Tous les jours, et dès 16h00 au 0899 88 20 36* Philippe Béchade analyse pour vous les marchés, les rumeurs qui animent les salles de trading, et vous propose SA stratégie pour profiter ou contrer les mouvements boursiers.
Alors que la plupart des politologues et des économistes font l’apologie du couple franco-allemand, de son destin commun, de son rôle central dans l’Eurozone, de la convergence de leur approche des problèmes… les marchés, pour leur part, semblent estimer que l’un des deux conjoints supérieur à l’autre.
Cela saute aux yeux en comparant les performances des deux indices boursiers de référence depuis le 1er janvier 2010. Jugez par vous-même :
- +14,5% pour le DAX 30 ;
- -7,3% pour le CAC 40.
Soit un différentiel de performance abyssal de 21 à 22% depuis ma mi-novembre.
Francfort avait commencé à se détacher au printemps dernier, en pleine crise grecque. Son avance ne fait que s’accroître avec l’arrivée de la crise irlandaise… Les banques allemandes sont pourtant les plus exposées à la dette irlandaise que leurs homologues du CAC 40 — même si ces dernières ont tout à redouter d’une extension des attaques spéculatives à l’encontre de la dette portugaise puis, surtout, de la dette espagnole.
◊ Des « triple A » de seconde zone ?
Si, depuis le 5 novembre, Paris souffre mécaniquement de la rechute de 10% de l’euro. Comment justifier que le DAX 30 n’ait reperdu que 3% au moment où, dans le même intervalle, le CAC 40 dévissait de plus de 9% ?
Ces deux places n’utilisent-elles pas la même devise ? La notation « AAA » des deux pays n’est-elle pas équivalente aux yeux des trois principales agences de rating ? Où y aurait-il des « AAA » supérieurs (et/ou inférieurs) à d’autres ?
Qu’il nous soit alors permis de douter que les Etats-Unis méritent la note maximum ! Mais Wall Street ne lâche rien malgré la trentaine d’Etats de l’Union victimes du même diagnostic de faillite que la Grèce ou que l’Espagne — cette dernière ayant un « profil » très comparable à la Californie, la Floride ou le Nevada du point de vue de la bulle immobilière…
◊ Une Zone euro à deux vitesses
Tout se passe effectivement comme si la zone boursière « France » s’inscrivait dans le sillage de sa voisine ibérique. A l’image de l’IBEX, Paris s’est retrouvé en chute libre les 29 et 30 novembre — le CAC 40 a sauvé de justesse son support oblique long terme des 3 600/3 610 points. Rien de tel à Francfort.
Depuis le 25 novembre, le DAX 30 ne perd pas un pouce de terrain tandis que, dans le même laps de temps, le CAC 40 perd la bagatelle de -2,5%. Le 30 novembre, le CAC 40 a chuté de -0,75%, dans des volumes de quelque 5 milliards d’euros — traduisant ainsi une forte pression à la vente — alors que le DAX 30 reculait de -0,15% sans pic d’activité notable. Et Francfort, reste au contact de ses sommets de la mi-novembre (à 1,5% près) tandis que Paris s’en est déjà éloigné de plus de 8%.
Monter dans le vide de +15% pendant deux mois et demi pour couler à pic de -10% en en une dizaine de séances, voilà qui n’est pas très rassurant et ne témoigne guère d’une grande confiance dans le label « France ».
◊ Le facteur euro n’a pas de prise sur les performances du Dax 30
A quelques minutes de l’ouverture des marchés US mardi, à 3 595 points, le CAC 40 achevait d’effacer tous les gains engrangés depuis le 2 septembre. L’euro valait à l’époque un peu moins de 1,2850$. Il cotait pourtant un peu plus de 1,3030$ mardi soir — après avoir testé un plancher de 1,2970$ au plus bas du jour.
Avec un dollar sous les 1,30 euro, et de façon très mécanique, le CAC 40 pourrait tout aussi bien valoir 3 780 points — il avait atteint ce niveau le 14 septembre alors que l’euro n’avait même pas encore débordé les 1,29$.
Le DAX 30, en tous cas, vaut beaucoup mieux que ses scores de la mi-septembre et le facteur euro ne semble avoir aucune conséquence négative puisque le record annuel a été inscrit à l’ouverture le 29 novembre à 6 907 points — avec un euro valant à peine 1,32$.
Qu’est-ce que les valeurs allemandes ont donc de plus attirant que les valeurs françaises et même que les valeurs américaines (qui bénéficient depuis peu d’un effet devise redevenu favorable) ? Dans l’immédiat, aucune réponse ne semble pertinente. Il ne peut donc s’agir que d’anticipations. S’il s’agissait de simples hypothèses que l’on jette sur une feuille de papier ou d’une pure spéculation intellectuelle sur une dislocation de la Zone euro, les investisseurs ne parieraient pas une bière sur des idées en l’air.
◊ La France et l’Allemagne n’ont pas le même profil financier
Les 21% de différentiel de performance entre le CAC 40 et le DAX 30 nous obligent à considérer « qu’il y a du lourd » derrière un tel écart. Le montant des dividendes versés par les entreprises du CAC 40 n’a rien à envier à celui distribué par les firmes allemandes.
Oui, nous sommes bien convaincus qu’il se trame autre chose et que le débat sur la dette des PIGS masque des bouleversements plus profonds dont l’Allemagne sortirait gagnante tandis que la France affiche d’ores et déjà un profil financier plus proche de celui des pays du Sud que de ses voisins orientaux ou nordiques.
Si le CAC 40 doit rebondir dans les mêmes proportions que le DAX 30 début décembre — si Francfort rejoint par exemple les 7 000 points –, cela ne nous permet guère d’espérer voir Paris se hisser très au-dessus des 3 750 points. Le comblement du gap des 3 812 points du 22 novembre apparaît désormais très improbable.
Si en revanche le S&P 500 casse les 1 180 points, le Nasdaq les 2 500 points et le DAX 30 les 6 650 points, alors le CAC 40 dévisserait sous les 3 600 points en direction des 3 450 points puis des 3 400 points sans même pouvoir compter trouver le moindre point d’appui.
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[…] du CAC 40 en valeurs financières explique en grande partie sa contre-performance par rapport au DAX 30. De même, la tension des taux longs qui se radicalise depuis fin novembre ruine tout espoir de […]