du crédit dans les secteurs des banques et des entreprises qui éclateront, à l’avenir, encore plus vite.
Passage en revue du Stimulus proposé par le gouvernement américain
Les 2 000 Mds$ du plan budgétaire élaboré par le gouvernement américain est incontestablement énorme.
Il comprend 500 Mds$ de prêts aux entreprises en difficulté, 350 Mds$ de prêts aux petites entreprises et 250 Mds$ de versements directs aux individus et aux ménages : il s’agit du plan d’aide d’urgence le plus vaste jamais réalisé.
Mais cela ne suffira pas à venir en aide aux Etats. Et selon la durée des répercussions du virus, cela ne suffira pas non plus aux particuliers ou petites entreprises, notamment en raison du décalage temporel intervenant avant que cet argent ne leur parvienne. Ce décalage signifie que l’économie mettra beaucoup plus de temps que le marché à reprendre pied.
Mais sur la seule anticipation que ce méga plan de stimulus américain allait être signé, l’indice Dow Jones Industrial Average a opéré un rally de 2 112 points – soit 11,3% – le mardi 24 mars.
Ce fut la plus forte hausse jamais enregistrée depuis 1933, à la clôture, alors qu’il dépassait à nouveau la barre des 20 000 points. Et le rally s’est poursuivi le jour suivant.
Adoptez une attitude défensive, en période de crise
La similitude de cette crise avec la crise financière de 2008 est la suivante : elle a provoqué une contraction majeure de la liquidité sur toute la chaîne, des particuliers jusqu’aux entreprises et sur des secteurs entiers.
Ce qui est différent, cette fois, c’est ce bouleversement physique intervenant carrément sur toute la chaîne, une crise de liquidité immédiate plus extrême pour davantage de gens, et la fermeture immédiate de nombreuses petites entreprises.
Les particuliers – de même que les fondations de notre économie – ont besoin d’un stimulus budgétaire bien plus important que lors de la dernière crise, pour tenir. Seuls les gouvernements nationaux sont en mesure de l’offrir, même si l’argent met du temps à parvenir à ces personnes.
Les Banques centrales sont les fournisseurs d’amphétamine privilégiés par les banques, les grandes entreprises et les marchés. Cela a toujours été le cas. Au bout du compte, ils survivent, se régénèrent et prospèrent.
Mais les effets douloureux des bénéfices et données économiques nationales concernant les 1er et 2e trimestres ne sont pas encore ressentis.
Et les services de santé n’ont pas encore subi tout le traumatisme provoqué par le coronavirus. En outre, nous nous exposons à des dégâts économiques sur le plus long terme.
Même si l’on prend le meilleur scénario, il sous-entend que les conséquences du coronavirus seront dévastatrices.
Les Banques centrales vont faire tout ce qu’elles pourront, et certaines choses vont peut-être fonctionner. Mais nous constatons déjà qu’une grande partie de ces mesures n’est pas à la hauteur de l’incertitude actuelle.
L’approche optimale, en ce moment, consiste à adopter une attitude défensive. Cela veut dire acheter des actions aurifères sur les replis, dans la mesure où nous pensons que les actifs tangibles tels que les métaux précieux vont prospérer en cette période de volatilité.
[Dans Intelligence Stratégique, le portefeuille de nos abonnés contient des actions aurifères qui vont tenir bon, préalablement à un rally des cours de l’or qui créera des opportunités d’achat dans le secteur des minières « junior » et celui des minières à forte capitalisation.]
En période de crise, les investisseurs recherchent des valeurs refuges, et celle-ci ne fera pas exception.
Prenez soin de vous en ces temps difficiles.
Bien à vous,
Nomi Prins