Allez, on se détend un peu ! Après la baisse de 2% des indices américains vendredi, il convenait de rassurer les investisseurs. La Maison Blanche ne s’est pas défilée en faisant savoir que le représentant pour les affaires commerciales des États-Unis Robert Lighthizer et le Secrétaire du Trésor Steven Mnuchin se rendront à Pékin jeudi prochain. Le vice-Premier Ministre chinois Liu He fera quant à lui le déplacement à Washington une semaine plus tard, le 3 avril.
Ces navettes transpacifiques sont devenues un feuilleton mensuel, mais ce qui est stricto sensu extraordinaire, c’est que cette saga semble toujours autant plaire à Wall Street, qui se réjouit bien plus des rebondissements que de la perspective d’un dénouement imminent.
Dommage tout de même que la nouvelle ne soit pas tombée avant la clôture des places européennes. Elle aurait en effet pu permettre au CAC40 de préserver le palier des 5 300 points et d’éviter d’enfoncer brutalement la base de son canal ascendant de moyen terme.
De l’autre côté de l’Atlantique, elle aurait également permis à Wall Street d’aligner ainsi une onzième semaine de hausse sur 12.
Au lieu de cela, les trois principaux indices américains ont fini la semaine dans le rouge – après +20 à +25% en ligne droite, une consolidation était certes plus que bienvenue – et la pérennité du rally paraît à présent compromise par le surgissement d’un « avalement baissier ».
La croissance s’essouffle en Europe
La séance de vendredi a effacé d’un coup tous les gains des six séances précédentes, ce qui pourrait signifier que les sommets de jeudi avaient valeur d’ultime « coup de reins » à l’issue d’un cycle haussier porté par les « buybacks » et totalement déconnecté des fondamentaux (ce depuis le départ).
A l’appétit immodéré pour le risque a succédé une aversion tout aussi radicale vendredi, symbolisée par un « VIX » qui a fait une embardée de 25% jusque vers 17,5 pour finalement grimper de 21% vers 16,50.
Mais pour bien mesurer à quel point le papier brûlait les doigts et mieux constater comment la liquidité s’est évaporée comme une goutte d’eau amidonnée sous un fer chaud, le Russell 2000 des valeurs moyennes a dévissé de 3,6%. Il a connu sa pire séance de l’année et même depuis début décembre 2018, ce qui témoigne d’une véritable désertion des acheteurs à la moindre « alerte récession ». Ce marché a véritablement la consistance de l’air chaud remplissant une montgolfière !
Et si le concept de récession est peut-être un peu prématuré, la pérennité de la croissance n’en demeure pas moins clairement remise en question en Europe au vu des PMI (indicateurs avancés d’activité) publiés vendredi matin.
Les marchés obligataires n’ont pas non plus fait dans la demi-mesure, le rendement des T-Bonds 2029 ayant décroché vers 2,442% en clôture vendredi, parachevant ainsi une inversion complète de la courbe des taux américains puisque le 1 mois et le 5 ans ont affiché respectivement 2,45 et 2,235% en séance.
La probabilité d’une récession d’ici 2020 confine maintenant à une quasi-certitude.