Flou autour des modalités du Brexit, poursuite de la hausse des taux de la Fed, rejet du budget italien par la Commission européenne (la perspective d’un déficit à 2,4% l’an prochain ayant du mal à passer, surtout en comparaison des 0,8% promis par le précédent gouvernement) : les raisons de la baisse de la paire euro-dollar (EURUSD) sont nombreuses. Et avec ces sources de tension (et un spread BTP/Bund au plus haut de l’année), on retrouve la paire sur des niveaux de 1,14$.
D’un point de vue graphique, à long terme, elle reste un peu entre deux eaux, avec une paire support/résistance obliques assez clairement identifiée (visible en bleu clair + flèches de couleur sur mon graphique mensuel ci-dessous).
▶ Mario Draghi devra bien choisir ses mots…
Comme mon collègue Philippe vous en le rappelait ce matin, Mario Draghi est attendu de pied ferme tout à l’heure. Plus que sur les taux (qui n’ont aucune chance de bouger), c’est surtout la rhétorique du président de la BCE qui sera examinée. Tout l’intérêt de sa conférence de presse sera de savoir s’il va ou non prendre en compte l’accroissement des risques ces dernières semaines pour modifier en substance le timing d’arrêt du quantitative easing (QE). Or, si tel devait être le cas, la baisse de l’EURUSD pourrait se poursuivre.
Par rapport aux indices, deux options me semblent envisageables (comme toujours en Bourse, rien n’est tout blanc ou tout noir, ce serait trop simple) :
- La première hypothèse, favorable aux Bourses européennes, consiste à voir dans une tonalité plus dovish de Mario Draghi quelques mois de « rab » d’argent pas cher ;
- la seconde, baissière cette fois pour les marchés actions, serait d’interpréter son regain de prudence quant à la fin du QE comme l’aveu d’un accroissement des risques économiques devenus trop présents. On continuerait alors dans le schéma qui prévaut depuis un mois, avec une baisse de l’EURUSD corrélée à l’aversion au risque, et donc des indices en mode « risk off ».
L’équation inverse est valable en cas de hausse de la parité monétaire. D’un côté, une remontée au-delà des 1,15$ pourrait freiner nos gros exportateurs européens. De l’autre, la confirmation du calendrier de l’arrêt du QE pourrait être saluée, le marché l’assimilant à un signe de confiance de la banque centrale par-delà les risques actuels.
Alors quel scénario s’imposera cet après-midi ? En toute objectivité, l’impact éventuel sur le CAC40 est à ce stade bien difficile à évaluer.
Pour ce qui me concerne, avec la petite poussée baissière de l’EURUSD sous les 1,14$ d’hier, je viens de sécuriser une nouvelle prise de bénéfices partielle (PBP) de 11% sur nos puts EURUSD. Dans tous les cas, je suis de facto sans risque sur l’ensemble de ma position avant cette échéance. Pas si inconfortable au vu de l’environnement actuel…