6H du matin. J’essaye de recoller les morceaux d’un puzzle dont les pièces ont volé en éclat… pour dégager une vision un peu plus claire de la situation actuelle. Ou plutôt… d’essayer de détecter une ligne directrice, une stratégie que va me permettre de continuer à trader dans cette foire d’empoigne que sont devenus les marchés.
Récapitulons.
Premier coup de tonnerre : Jeudi 15 janvier
La Banque Nationale Suisse lâche sauvagement la rampe et décide, sans prévenir, de laisser filer sa monnaie face à l’euro.
Immédiatement, on enregistre de lourds dommages collatéraux chez les particuliers (voir l’article de mon collègue Eric Lewin) qui détenaient des positions sur le Forex. Mais surtout, de nombreux brokers se retrouvent en difficulté… ainsi que des (hedge) fonds et autres Banques d’investissement qui spéculaient au mortier lourd à coup de produits dérivés à levier 100 ou plus (je vous renvoie à l’article que nous avions écrit vendredi matin, à chaud, ainsi qu’à l’article de Jérôme, spécialiste du Forex))
Je vous rappelle le problème que cela pose : si certains fonds ou brokers ont bu le bouillon et se trouvent en difficulté, ils vont devoir faire face à des appels de marge et dans ce cas liquider des positions sur les marchés Futures. Dans quel segment ? Quel marché ? Impossible de la savoir pour le moment. Mais si certains sont contraints de liquider des positions lourdes, nous risquons d’avoir, d’un coup, un nouveau pic de volatilité.
Deuxième coup de tonnerre : jeudi 22 janvier, la BCE fait tapis
« 1 100 milliard de mille sabords ! », aurait dit le capitane Haddock. Il carburait au rhum. Les marchés carburent à la création illimitée de liquidités. Ils exultent car la BCE lâche finalement plus d’argent que prévu (ici et ici)
Troisième coup de tonnerre (attendu celui-ci) : dimanche 25 janvier, Syriza au pouvoir
Et ça continue avec la Grèce, ce week-end. Syriza accède au pouvoir, avec l’intention déclarée d’envoyer paitre la Troïka et de renégocier l’énorme dette de la Grèce. Montant ? Durée ? On ne connaît pas encore exactement la façon dont le parti va s’y prendre mais rappelons-nous l’époque pas si lointaine où les marchés dévissaient à la simple idée du défaut grec… Aujourd’hui, ce n’est pas une « possibilité », c’est la volonté du nouveau gouvernement. La dose d’anesthésiant
D’ailleurs au passage, il conviendrait de remercier Goldman Sachs qui si vous vous rappelez avait permis via de savants montages financiers, d’occulter la réalité de l’état des comptes du pays, et de berner les « experts » de Bruxelles afin de pouvoir adhérer à la zone Euro. Nous en vivons maintenant les conséquences.
Rajoutez à tout ceci l’Euro/dollar qui continue de plonger et les marchés US qui semblent vouloir marquer le pas (on y reviendra)… La situation en Ukraine qui continue de se détériorer à vitesse grand V… et tout ca bien ! Car évidemment, on ne parle pas des choses qui fâchent.
Alors Stop ! J’avais en cette fin de week-end encore trois neurones… deux viennent de griller en essayant de recoller les morceaux de ce puzzle.
Il m’en reste un.
Et puisque les 1 100 Mds€ sortis du chapeau de la BCE sont destinés à soutenir les marchés financiers Européens (pardon « à atteindre une cible de 2% d’inflation en zone euro ») mettons notre neurone au travail pour analyser la situation technique des marchés européens, et donc de l’Eurostoxx50.
Mi-Janvier (pastille verte), le biais technique était baissier. Nous avions un risque potentiel de cassure du support des 3000 / 3050 pts (rectangle bleu horizontal).
La BCE est montée au filet pour smatcher brutalement et a dépassé les attentes du marché : les indices ont explosé à la hausse. Sur un cours de tennis, on dirait « changement de côté, Balles neuves ». En termes de trading, on dit « OK, quel est le prochain point d’appui potentiel pour arbitrer les positions ? ».
Puisque la dynamique est haussière, on regarde quelles sont les prochaines résistances potentielles et quels peuvent être les signaux pour se positionner.
Nous avons les résistances suivantes :
– Celle du canal haussier (vert pointillé). Les prix sont à son contact (pastille rouge) et vue la magnitude de l’accélération, nous aurons un possible débordement ;
– La résistance de très long terme – le double segment rouge oblique. Elle a été touchée 6 fois (flèches rouges), mais n’a jamais été dépassée ;
– De manière moins nette, nous avons également la résistance horizontale de très long terme, autour des 3500 points (le rectangle gris horizontal.
Au niveau technique, le momentum est haussier.
Donc retenez ceci : les prix sont dans une dynamique haussière MAIS à une encablure d’un regroupement de résistances graphiques qui passent autour des 3.500 points.
En termes de stratégie de trading, que faire
L’Eurostoxx50 est à 3380 points. L’évaluation de la triple zone de résistance est à peine à 5% plus haut. Donc :
- Soit vous êtes déjà en position haussière sur le long terme et vous pouvez conserver tant que le momentum est haussier. Mais attention, le potentiel est probablement limité. Tout signal de retournement baissier de l’Unité de Temps journalière sera sans doute un très bon timing pour matérialiser des plus-values. (Si pour vous les « unités de temps », « momentum », « résistances » etc. c’est du charabia, je vous renvoie à mon cycle de 6 Webinaires, dans lequel je vous explique tout cela, afin de vous former aux bases de l’analyse technique et des stratégies de trading).
- Soit vous êtes (comme moi) « neutre » et n’avez pas parié ni dans un sens, ni dans l’autre avant l’échéance de la BCE. Dans ce cas, c’est à nouveau du « wait and see ». Il est trop tard pour prendre le train en marche… Et les niveaux actuels ne sont pas un point d’entrée pour suivre le mouvement. Encore une fois, le potentiel est trop limité et nous devrions placer un stop bien trop loin.
- Et par contre… en l’absence de tout signal baissier… pas question de shorter non plus.
Bref, ce n’est pas simple, je vous l’accorde, mais encore une fois, en trading, le meilleur conseil est parfois de ne rien faire…
Allez, courage,
Gilles