La France s’en serait sans doute volontiers passée, mais le fait est qu’elle a grimpé vendredi sur le podium mondial de la dette (par encours). La voici désormais numéro trois mondiale derrière les Etats-Unis et le Japon (j’exclus la Chine de ce classement, l’Empire du Milieu étant en réalité numéro deux derrière l’Oncle Sam, mais les transactions internationales sur les bons du Trésor chinois sont inexistantes).
De leur côté, les Etats Unis affichent une dette fédérale de 22 147 066 670 000 $ (montant en direct : http://www.compteur.net/compteur-dette-usa/), soit 111% du PIB.
Le Japon supporte pour sa part une dette de 9 000Mds$ (arrondi à 0,05% près), soit 236% de son PIB, tandis que la France, à en croire la toute dernière estimation d’Eurostat, détrône pour la première fois l’Italie.
La dette de l’Hexagone s’élève à 2 359 000 000 Mds€ et dépasse les 100% du PIB, alors qu’elle s’établit à 136% du PIB de l’autre côté des Alpes, où elle atteint 2 355 000 000 Mds€.
La France décroche donc le titre peu enviable de championne d’Europe de la dette, avec les félicitations du jury puisque qu’on la paye désormais pour avoir l’insigne privilège de lui prêter de l’argent, le rendement de l’OAT étant de -0,007%.
Pour 1 Md€ emprunté, la France reçoit ainsi 1 000 070 000 €, mais c’est encore moins que l’Allemagne qui reçoit 1 000 310 000 € pour un emprunt identique.
Pire qu’en 2008…
Plus largement, l’encours planétaire des dettes souveraines planétaires se montait ce week-end à 75 577 250 000 000 $ et dépassait celui de l’été 2008.
Sauf qu’avec une croissance mondiale anticipée de +3,5% en 2019, un score nettement inférieur à 2008 (+4,8%, après +5,2% en 2007), le problème n’est même plus le coût de la dette, mais le remboursement du « principal » de celle-ci…
Autre sérieux motif d’inquiétude : le taux d’endettement continue de croître beaucoup plus vite que le PIB dans la plupart des pays émergents et on assiste à un véritable emballement en Chine… mais tout le monde s’en accommode puisque la moitié de la croissance planétaire en dépend.
En ce qui concerne les dettes du secteur privé, les sommets de 2008 ont également été pulvérisés, mais les économistes acquis à la théorie monétaire moderne (TMM) se montrent parfaitement sereins puisque la charge globale des intérêts est nettement inférieure au précédent « pic » d’il y a 11 ans.
En moyenne (une approche qui masque des disparités considérables), les entreprises des cinq continents qui émettent des dettes « high yield » offrent désormais des rendements inférieurs à 6% (5.95%). Dans l’eurozone, le rendement moyen du « high yield » est même tombé sous les 4%, à 3,92%, et plus de 500 Mds€ de dettes d’entreprises « fragiles » offrent une rémunération comprise entre 0 et 1%.
Ce tableau pourrait être jugé très rassurant, d’autant que la BCE s’efforce d’ancrer les anticipations d’argent gratuit au minimum jusqu’à l’automne 2020 (les présidentielles américaines).
Christine Lagarde, qui connaît probablement bien mieux les Etats-Unis que la France (devenue un astre mort du « G7 », tout comme l’Italie), devrait jouer sur du velours : Mario Draghi lui a parfaitement balisé le parcours et son homologue américain Jerome Powell, tout comme elle, n’est pas un grand argentier à la base, mais un juriste de formation.
Et comme nous ne croyons pas aux coïncidences, cela pourrait s’interpréter comme une reprise des leviers de la politique monétaire par les marchés, et les autorités politiques (surtout aux Etats Unis).
Dernier point commun de taille entre Christine Lagarde et Jerome Powell : ils ont rarement exprimé leur inquiétude face à la prolifération des dettes (un phénomène qui passerait davantage pour une solution qu’un problème) et semblent incapables de détecter une bulle d’actifs…
https://agorapub-labourseauquotidien.pf6001.wpserveur.net/france-nouveau-paradis-croissance-europe/
1 commentaire
oui,et au même moment-avec la future Chancelière Mme AKK- Allemagne augmente ses dépenses militaires
à 49 milliards.
France, c’est 36 Mds – /sans la Gendarmerie et les pensions?/
La hausse des dépenses militaires de l’Allemagne depuis 2014 est de +40%, …. avec comme
cible, le 2% du PIB: 85 Mds.
Allemagne est la seule pays en Europe qui veut attendre ce 2%. Les Etats Unis feront tout pour pousser l’Allemagne
en avant et amoindrir la France. Les événements qui marqueront les prochaines années de la France sont prévisibles.
Dans la couple franco-allemande, dans tous les domaines l’une est désormais deux fois plus grande que l’autre.
Il faudrait plutôt parler , un maître et son chien en laisse.
Le niveau de vie des allemands n’est pas encore le double de celui des francais, mais comme les tendances sont opposées
on avance de accéléré,