Comme je l’avais longuement développé dans mon article du lundi précédent, le scénario d’un brutal renversement de tendance intraday (2% d’amplitude ou plus) survenant sur un sommet, ou lors de la réplique d’un sommet moyen ou long terme (en l’occurrence très long terme sur le CAC40 GR le 25 juillet) est non seulement rare mais débouche avec une probabilité proche de 100% sur un épisode correctif d’une intensité de 10%.
L’amorce d’une correction majeure, au minimum de moyen terme, reste cependant le cas le plus fréquent.
En signant une chute de 3,6%, sous les 5 360 points, le CAC40 vient ainsi de signer sa pire séance de l’année 2019, et même depuis début décembre 2018 (la séance du 6 décembre dernier se soldant par -3,3%).
Et avec une perte voisine de 4,5% sur la semaine écoulée, il s’agit également de la pire semaine boursière depuis la première d’octobre 2018, avec 250 points perdus.
L’indice phare a effacé en 4 séances tous ses gains depuis le 6 juin dernier et s’apprête probablement à retomber vers les 5 150 points.
On ne pouvait concevoir plus clair signal de rupture après 5 semaines d’une stagnation quasi surnaturelle entre 5 550 et 5 620 points.
Les investisseurs américains se délestent des actions européennes pour voler au secours de Wall Street
Il faut cependant introduire un bémol car le « sell-off » de vendredi trahit une nouvelle fois la stratégie « il faut sauver le soldat Wall Street » : les gérants américains vendent agressivement les actions européennes (après avoir liquidé le matin même les actions asiatiques) afin de récupérer suffisamment de liquidité pour colmater les brèches du Dow Jones, du Nasdaq ou du S&P500.
Et cela a une fois encore parfaitement fonctionné puisque le Dow Jones n’enregistre qu’un repli anodin de 0,37% (contre 10 fois plus, soit -3,3%, pour l’Euro Stoxx50, le S&P500 lâchant pour sa part 0,7% (une baisse qui n’a rien d’impressionnant).
Le Nasdaq cède 1,3% (il préserve in extremis les 8 000 points) et comble le « gap » des 8 009 du 28 juin. Les optimistes considèrent qu’une zone de fragilité vient d’être comblée, l’incursion vers 7 953 points n’ayant pas eu pour effet le déclenchement en cascade des seuils de vente automatisés, contrairement à la mini-panique algorithmique survenue sur le CAC40 avec la cassure des 5 490 points.
Mais le Nasdaq n’a échappé à ce scénario qu’en raison de la stratégie de colmatage décrite plus haut et qui a déjà fait ses preuves… toujours avec les mêmes victimes collatérales (equities européennes).
Si la secousse sur nos indices boursiers a été la plus commentée jeudi et vendredi, il y en a eu de bien plus spectaculaires la semaine passée, à commencer par les -8% sur le pétrole à New York (NYMEX) jeudi soir : c’est un véritable « flash krach » sans équivalent depuis le 23 novembre 2018 et le 9 février 2016.
En ce qui concerne les marchés obligataires, de nouveaux planchers annuels ont été pulvérisés à 1,845% sur les T-Bonds 2029, 2,37% sur le 2049 (emprunt de référence hypothécaire à « 30 ans ».
En Allemagne, le « 10 ans » s’est enfoncé sous les 0,50%, le « 30 ans » vient à son tour de basculer en territoire négatif: -0,005%.
Autrement dit, les marchés intègrent et valident sans ressentir le moindre vertige le scénario d’une inflation éteinte au cours des 3 prochaines décennies.
Quel contraste entre leur capacité à prédire l’avenir sur le temps long et l’inaptitude à prévoir quel sera l’impact du prochain tweet de Donald Trump au cours des 3 prochaines heures (s’en prendra-t-il cette fois à la Chine, l’Europe, l’Inde, le Mexique ou la FED ?).
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