Coup de tonnerre dimanche dernier au Parliament et lundi à la City de Londres. Un sondage (le tout premier d’une longue série) donnait pour la première fois le « Oui à l’indépendance » en tête des intentions de vote des Ecossais !
Un premier sondage qui fit l’effet d’une douche écossaise (je sais, c’était facile) mais qui fut confirmé par un second de la même teneur publié ce mercredi.
Ah bah ! Il est bien temps de se réveiller : cela faisait des mois que le 60/40 initial en faveur du maintien au sein du Royaume-Uni (qui ne le sera bientôt plus, uni, quel que soit le résultat du référendum et nous verrons pourquoi) s’érodait et que les intentions de vote convergeaient vers un 50/50. La dynamique de progression du « oui » s’est accélérée ces dernières semaines grâce aux intimidations, aux menaces d’un futur apocalyptique brandi par Londres et par les médias britanniques en cas d’une éventuelle sécession de l’Ecosse.
Les citoyens écossais ont vite compris qu’il s’agissait de boniments et qu’on essayait de leur « bourrer le mou ». Pas très fair play de la part de Londres, et humiliant : personne n’aime se voir infliger une propagande destinée à impressionner une populace mal dégrossie : beaucoup d’Ecossais ont basculé de « indécis » vers celui de frondeurs… Et le « oui » a pris le dessus.
Les marchés ont peu réagi… pour l’instant
Certes, les marchés actions n’ont pas réagi de façon très spectaculaire ; il y eut un peu plus de nervosité sur le front des changes avec une chute de -2% de la livre contre le dollar. Les cambistes affirment qu’un processus d’accession à l’indépendance déstabiliserait l’ensemble du système bancaire britannique et contraindrait le reste du Royaume-Uni à fonctionner avec une union monétaire et douanière bancale.
Sans compter que le Pays de Galles, qui en a très gros sur le coeur depuis l’ère Thatcher, pourrait succomber à son tour à la tentation de l’indépendance.
L’Ulster pourrait se sentir à son tour moins anglaise qu’irlandaise… le scénario cauchemar pour la City.
Voilà donc le Royaume-Uni menacé de dislocation (de Balkanisation) après avoir porté très haut les valeurs d’indépendance insulaire vis-à-vis de l’Europe.
Je pourrais pousser le bouchon encore plus loin et évoquer, comme le font les banquiers locaux, une fuite des capitaux d’Ecosse ; rappeler que le gouverneur de la BoE, l’ex-Goldman Sachs Mark Carney, vient d’affirmer que « le maintien d’une union monétaire entre Edimbourg et Londres était ‘inconciliable’ avec une indépendance du territoire écossais ».
Mais je ne vais pas aller plus loin et faire cesser le suspens : je ne suis pas inquiet !
Quelle affirmation péremptoire et quelle inconséquence, me direz-vous !
Je ne suis pas un spécialiste de l’Ecosse ; je n’ai pas mandaté une équipe de masterminds pour faire mouliner un tas de scénarios découlant d’un vote favorable à l’indépendance, avec les risques de voir les Catalans voler de leurs propres ailes lors du référendum de novembre, ce qui ne manquerait pas de donner des idées aux Basques…
… ou aux habitants de la vallée d’Aoste (qui se prennent pour des Français), ou aux Italiens du nord du Trentin qui se prennent pour des Autrichiens, ou aux Siciliens qui se prennent pour… le nombril du monde.
Je ne sais à peu près rien de toutes ces problématiques et de leurs conséquences innombrables et pourtant je persiste à dire : je ne suis pas inquiet… parce ce que si le « oui » l’emporte, l’Ecosse revotera !
C’est comme cela que ça fonctionne depuis une quinzaine d’années. Si les gens ne votent pas dans le sens que leur prescrivent les élites, on recommence en leur posant la question de façon légèrement différente.
Et si les gens s’entêtent et refusent d’obtempérer (cf. la Constitution européenne), eh bien on passe outre et on signe des traités qui ont force de Loi entre gens de bonne compagnie, pour partie non élus, qui comprennent, eux, vraiment où se situe l’intérêt des peuples.
La modération des turbulences boursières et monétaires des derniers jours témoigne du cynisme des marchés. Ils sont déjà convaincus qu’en cas de « oui », l’Ecosse se ravisera lors du vote suivant et que l’Union Jack continuera encore longtemps de flotter au-dessus du Parlement d’Edimbourg.
Et pourtant, au soir du 18 septembre, Londres et les marchés pourrait déchanter : un « oui » ne pourrait pas plus mal tomber à la veille de la séance des 4 sorcières du vendredi 19 septembre.
Les 4 sorcières risquent de faire peur aux marchés
En effet, le vendredi 19 marquera l’achèvement du 3e trimestre 2014 pour la plupart des gérants et donc l’arrivée à échéance des contrats et le roulement des positions. Les marchés ont été repêchés et ramenés au contact de leurs sommets annuels, surtout le FTSE100, le principal baromètre de la Bourse de Londres, qui teste pour la 3e fois en 14 ans la zone des 6 850/6 900 points (la petite fenêtre dans le graphique ci-dessous vous donne le FSTE100 en données mensuelles et montre bien ce triple sommet historique).
Le dernier test qui vient d’avoir lieu (en fin de semaine dernière) est également le 4e de l’année en cours.
Nous distinguons clairement 4 magnifiques sommets : les 22 janvier, 14 février, 14 mai et 4 septembre.
Si jamais, quel que soit le résultat du référendum du 18, le FTSE100 ne baisse pas, alors aucune structure graphique baissière ne permet plus d’anticiper un seul scénario de correction.
Mais si un couac survient le 18 septembre, le 19 pourrait demeurer gravé longtemps, non seulement dans la mémoire des Ecossais mais aussi dans celle des traders londoniens : nous pourrions assister à un décrochage sous 6 770 points qui préfigurerait une rechute sur 6 650 pts puis 6 550 points.
Si le FTSE100 commence à déraper dans les prochaines heures sous les 6 750 points, vous pouvez parier que certaines mains (très bien informées) n’ont plus de doutes sur le résultat du vote écossais : vous pourrez alors tenter un short du FTSE100.