La prochaine conférence de presse de la Fed débutera demain pour s’achever jeudi, mais qu’est-ce que les marchés peuvent bien en attendre ?
Un nouvel assouplissement quantitatif ? De nouvelles munitions pour faire grimper les actions encore plus haut ?
Après avoir renoncé à toute tentative de normalisation de la politique monétaire, Donald Trump a mis la pression sur Jerome Powell, publiquement accusé d’avoir pour ainsi dire torpillé la croissance économique américaine en 2018.
Sauf que ladite croissance, supposée à l’agonie, est ressortie à 3,2% au titre du premier trimestre malgré, excusez du peu, le « shutdown », la guerre commerciale sino-américaine et bien sûr la météo… Pour la petite histoire, le consensus des économistes tablait de surcroît sur une hausse de seulement 2,5%.
A croire que quelqu’un a prévenu le président américain que la Réserve fédérale avait déjà une longueur de retard sur ce qui se fait de mieux en matière d’aventurisme économique, des experts du Fonds monétaire international ayant publié une étude visant à encourager l’établissement de taux d’intérêt encore plus négatifs.
Une dette globale trois fois supérieure au PIB mondial
En parallèle, les partisans de la « TMM » (théorie monétaire moderne) soutiennent que les gouvernements devraient injecter plus d’argent/dette et le distribuer aux agents économiques (« helicopter money ») jusqu’à ce que le plein emploi soit atteint.
Car c’est bien connu, le système manque cruellement de dette ! Précisons tout de même que selon l’Institute of International Finance, la dette mondiale s’élève à 243 000 Mds$, soit plus de trois fois le PIB mondial.
Nous supportons désormais le système financier le plus endetté de l’histoire, mais aussi celui dans lequel la prise de risque est la moins bien rétribuée… Or, une chute de la rémunération de l’épargne des moins nantis ne peut que conduire à un creusement d’inégalités sociales abyssale, tandis que prospèrent des « entreprises zombies » dont le business model s’effondrerait à la moindre remontée des taux.
Gageons que Jerome Powell prendra soin de nous assurer qu’une telle perspective peut être écartée pour les cinq ou dix ans à venir. Et de rappeler aux investisseurs que la ligne de conduite de la Fed se résume désormais au mot « patience », avec en toile de fond l’invocation de l’établissement d’un équilibre quasi-magique entre modération des prix (+1,6% en « PCE », c’est-à-dire hors alimentation et énergie) et croissance plus robuste que prévu.
Oui, une croissance deux fois plus forte qu’une inflation parfaitement anodine… Plus « Goldilocks », ça n’existe pas !
C’est en outre suffisant pour résister aux pressions en faveur d’une baisse rapide des taux, étant entendu que si la Fed les réduisait trop rapidement, nous risquerions une bulle boursière.
Nous n’en sommes qu’à l’entame de la vingtième semaine de hausse du cycle amorcé le 27 décembre dernier et il y a 52 semaines dans l’année. Il faut donc garder des munitions pour les 32 prochaines semaines…